Hier soir s’ouvrait l’Ososphère (réduite cette année au quartier et étendue à toute l’année sur la saison de la Laiterie, avec un lancement ce week-end) avec une performance du Blixa Bargeld (guitariste des Bad Seeds de Nick Cave), fondateur d’Einstürzende Neubauten) et Alva Noto (plasticien sonore) alias ANBB.

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Nick Cave est un successeur de Jim Morrison (Jean-Marie Rous, « Le Lézard », meilleure biographie de Morrison d’après ses œuvres et non seulement d'après ses frasques!), mais un successeur amer, déçu, déchu.

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Pour Morrison, la Vie et même la Mort peuvent être heureuses, empreintes encore de mysticisme Peace & Love sous acide, presque d’Amour et de tendresse.

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Pour Nick Cave, Dieu est VRAIMENT MORT. Il n’y a plus RIEN. Les percussions sont des os qui craquent avec la guitare de Bargeld. Cette désillusion est plus proche de la musique depuis la New Wave et peut-être de notre monde plus dur que dans les années 60/70s.

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Quand Nick Cave joue l’émotion comme dans « In The Ghetto », la compassion, le trémolo, il n’est plus qu’un clown triste, un Elvis ultra-sirupeux et parodique pire que tous les « It’s Now Or Never » et « Love Me Tender ». Le rôle du grand consolateur universel lui va moins que le crachat, l’outrance, l’assassin, parce qu’il n’y a PLUS RIEN A CONSOLER de la perte totale du sens et du bien, si Dieu est mort, ou sadique!

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Finalement Bargeld est le chanteur, lâchant des imprécations à la « Halber Mensch » sur les bruits/breaks/plastique électronique /le laptop de Noto qui diphonise ses vocaux.

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Il porte deux mèches de cheveux longs, rasés darrière, comme un un aristo du XVIIIème guillotiné de la nuque, un hippie qui aurait rasé ses illusions avec ses cheveux.

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« One is the loneliest number » dit la seconde chanson, poétique slogan désespéré sur l’électro, la mer, la plongée sonore du Noto-lus, suivi d’un cri de mouette suraigu et douloureux de Bargeld brisant les glaces de ce palais de verre.

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Peut-être y a t il plus d’ironie, de second degré dans la démarche que je ne l’ai perçu tout d’abord dans « I have to clean out... » entre les brosses de lavage automatique.

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Peut-être Bargeld est-il, par rapport à Cave, dans un au-delà de la haine, du ressentiment, dans cette douce ironie.

Avec cette voix,il aurait pu être un chanteur d’opéra Wagnerien, un chanteur de cabaret à la Brecht en d’autres temps ou l’est encore à la mode actuelle, avec son look de dandy décadent en chemise/ cravate /veste & jean noirs.

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Nous sommes dans le temps de l’ironie, du sarcasme, après l’espoir, la catastrophe évitée , déjà dans un autre millénaire et l’ascenseur continue de descendre sans plus de sol pour l’arrêter comme dans la « Cabin Fever » de Nick Cave, au-delà même du balancement du « She Loves Me, She Loves Me Not » de « Wing Off Elies » du Blues 80ies.

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Plus douce, la musique de Noto passe comme l’eau, a une beauté abstraite, reposante, ambiente à la Brian Eno, sur laquelle bargeld place ses délires, son lyrisme particulier.

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« ELECTRICITY IS FICTION » dit-il (I), tournant le dos à une ligne bleue lumineuse sur l’écran, et un côté futuriste Kraftwerkien.

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Finalement, c’est Noto qui sample/ décompose/fait bégayer la voix de Bargeld, rajoute des samples. La rythmique rappelle « From Her To Eternity » dans “Les Ailes Du Désir” de Wenders, sans les gouttes de piano, de larmes, de sang ou de sueur de la voisine du dessus dans cette histoire funeste de la version originale de l’album.

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Bargeld peut prendre une voix blanche ou acide comme le ricanement démoniaque d’une gargouille, avec ce verre de vin sur l’ampli dans lequel il puise peut-être son inspiration.

Parfois il se fait conteur d’histoires en anglais et allemand, d’arbres et de chambre de pierre (trees & steinzimmer), de rêves angoissants, ou se fait poète lettriste dadaïste comme Johannes Theodor Baargeld auquel il emprunta son nom de scène, découvrant qu’entre « weiter » (en avant) et vorbei (passé), le mouvement et l’immobilité il n’y a qu’un cri de dément, et que quand ils se suivent très vite, cela fait « davai » (en avant chez les tsigane balkaniques).

C'est un jeu avec le langage, plus innocent et moins cruel quand on y pense que le "Little Game" de Jim Morrison qui invitait tout de même à la folie, plus proche de "Someday Soon" qui ressemble à du Velvet Underground, de l'authentique poète sur scène que Morrison aurait aimé être, mais que n'appréciait pas la maison de disques!

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Puis Bargeld désire être un mole dans la terre dans « I wish I was a mole in the ground” () , chanson américaine populaire exhumée par Bascomb Lamar lunszford en 1924.

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Dans « Katze Katze Katze », Bargeld miaule comme un chat, puis en Bis fera de son cri suraigu un sonar prolongé par Noto, mais ne dépassant pas les limites du supportable.

L’Ososphère se poursuit ce week-end avec ce soir 23 septembre avec Dub Inc, Pupa Levup et Jahcoustix sur un mode Reggae,



Vendredi 24 avec Dave Clarke (DJ Techno auteur de Red 2, l’électropop douce de DJ Chloé, la drum n bass d’ Elisa Do Brasil et l’électro baroque adoubée par Karl Lagerfeld de Something a La Mode, (COMMENTAIRES CI-DESSOUS DE CETTE SOIREE PAR MES SOINS).

et Samedi 25 avec Birdy nam Nam qui ont sorti récemment leuer second album plus dancefloor que le premier «Manual For Successful Rioting », A-Trak et le groupe Punk Dance belge The Subs en Live!

Jean Daniel BURKHARDT