Certains des fils rouges de la musique électronique ont mariné dans le jus du Rock Choucroute, notamment celui du groupe Can et de son batteur Jaki Liebezeit au nom prétestiné (aimer le temps pour un batteur, ça peut aider), qui sera en concert avec Burnt Friedman ce soir 2 juin à 20 h à l’Auditorium du Musée d’Art Moderne Et Contemporain.

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Jaki Liebezeit a été le batteur de CAN (qu'il a nommé Communisme Anarchisme Nihilisme) de 1969 à 1989. Can est un groupe allemand de rock expérimental fondé en 1968 à Cologne (Allemagne de l'Ouest). Pionniers de la scène Krautrock, les musiciens ont toujours rejeté les influences américaines et incorporé des éléments de musique minimaliste et de world dans leurs compositions toujours très progressives.

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Can fut fondé en 1968 à Cologne Holger Czukay (basse), Irmin Schmidt (claviers), Michael Karoli (guitare), tous deux élèves de Karl-Heinz Stockhausen, le père de la musique sérielle, David Johnson (composition/flûte) et Jaki Liebezeit (batterie). Johnson, compositeur américain, flûtiste renommé et grand adepte de la musique électronique, quitte le groupe dès 1968, déçu par le changement d'orientation des autres musiciens, plus intéressés par le rock. À l'automne 1968, le groupe engage Malcolm Mooney, un sculpteur américain, très créatif mais aussi très instable et conflictuel, dans le rôle de chanteur et enregistre The Monster Show, leur premier album, dont les titres écartés seront publiés dans « Delay 1968 » en 1981. Dans « Man Named Joe » avec l'étrange voix de Mooney souligne l'atmosphère inquiétante et hypnotique de leur musique, très influencée par le garage rock, le funk et le rock psychédélique, et renforcée par la répétition des rythmiques basse/batterie.

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Malcolm Mooney fait une dépresssion nerveuse et retourne aux États-Unis sur le conseil de son psychologue, selon lequel la musique de Can était dangereuse pour son équilibre mental! Il est remplacé par un jeune chanteur japonais, Kenji "Damo" Suzuki, rencontré à Munich quelques mois auparavant. Bien qu'il ne connaissait à l'époque qu'une poignée d'accords à la guitare et qu'il improvisait la majorité de ses textes, les autres musiciens lui demandent de jouer le soir de son entrée dans le groupe. Ils enregistrent en 1971 Tago Mago, qui d’après une interview poserait avec "Mushroom" les bases du sampling d’après une interview "pour une superbe partie atmosphérique. L'environnement vfaisait partie de la composition, ce qui ôte toute ambition démesurée et tout caractère sacré à la musique" (Irmin Schmitt).

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L’album « Flow Motion » de Can est réputé décevant mais cependant, contient le morceau "I Want More", avec Jaki Liebezeit aux chœurs, penchant vers le disco, reste l'unique hit du groupe en dehors d'Allemagne, allant jusqu'à grimper à la 26ème place des charts en Angleterre.

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"All Gates Open" oscille entre Country, le Reggae de "Cherry Oh Baby" des Stones et New Wave, et le groupe Rock/Soul Dr Phibes & The wax Equations s'en inspirerait dans les années 90s pour "Burning Cross" sur "Hypnotwister".

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En 1981, on retrouve les membres de Can Holger Szukay et Liebezit avec l'ancien bassiste de PIL Jah Wobble dans le disque « Full Circle", plus dub afro ethno tribal avec le tube « How Much are They" à la Talking Heads.

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Malcolm Mooney revient dans Can en 1989 pour l'album Rite Time chanter le Psychiatrique "Below This Level" (The Patient'Song) qui laisse douter de sa guérison.

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Enfin, ces dernières années Jaki Liebezit s’est associé au musicien électronique clavièriste Burnt Friedmann pour une sorte d'ethno dub, avec qui il se produira ce soir au Musée d'Art Moderne et Contemporain.

Jean Daniel BURKHARDT