Le groupe Abjeez est un groupe pop world Iranien domicilié à Österund (Suède) Le nom du groupe « ab-gee » signifie sœurs en persan, et c’est ce que sont les deux chanteuses Melody au chant et Safoura Safavi au chant et à la guitare, accompagnées de Johan Moberg (Guitare), Erland Hoffgard (Bass), Robin Cochrane (Batteries) et Paulo Murga (Percussion). Après leur premier album Hameh en 2006, elles ont sorti Perfectly Displaced en 2009, et donnaient hier soir dans le cadre de la Semaine Culturelle Iranienne leur premier concert en France.

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En première partie, on pouvait entendre le groupe Electrad psychédélique Fuglasker (les pingouins qui ont disparu) composé de Iannis Rabotas (basse), Julien Meyer (didgeridoo) et Cédric Fonné (sampler, platines), invitant le saxophoniste de Jazz Arsène, qui nous amena « à quelques encablures de l’Iran » avec Psyclone à la Mukhta avec un côté un peu Erik Truffaz/Ilhan Ersahin, parfois plus ambient world, quelques samples hip hop, une basse funky et même un didgeridoo à coulisse, le tout bien harmonisé et improvisé! Un groupe à suivre.

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Arrivent Abjeez, Safoura chantant et jouant de la guitare et Melody chantant en s’accompagnant de percussions en oeufs, précédées de leurs musiciens et se lancent dans Vaghti Ke, le premier titre de leur second album Perfectly Displaced, un reggae ska énergique et sautillant rythmé par la batterie et les claviers électro du percussionniste, la basse groove et la guitare ska de plus en plus rock qui met déjà les Iraniens et Iraniennes très en forme.

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Ce second album a plus d’ubiquité musicale que le premier, et que la scène indie un peu lassante du film "Les Chats Persans". Enregistré en Espagne, certains titres font penser à du flamenco gitan avec palmas et talons sur le sol, comme l’introduction de la chanson Doostetoon Daarimm dédiée au public Iranien expatrié où qu’il soit.

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On peut d’ailleurs comparer la démarche musicale du groupe à la nouvelle scène Espagnole renouvelant Flamenco et Rumba (Ojos De Brujo, etc...).

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« Parfaitement Déplacé », cet album l’est aussi dans cette ouverture aux musiques non iraniennes : salsa, bossa, reggae, ska, musique celtique, flamenco, country.

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Mais Le meilleur flamenco de cet album est Tu Me Haces Falta (Tu me manques) (Jaayeh toh khaaliyeh), chanson d’amour chantée en Espagnol et doublée en Iranien. Ce second album est aussi plus intime, plus universel, moins revendicatif que le précédent.

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La chanson suivante, « Eddea », fut importante dans la carrière d’Abjeez. Issue du premier album Hameh, ils jouèrent ce reggae rapide aux sons electros avec sirènes à New York, et le clip rapporta un prix à un festival de courts-métrages Tribeqa en 2007.

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Elles poursuivirent avec Immigrants du second album, chanson en anglais, originale entre une intro iranienne, la phrase de l’immigrant « Ils me demandent toujours d’où je suis. Je suis de chez moi ! » fusion Salsa Reggae sur la difficulté de l’exil de son foyer pour l’émigrant iranien, mais aux cuivres orientaux et les percussions orientales. En l’absence de cuivres ici, les riffs sont joués en live par les guitares.

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Introduit par un parodie de salut militaire, Demokrasi () dénonce en reggae roots à la batterie exotique l’invasion Américaine en Irak : on ne peut pas amener la Démocratie par la force des armes, elle appartient au peuple et à son évolution par des élections libres. Elles dénonçaient aussi dans ce disque le mariage arrangé dans le reggae funky Khaastegaari (http://www.youtube.com/watch?v=CCSTfFBFczU&feature=related).

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La pop parodique est aussi représentée dans le premier album et ce concert par Barab Barab aux scats amusants, parodies de R’N’B/Hip Hop sur charango andin.

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Quoique exilées, les deux Iraniennes ont réagi par leurs dernières chansons postées sur le web aux évènements récents en Iran : Biyaa, reggae appelant à la Paix enregistré avec Congoman Crew, demandent où est le vote de ceux qui n’ont pas voté pour Ahmadinejad, et affichent leur soutien à la Révolution Vetrte par un bracelet pour la chanteuse, une rose verte pour la guitariste.

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Elles finirent par un Reggae Electro scandant « Love Is my Power », sur lequel les Iraniens firent une ronde serpentant dans toute la salle. Même si l’on ne comprend pas les paroles en persan, l’énergie d’Abjeez reste communicative et irrésistible, qui tient le public éveillé avec elles dansant sur de la musique Iranienne jusqu’à Minuit.

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Le Festival se poursuit aujourd’hui avec la fête du Nouvel An Iranien (Norouz) et Fête du Feu Zoroastriste au Pavillon Joséphine , demain samedi 20 et dimanche 21 mars.

Jean Daniel BURKHARDT