Actifs depuis quelques années dans la région, le groupe Hip Hop Art District créé en 2007 sort son premier album. Il est composé du rappeur américain Elias Finberg, alias Mr E, né à Woodstock, de Rhum’One au beatbox, et d’un quartet de Jazz composé de Sam à la basse, Djo à la batterie, Serge à la trompette, Seb aux claviers et Thomas au saxophone.

L’Intro trompette et saxophone mettent dans l’ambiance Cool, font monter l’angoisse et tout explose avec Definitions, qui présente deux définitions du titre du titre et de leur musique, Ska tout d’abord puis version Hip Hop à la Jazzmatazz qu’on connaissait dèjà. Les cuivres apparaissent bien arrangés tant dans le rebond reggae que dans le Hip Hop plus urbain, et ils ont eu le courage de jouer avec eux Live pour roder la chose. Le résultat est mieux arrangé qu’Hocus Pocus, dans un style proche du leur. Rhum’One s’y dévoile déjà comme un soliste Jazz parmi les cuivres.

La transition vers « Over Again » est imperceptible, juste une variation d’intensité comme chez Miles Davis période électrique, vers la bonne trompette de Serge Haessler (avec lequel on avait pu découvrir Mr E et Rhum’One dans son groupe Zeroklub aux Pelouses Electroniques) à la Erik Truffaz dans The Dawn. Le titre commence très calme puis monte en intensité avec la colère. Il y a chez eux un dépassement de la révolte, deux aspects, comme la « Smokin’ Side » et la «Logic Side » de Smoking Suckaz With Logic, et chaque instrument trouve sa place dans l’arrangement, si bien que les fans de Jazz, de Funk ou d’Electro y trouveront AUSSI leur plaisir. Le hip Hop ne peut pas se contenter de n’être qu’une musique de révolte, mais d’amour aussi.

Rhum’One, après avoir joué lesbackings derrière Mr E comme derrière James Brown, livre un Interlude clapotant en solo, hallucinant de musicalité et d’humour.

Avec CELL s’ouvre et se referme sur nous la porte de l’enfer urbain, avec un featuring d’Electrik GAB en français, au texte poétique quoique décrivant cette oppression, mais aussi sa libération. Mr E envoie vocalement soutenu par le clavier dans un mode plus méditatif et les bons cuivres en fond sonore. Même dans le Cell, le Hell, il y a encore un Espoir dans le message, une lueur qui perce de l’extérieur. Leur Hip Hop, comme le Blues, parle du dépassement de la souffrance et fait grandir, surmonter leurs problèmes ceux qui l’écoutent.

Leurs références Hip Hop sont présentes aussi dans Back In The Day de Wu Tang Clan (), mais là aussi les cuivres donnent la saveur de Jazzmatazz à ce classique qui fera entendre différemment ce classique aux fans de Hip Hop, les ouvrira au Jazz, tout en leur rappelant leurs souvenirs de cette musique, dans un bel arrangement Jazz Funk.

Elements montre que le Hip Hop peut aussi être spirituel, presque mystique, sans cesser d’être engagé, comme dans Ombre Est Lumière d’Iam, célèbrant les éléments : La Terre, l’Air et le Feu dans un arrangement à la Truffaz patrtant en drum’n’bass/jungle à la 4 Hero sur le rhodes electro avec un intéressant décalage des cuivres.

La Jam vocale Only with The Mouth montre Rhum’One seul entouré de vocaliste, dans l’esprit a cappella des Dirty Dozen dont naquit le Hip Hop comme leur version moderne et urbaine.

Moz’art District () montre sur La Marche Turque de Mozart l’ouverture d’Art District vers d’autres musiques énumérées avec un flow express du classique au Jazz, au Rock over Beethoven, aux musiques traditionnelles, d’autres cultures, d’autres langues aussi. Mr E est certainement le rappeur le plus polyglote de la région : ayant vécu en Espagne et au Brésil, on l’a vu rapper en espagnol sur le parvis « El Fuego, El Fuego » quand une alerte incendie avait interrompu un concert du MC juif Canadien SoCalled à l’illiade, et reprendre Haïti de Caetano Veloso au Zénith for Haïti.. autant de possibles, de, directions, de Définitions futures du Hip Hop qu’Art District développera sur scène. Enfin, ils finissent en vrais Jazzmen par une version instrumentale magnifique de Back In The Day, façon aussi de passer le micro à d’autres MC pour poser leurs mots :leur flow sur ce bel arrangement, comme sur dub les jamaïcains de Kingston et d’Angleterre.

Déjà fini, une demi-heure chrono vite passée, mais variée et bien pesée, dirigée, bien arrangée, variée, en un mot, émouvante... Combien d’albums trop longs de has been bien plus expérimentés nous ont bassiné pendant plus d’une heure sans surprise?

Bref, on y retrouve les raisons qu’on a d’y aimer le Hip Hop mais pas que, le Hip Hop et d’autres musiques et c’est tant mieux.

De plus, les fées du Hip Hop les plus prestigieuses se penchent sur cet album avec les meilleures augures : ce soir, on pourra entendre pour la Release Party au Molodoï à partir de 19 h 30 DJ Premier (beatmaker historique du Hip Hop avec Gangstarr), La Fanfare en Pètard et DJ Q, puis le 12 juin, ils joueront avec Grand Master Flash également au Molodoï pour le Festival Contretemps. Nous savons, à Strasbourg, qu’ils le méritent amplement.

Jean Daniel BURKHARDT