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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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Chronique de Disques

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samedi, mai 26 2012

POLAROID 3 : REBIRTH OF JOY NOUVEAU 4 TITRES

Polaroïd 3 sort un clip et 4 titrees « Rebith Of Joy » : 2 chansons du premier album ONE réarrangées pour le trio (Christine Clément voix, Christophe Imbs claviers, Francesco Rees batterie) et deux nouvelles packagées dans une magnifique pochette où un volcan pourpre pleut ou tisse son magma vers les nuages d'un ciel d'aurore citronnée, peut-être eux même tissés par la terre noire dans l'ombre en un cycle éternel, inspirées par les relents d’apocalypse et l’espoir de nouvelle naissance de l’apocalypse programmée.

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La première reprise «You Must Go On » de Christine Clément, est plus inquiétante, oppressante, plus ramassées sans la basse électrique funky Rock de Vincent Posty sur la première version mais dont on commençait à se lasser un peu du gimmick quoique efficace.

Le rôle rythmique est recentré sur les basses des claviers de Christophe Imbs alternant avec une danse liquide plus aigue, des tourbillons New Wave Electro de plus en plus stridents et insectisants jusqu’au climax de la batterie et de la voix pour la au milieu des insectes crieurs jusqu’au final. Elle permet de l’entendre autrement, de mesurer le chemin parcouru et d’éprouver le nouveau son du trio.

Plus calme « The Suburbs Of a Secret », autre reprise bénéfice d’effets lointains acidulés magnifique sur la voix lui donnant un côté plus électro et contemporain, une distance et des nuances inouïes, quelque chose de mouvant et robotique sur la batterie tribale de Francesco Rees. Les seuls effets qu’on connaissait jusque là à Christine Clément étaient ses propres vocalises. Les nappes montantes de vagues wave du clavier sont magnifiques, de l’orgue presque liturgiques au bruitisme sonore de plus en plus cataclysmique!

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Christine Clément a aussi composé deux nouveaux titres : « A World Is Dead » nous fait entendre le nouveau style inédit du groupe : plus new wave et pop, avec une touche d electro, commençant d’une voix plus grave, rauque, à la Blondie puis retrouvant la petite fille de « Cachette » ou un côté Princesse à la Kate Bush ou Yasmine Vegas dans les inflexions puis poussant jusqu’au cri à la Lisa Gerhardt sur la sirène du clavier. L’accélération de la batterie de Francesco Rees est remarquable, et le clavier, l’ambiance générale fait penser à Joy Division ou aux groupes New Wave de Manchester.

« Not Here, Not There », l'autre nouveauté, vaut la peine d’avoir attendu. Après un rythme introductif rappelant un peu « You Must Go On » sur une batterie New Wave Rock entre New Order et Killing Joke, la mélodie du refrain ressemble à « Eyes Without A Face » (http://www.youtube.com/watch?v=z065qOCwuY8) de Billy Idol, avec le charme de la mélancolie féminin en plus, avec quelque chose de Folk Pop dans le début et des claviers aux sons inouïs de l’orgue au Japonisant 80ies ou Balinais, puis le talk over de Christine Clément fait penser à Front 242 en moins violent, rappelle un peu son autre groupe « To Catch A Crab ». Le refrain est une surprise mélodique par rapport à la strophe. D’un point de vue Pop New Wave, c’est peut-être la chanson la plus réussie du groupe jusque là en terme d'énergie et d'émotion mêlées, celle où l’on perçoit le plus à la fois l’ancrage pop wave et la distance prise avec lui pour un traitement plus contemporain!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, mars 21 2012

SANDRA NKAKE : NOTHING FOR GRANTED SORT AUJOURD'HUI!!!!!!!

Sandra Nkaké est une chanteuse et comédienne qui a grandi à Yaoundé et Paris. Après des collaborations avec Julien Lourau et des spectacles musicaux et théâtraux, puis la création de son groupe Push Up, elle sort son premier album Mansaadi en 2008, et aujourd’hui le second « Nothing For Granted » avec son complice Jî Drû à la flûte (à la voix et aux claviers) sur le label Jazz Village.

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On est forcément curieux d’entendre les nouvelles voies qu’ont pu prendre les voix changeantes de cette grande chanteuse Soul au sens moderne et actuel du terme.

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Dès « Always The same », on découvre la rythmique Rock Pop (Julien Tekeyan batterie, Christophe Minck basse, Matthieu Ouaki guitare) adoucie d’une touche soul et mythique des BO vintage par la trompette d’Antoine Berjeaut. Toujours la même, elle le reste, mais évolue, dépasse le Jazz tribal vers la Soul en gardant une puissance émotionnelle à la Fontella Bass dans « Everyday » de Cinematic Orchestra.

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Sandra Nkaké ne change pas, mais incarne de sa voix caméléon différents personnages fragiles ou face à des choix, comme une jeune junkie regardant sa rue dans « Same Reality », d’une voix bouleversante entre Chet Baker, Skye de Morcheeba et Jasmine Vègas ou chez nous Christine Clément sur de l’electro enfantine et propice à la rêverie qui emmène loin sur la flûte.

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Mais sa voix, si elle nous fait fondre à son état liquide dans les ballades, se ramasse aussi en animalité féline capable de rugir de toute sa rage sur des rythmiques Hip Hop Ragga Orientales comme sur « Like A Buffalo » incarnant la révolte et la lutte d’un homme refusant la fatalité des codes sociaux, se fait buffle musical de la trompette fèria mariachi d’Antoine Berjeaut.

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« Show Me The Way » alterne avec la douceur paressant à la Hindi Zahra sur un tempo latin léger de l’héroïne de sa propre BO sur une guitare desperado à la Marc Ribot. On se croirait chez Tarantino avec un côté plus séductrice et douce.

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Mais si l’on « Toc Toc Toc » à sa porte pendant son sommeil, sa fenêtre ou son toit, Sandra Nkaké sort ses griffes Hip Hop Bollywood, cantatrice entourée contre les voix de démons.

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Plus gaiement, Sandra Nkake retombe en enfance en écoutant cachée les « Conversation » des adultes en secret.

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Devenue une adulte engagée, Sandra Nkaké apporte aussi son soutien avec le Reggae Rock « Mankind » à la cause des peuples de l’humanité encore sous la férule de régimes dictatoriaux partout dans le monde en rugissante pasionaria à la Tina Turner d’une voix cassée mais puissante.

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Le titre éponyme « Nothing For Granted » la retrouve en chanteuse Soul sentimentale Glamour puis se lève en Aretha Franklin dans le final sur un bon backing Blaxploitation.

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Autre Reggae Cinématique exotique, « Rock It Better » passe du Reggae soulful Roots à la Toots & The Maytals au dub flûté entouré de chœurs gospels.

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Plus Electro puis James Bondissant, « You’d Better Dance » nous la fait imaginer Sandra Nkaké en James Bond Girl mais dans le rôle de la méchante ou vengeresse alors, à la Grace Jones, pas la soumise, si l’on en croit ses vocalises tribales vaudous de la fin, cherchant une valise pour un vol Toxic Airlines avec Brittney Spear pour hôtesse, sur une voix Trip Hop à la Massive Attack!

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Dans « Skeletone », Sandra Nkaké se dédouble ou confronte ses deux facettes : urbaine et d’une mélancolie à la morgue presque inquiétante à la ville, gaiement tribale à l’Afrique ou aux Caraïbes sur un tempo Haïtien Funky, comme si l’une était le rêve de l’autre dans un film de David Lynch.

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Enfin « No More Trouble » nous laisse planer en suspens dans l’état gazeux, vaporeux, angélique rappelant Jeff Buckley, spirituel de la voix de Sandra Nkaké à la Nina Simone dans l’intro de « Feeling Good » pour un nouveau jour entourée des seuls chœurs et d’une guitare lynchienne après l’animal et le liquide de la voix de Sandra Nkaké qui nous gratifie même d’un solo de clavinet pour la redescente sur terre.

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Avec "Nothing For Granted" Sandra Nkaké confirme qu’elle est une grande chanteuse Soul, certes, mais sait aussi évoluer avec son temps. La suite est à voir sur scène, et cet album à entendre demain soir 21 mars à 21 h dans mon émission "Jazzology" sur Radio Judaïca Strasbourg!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, janvier 17 2012

TAWFIQ OULDAMMAR JAMAÂ EL FNA

Tawfiq Ouldammar est un pianiste de Jazz né au Maroc qui découvrit cette musique dans les bases Américaines des années 70s où les Jam sessions permettaient aux novices de côtoyer des jazzmen plus expérimentés.

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Avec Jamaâ El Fna en 1999, il enregistre ses compositions, accompagné d’un quartet composé du contrebassiste Pierre Boussaguet, du saxophoniste soprano Georges Herquerl (qui a depuis fondé avec Serge Libs le duo « Global Warning ») et du percussionniste Tony Marcos.

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Comme l’écrit Pierre Boussaguet dans le livret « Chaque Pays, chaque Terre a sa Culture et donc sa Musique. Aujourd’hui, en cette fin de siècle, l’homme voyage sans même se déplacer. Tawfik Ouldammar, en bon architecte, tend un pont entre deux univers musicaux qu’il aime et respecte ».

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En effet, c’est à partir de réminiscences classiques, et Debussystes que Tawkik Ouldammar accueille l’auditeur occidental, puis le piano mer aborde peu à peu les rivages de l’Orient dans JAMA EL FNA au bruissement progressif et entêtant des percussions cymbales crotales de Tony Marcos soutenu par la basse rappelant la guembri de la musique Gnawa de Pierre Boussaguet. Cette paire rythmique équivalente au tumbao afro cubain pour ce Jazz oriental de plus en plus groovy, emprunte au Jazz la liberté harmonique et aux musiques traditionnelles la ferveur rythmique, tandis que s’envole l’oiseau libre comme le vent multicolore en charmeur et serpent à la fois du saxophone soprano de Georges Herquel rendant hommage à la célèbre Jamâ El Fna, « place des trépassés » de Marrakech où l’on trouve souks et charmeurs de serpents.

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Dans AHOUACH, c’est le saxophone soprano qui expose le thème avec une innocence harmonique confondante entre Steve Lacy et certaines musiques limpides comme le bonheur solaire de la BO d’Eric Serra pour le « 37 2° Le matin » de Jean Jacques Beinex, puis le piano, les crotales et les peaux, enfin la basse ajoutent leur transe progressive pour permettre au saxophoniste de repartir de plus belle jusqu’au soleil free Coltranien, premier à s’être intéressé aux musiques traditionnelles d’autres continents que l Américain Le voyage nous emmène entre cette immobilité maintenue du thème très simple vers lequel on revient comme vers un phare indicateur, et la liberté d’improvisation de la rythmique, où quelque chose se passe, dans ce va et vient des marées s’éloignant puis y revenant, entre les battements de l’Orient du soleil des percussions, la mer aux innombrables sourires des cymbales brillant sur les reflets du piano et entre les deux le mât rythmique imperturbable d’équilibre de la contrebasse tenant la barre.

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Dans L’ALHAMBRA, c’est la basse de Boussaguet qui se fait indienne, puis le piano livre une autre belle mélodie à la Jarrett à Köln sur le bruissement d’eaux des clochettes des percussions. L’Alhambra, c’est bien sûr celle de Grenade, vestige de l’occupation Arabo_Andalouse, mais peut-être plus encore sa réplique de Marrakech qui propose bains et terrasse.

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SOUSS est à nouveau après l’introduction piano saxo plus festif, un peu Jazz Rock quoique acoustique à la Black Market (http://www.youtube.com/watch?v=D7fOetV0ha4) de Joe Zawinul ou rappelant le Sud Africain Abdullah Ibrahim alias Dollar Brand par le rythme entêtant, tribal du piano bien enfoncé aux fond des touches et le saxophone jouant les Wayne Shorter sur les percussions de peaux à la Manolo Badrena et la basse Gnawa.

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Enfin, Tawfik Ouldammar s’offre en solitaire, avec MOSAIQUE, le plus long titre du disque sur le beau souvenir de l’Espagne Arabo Andalouse et de cette technique décorative dans la mélancolie classique, mais rappelle aussi par ses aspects turcs, ou slaves ou balkaniques Bojan Zulfikarpaziç ou l’Arménien Tigran Hamasyan en solo dans ses hésitations et montrant un sens du suspense et du mystère indéniable.

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D’un titre à l’autre c’est du Jazz, par cette générosité du joueur individuel, soliste mais qui joue avec, en fonction du collectif, partage cette musique, quelle que soit la culture ou les références des autres, cet exercice d’écoute, de respect mutuel et de prise de risque qui fait du Jazz l’un des plus beaux exercices de démocratie musicale forcément directe car instantanée, et «la seule musique assez libre pour accepter toutes les autres » venues après elle, et plus encore comme ici, quand elle s’ouvre aux Musiques Traditionnelles autres que Nord ou Sud Américaines ou Européennes où le Jazz pénétra dès les années ou assimilant celles des caraïbes du Cubop au Latin Jazz. Cette ouverture aux musiqueS du monde est certainement le défi le plus passionnant pour le Jazz, à relever en ce nouveau millénaire.

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Et puisse cet exercice de démocratie musicale qui les précédait en 1999 en prophétiser d’autres, politiques, avec les Révolutions Arabes, même si c’est forcément plus compliqué!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, décembre 13 2011

FEMI KUTI : AFRICA FOR AFRICA: CHRONIQUE DE L'ALBUM, EN CONCERT DEMAIN SOIR MERCREDI 14 DECEMBRE A LA LAITERIE

Fils du père de l’Afro-Beat Fèla Kuti, le saxophoniste et chanteur Fémi Kuti a cependant mené sa propre carrière sur le label Motown, puis depuis son premier album international « Shoki Shoki » (1998), le Live au Shrine (2004), temple de la musique de son père qu’il a remonté en 2004 pour y organiser des concerts et y acceuillir des gamins des rues, mais que les autorités fermèrent juste avant la célébration de l'anniversaire de son père, puis « Day By Day » en 2008, acclamé comme son meilleur album, et un album de Day By Day Remixes l'année passée (mes chroniques de ces deux derniers pour drum'n'bass.net sont ci-après en commentaires).

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Comme un retour aux sources, c’est à Lagos, au studio Decca (devenu celui du label Afrodisia dans les années 70s) où il avait enregistré avec son père puis son premier album qu’il a choisi d’enregistrer son dernier album "Africa For Africa", malgré l’électricité et la climatisation défectueuses et d’antiques tables de mixage, pour retrouver un son moins léché quant à la postproduction mais plus rugueux, « Agressif », qui lyui valut sa troisième nomination aux Grammy Awards!

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Dès « Dem Bobo », on retrouve le groove des guitares, de la basse et de l’orgue vintage, les cuivres, les chœurs de la tribu complice rappelant celle de Fèla et la voix de Femi dans cet Afro-anglais du Nigéria des diatribes de Fèla, et la révolte peut-être plus lucide de Fémi, sur les machinations des politiques pour arriver à leurs fins, puis un bon solo de saxophone.

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« Nobody Beg You » (Personne ne vous a demandé) rappelle, toujours sur de bons riffs de cuivres et chœurs, que personne n’a jamais demandé aux politiques d’êtres président, sénateurs ou gouverneurs, autant de confiscations du pouvoir populaire direct au nom de l’imitation des démocraties occidentales.

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En effet, comme l’explique Fémi sur un tempo plus cool et des orgues funkys dans « Politics In Africa », même les plus pauvres des pays occidentaux ont des avantages que n’ont pas ceux d’Afrique, à cause de politiciens Africains corrompus. « Bad Governement » s’interroge, sur un rythme comique mais puissant : pourquoi, avec tant de talents parmi les médecins, ingénieurs, footballeurs et athlètes africains, leurs gouvernements sont toujours aussi mauvais ? Après un scat introductif, «Can’t Buy Me » explique sur de bons cuivres un peu les raisons ces problèmes et porte en lui la solution : ne pas laisser acheter sa faveur et loyauté.

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Le titre éponyme «Africa For Africa » revendique l’abolition des frontières des pays Africains qui les divisent, et invite les Africains à la fraternité. Les politiciens qui comme Patrice Lumumba ou Thomas Samkara, ont milité pour cette Unité Africaine, ont toujours été stoppés, ce qui est peut-être de la dangereuse efficacité (pour l’Occident) d’une telle idée.

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« Make We Remember » célèbre justement avec force cuivres le souvenir des idées et paroles des forces intègres que furent Fèla, Marcus Garvey, Martin Luther King, Nkrumah, Samkara et Malcolm X en faveur de l’égalité des peuples et de l’abolition de la misère.

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« Obasanjo Don Play You Wao » mêle Africain et Anglais sur de bons cuivres et un orgue sinueux pour dénoncer une conséquence de la corruption d’une voix plus douce sur un orgue groovy puis de plus en plus forte sur les cuivres: les pouvoirs en place et l’establishment protègent leurs intérêts plus que ceux du peuple, et même pris en flagrant délit, ne sont pas condamnés, pas seulement au Nigéria, cite aussi l’Algérie.

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« Boys Dey Hungry For Town » prend l’accent de la compassion et de l’émotion bouleversante sur un Blues lent et groovy, pour décrire la pauvreté et la faim régnant sur l’Afrique, pousse ses jeunes hommes des campagne à l’exode rural vers des villes surpeuplées dans l’espoir d’une vie meilleure.

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« Now You See » est, après des orgues groovys vintage et un rythme afro irrésistible sous les cuivres, puis une bonne guitare 70ies, une dénonciation de la corruption qui règne sous couvert de démocratie en Afrique.

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Autre Blues groovy lent aux rallonges délicieuses sur la basse, les percussions ou l’orgue, « No Blame Them » relate les calomnies proférées par une certaine presse à l’encontre de Femi, mais ne les blâme pas, se contentant de les traiter de presse de caniveau.

« Yeparipa » montre, avec de beaux tuilages de chœurs sous la voix émouvante de Femi, comment la misère empêche la classe populaire Nigérienne de prendre ses responsabilités politiques (manque d’éducation scolaire, malnutrition) et l’inutilité pour elle de la « demo-crazy » sans l’aide du gouvernement, en est réduite à la solidarité issue de la souffrance.

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« E No Good » montre bien sur un tapis de cuivres, d’orgue et de percussions, le détournement des ressources naturelles réelles du pays par une minorité de profiteurs au lieu de profiter à tous en fournissant eau, électricité, logement, alors que les enfants de ces profiteurs portent de beaux vêtements, font de bonnes études et voyagent aux Etats-Unis.

Enfin, plus conciliant « I Don’t Mean » appelle sur un bon groove entraînant les plus riches à ne pas oublier les plus pauvres.

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Comme Fèla, Fémi trouve dans les arrangements plus épurés de cet album SON AFRO-BEAT, mélange heureux de Jazz et de Funk Occidentaux et de rythmes d’Afrique.

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C’est la première fois que les fans d’Afro-Beat et de Fèla Kuti pourront aimer autant un album de Fémi Kuti, s’assumant comme un digne héritier de cet musique. Avec ce que la vie et ses expériences (création d’une association d’entraide, incursions militaires au Shrine pour empêcher les célébrations anniversaires de Fèla), lui ont appris en propre, il retrouve ici les sources musicales intemporelles et la ferveur de l’Afro Beat de Fèla, et des raisons de révolte éternelles, moins démagogues, plus actuelles et concrètes, présentes et autant de rasons d’espérer en l’avenir pour l’Afrique et le Monde.

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, octobre 20 2011

LA POCHE A SONS 2010, NOUVEL ALBUM ET CONCERT SAMEDI 22 OCTOBRE A LA FRICHE DU HALL DES CHARS

Peu enclin au Jazz moderne et très improvisé, je suis pourtant fan de La Poche A Sons (http://www.myspace.com/lapocheasons) depuis près leurs débuts il y a 10 ans et un concert au Café Des Anges. Je suis donc heureux d’entendre enfin leur deuxième album, intitulé « La Poche a Sons 2010 » sur le label Great Winds, dédié au saxophoniste trop tôt disparu Philippe Leclerc qui avait été l’oreille privilégiée du premier album et les avait conseillé dans la retenue d’une prise ou l’autre.

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« Dune » d’Hugues Mayot déroule sur un tinkty boum beat broken presque hip hop de batterie (Fred Guérin) et une basse dans l’aigu (Jérôme Fohrer), puis groovy la courbe harmonieuse et lunaire de l’harmonie des souffleurs (Jean Lucas, trombone dans les basses à la Ray Anderson et Hugues Mayot saxophone et clarinette basse).

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« Osiris » du même auteur confirme des unissons plus harmonieux entre les souffleurs que sur le précédent opus « La Poche A Sons » en 2005, un côté moins chien fou, un peu du « Blue In Green » de Bill Evans pour le Kind Of Blue » de Miles Davis qui se l’appropria indûment sur une rythmique faussement martiale n’empêche pas les échappées libres pour y revenir ensuite dans une complicité constante des deux souffleurs avec un section rythmique mouvant ménageant l’effet de surprise évoquant Steve Coleman. L’inquiétante et délicieuse étrangeté demeure, mais les effets en semblent mieux maîtrisés collectivement, un peu à la Bassdrumbone.

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Comme dans Bassdrumbone, chacun écrit ici pour les autres, et ceci dès la conception. Ainsi, « La Danse Du Métal » du contrebassiste Jérôme Fohrer évoque la batterie tintinnabulante de Fred Guérin dès l’intro sur une pièce de métal circulaire industrielle dont lui-même ignore l’utilité première, martiale sur la basse groove, et le bronze des cuivres au riff mordant en slap tongue sur les anches improvisant sur le tempo de la basse tour à tour ralentissant/bruissant/accélérant de la batterie.

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Ça « avance » avec plus encore que sur « La Poche A Sons » une belle cohésion et un sens dramatique pour raconter ces histoires sans paroles. Les souffleurs passent de la clarinette basse de Louis Sclavis à des passes d’armes avec le trombone à la Strasax, puis montent vers le mordant du riff presque jusqu’au cri mais s’arrêtent sur la crête juste avant d’y parvenir sur la basse. Bref, le mélange de douceur et d’énergie qui sont les pôles du Jazz libre est mieux dosé et maîtrisé.

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Dans « Désintox » de Mayot aussi les lignes mélodiques et les voix gagnent en clarté, la basse égrène son groove et la batterie ses roulements modernes, créant un tempo original pour les harmonies des souffleurs, puis Fohrer part en Rostropovitch sur l’archet (influence classique dénotée dès le premier concert il y a dix ans) avec la batterie pour le final.

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« Kebiang » d’Hugues Mayot me rappelle la musique Indonésienne Ouest Javanaise et le « Kapaci Suling « (musiques de marionnettes) « Semarang & Banjarang » (disque Unesco « Musiques de l’Ouest de Java » dans les gongs translucides avec des unissons de cuivres à la Mulatu Astraqé laissant le champ libre à de magnifiques échappées su saxophone sur les basses du trombone. Ils ont compris et transposé l’essence et le mystère de cette musique qui est dans les ralentissements / accélérations successives et alternées de la rythmique heptatonique des gamelans (imitée d’abord d’une pince à linge par la contrebasse puis d’un morceau de métal industriel circulaire par la batterie) et de l’instrument solistes (flûtes dans l’original) pour un envoûtement circulaire hypnotique sans fin comme André Jaume dans sa « Borobodur Suite ». Puis soudain le tempo s’accélère mais les souffleurs ralentissent, changeant de rôle. Une incontestable réussite. Le Jazz ne DOIT pas rester Afro-Américain ou même Euro-centré, mais s’ouvrir aux Musiques du Monde pour les sauver de l’indifférence et continuer à les faire vivre.

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« AO » de Jean Lucas lâche les chiens fous auxquels on s’attendait tout de même après ce début plutôt calme sur la contrebasse du « Desafinado » de Stan Getz/ Charlie Byrd qui détrôna les Beatles dans les charts jusqu’à un « Boogie Stop Shuffle » Mingusien façon Rock qui se calme à la fin.

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L’intensité rythmique Rock Super-Héroïque se retrouve dans « Kobalt » (comme on dirait Kryptonite pour Superman) d’Hugues Mayot, tempérée par sa clarinette basse arpentant sur ce court paysage lunaire de pierres en fusion ou mouvement à la Denis Colin. Ce n’et en fait que la fin du titre, joué depuis quelques années sur scène, qu’on peut entendre sur le disque.

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Jérôme Fohrer signe encore « Chanson Rouge » qui au rebours du titre (pourquoi ce titre) se calme plutôt s’il n’y avaient l’intense tâtonnement rythmique de la batterie. Puis le saxophone s’engouffre dans la turbulence étouffée du trombone, descendant en rappel entre la corde Rock de la basse et la paroi de la batterie dans un bruitisme habile à la Tim Berne.

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Et l’épopée se termine en « Trou Noir » d’Hugues)sans que la chute électrique Rock ne se calme à la Jim Black Alas No Axis (Dogs Of Great Indifference), broyant tout dans un Trou Noir de pure énergie, qui est peut-être le secret de La Poche A Sons : chaque instrument semble considéré comme une force d’énergie quantique tellurique, planétaire, atomique agissant avec/contre/en cohésion avec les autres comme sur la pochette de l’autrichienne Katharina Ernst, avec une infinités de rapprochements/clinamens musicaux improvisés. Le cri ultime semble attendre d’être poussé la fin, maintenant le suspense jusqu’au bout, mais est finalement définitivement éludé par l’harmonie d’ensemble en un silence.

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La Poche a Sons fête ses dix ans et la sortie de l’album par un concert à la Friche du Hall Des Chars ce Samedi 22 Octobre à 20 h 30.

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, octobre 10 2011

WEEPERS CIRCUS: N’IMPORTE OU HORS DU MONDE

Les Weepers Circus sont un groupe de Folk Rock formé en 1997 à Strasbourg par des copains de lycée composé d’ Alexandre George (chant, guitare), Franck George (violoncelle, basse, choeurs), Eric Kaija Guerrier (guitare, choeurs) et Denis Leonhardt (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano, choeurs), rejoints en 2002 par Alexandre "Goulec" Bertrand (batterie, percussions, choeurs) et leur vidéaste Christian Houllé (claviers, choeurs, vidéo) pour le virage Rock de « Tout n’est plus si noir ». Récemment décorés de la petite Bretzel d'or par Tomi Ungerer, ils sortent aujourd’hui « N’importe Où Hors Du Monde » en Disque Livre (où ils ont demandé à des personnalités artistiques et politiques ce que leur inspirait «N’importe Où Hors Du Monde».

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Le titre « N’importe où hors du monde » s’inspire du poème « Anywhere Out Of This World » Petit Poëme en Prose de Charles Baudelaire lu par Jean Rochefort à la fin de l’album. Le Poëme en Prose de Baudelaire prend un côté futuriste accompagné des seules ondes Martenot de Christine Ott. L’interprétation de Rochefort m’a fait pleurer, même si pour moi le « N’importe Où Hors Du Monde » est pour moi plus un cri de révolte ultime de l’âme contre le monde insupportable, et que lui le joue plus comme un renoncement désespéré.

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La chanson éponyme « N’importe Où Hors Du Monde » commence avec des riffs de guitare plus Electro que Rock ou Rock puissance Electro un peu à la « Pandémonium » de Killing Joke, mais la voix folk d’Alexandre George est peut-être ce qui a le moins changé entre la clarinette rock et un soupçon de chant diphonique (Thierry Thuillier au cor repris par Christian Houllé).

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« Ailleurs » porte la signature vocale de Cali dans son dernier album « La Vie est une truite arc-en ciel qui nage dans mon cœur », plus Rock et engagé avec son visage peint en noir sur des chœurs Beatles finaux et reprend le veux thème Dylanien de la rupture nécessaire, puis fondu enchaîné sur le riff de « Dis-moi » plus Rock à la Led Zep, adressé au public et qu'ils ont failli proposer à ... Nana Mouskouri pour son virage Rock!

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« L’étreinte faite à la nuit » est un titre magnifique aux cordes plus symphoniques du Quattuor Florestan de Strasbourg sur une base Rock décrivant un univers liquide, océanique, subaquatique reflètant les étoiles avec une poèsie cosmique, où la voix à la Brel de La Mancha s’en va Quêter l’ailleurs "où personne ne part".

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« Elles s’amusent » est chantée avec Eddy La Gooyatsh dans le rôle du dandy, de Nancy comme le batteur des weepers qui est aussi le sien, plus cabaret Jazz Rock aux cuivres free de la Fanfare en pètard sur le piano Jazz à la première manière des Weepers Circus, s'amuse de l'influence des héroïnes ldu cinéma et ou l'histoire sur les rapports des hommes avec les femmes qu'ils recontrent. C’est une des chansons qui m’a marqué sur scène il y a un an, puis qui a pas mal tourné sur le web en avant-première, l'une des premièrers écrites pour cet album. Le clip officiel avec eddy la Gooyatsch vient de sortir!

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« Passer de l’ombre à la lumière » bénéficie sur des chœurs à la Beatles de la voix de Jean Claude Carrière en Commandant du vaisseau avec le Cor de Thierry Thuillier sur les cordes Jazzy symphoniques du Quatuor Florestan.

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« Regarde moi » a un côté slow baroque sensuel avec son clavecin à la Procol Harum (A Whiter Shade Of Pale » sur une guitare compressée avant des cordes et cuivres symphoniques.

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La mélodie de « La Fuite » rappelle un peu la dernière chanson « Moi C’est » (http://www.youtube.com/watch?v=tGkw1VSUlfo&ob=av2e ) de Camélia Jordana sur la base de « Bèla Luigosi’s Dead » de Bauhaus au claviers puis dans les choeurs. On pense aussi à la rage rentrée de Bertrand Cantat « à l’heure de passer la monnaie » dans « les banlieues sont en feu » avec l’idée d’apocalypses urbaines à fuir comme Sodome et Gomorrhe sans se retourner « N’importe Où Hors Du Monde ».

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Fondu enchaîné sur le speaker (en fait le bassiste) énonçant le poème le début du poème de Baudelaire en anglais ("Ce monde est un hôpital où chacun rêve de changer de lit...") puis la « Chronique de la fin d’un monde » dont le personnage semble victime en fuite, puis coupable kamikaze prêt à bombarder la terre ou engagé dans une guerre Balkanique suggérée par la musique ethnique du Grand Ensemble de La Méditerranée composée spécialement pour l'occasion, suivi de « Je nierai toujours que je n’irai jamais » lu par Jean Fauque, parolier d'Alain Bashung et qui lui est dédié.

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« Les Villes » invite à une alternative à l’apocalypse urbaine de villes devenues invivables « qui nous ont vu naître » sur le fond sonore d‘une rythmique drum’n’bass et la clarinette ethnique avec un côté « Ces Gens-là » de Brel dans la voix.

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Le texte de « Je ne suis plus un homme » de Christian Houllé parlait très concrètement à l'origine d'un homme qui a des problèmes d'érection et se perd dans l'alcool, mais il prend une dimension science fictionnelle dans ce contexte avec le côté trip hop à la « All The Things To all Men » de Cinematic Orchestra dans la rythmique et le côté symphonique sur la bonne basse à la Jannick Top. Après la fuite, on arrive sur une autre planète où l’on ne serait plus hommes et où l’on pourrait tout recommencer. Idée aussi dans le dernier Ange « Le bois travaille même le dimanche » quand le chanteur hurle « Sauve ta race, humain, QUITTE LA TERRE ! » Mais n’est-ce pas dégueulasse d’aller saloper une, puis toutes les planètes de la galaxie à long terme après la nôtre ?

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Bref, avec « N’importe Où Hors Du Monde », les Weepers Circus ont sorti leur sergeant Weeper, Concept Album elliptique et éclaté.

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Ce matin 10 octobre 2011 dans Terres Tribales à 11 h, je recevrai Christian Houllé, clavièriste et vidéaste des Weepers Circus qui viennent de sortir "N'Importe Où Hors Du Monde" en Album ET en Livre! Quant au spectacle, il est mis en scène par Juliette.

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Passés à l'échelon national, ce spectacle est en concert bientôt près de chez nous:

Le 16.10.2011 à 17h00 N'importe où hors du monde - Fête de sortie de l'album à l'Hôtel du Département - Les 67h du 67 Strasbourg (67) ; Le 22.10.2011 Rencontre et mini-concert Forum FNAC Showcase Strasbourg (67); Et surtout le 19.11.2011 20h30 Oberhausbergen (67) N'importe où hors du monde Le PréO Concert Weepers Circus

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, mai 27 2011

SONANDO : VENGO SUBIENDO, NOUVEL ALBUM ET CONCERT A L’ILLIADE

Le tout nouvel album du meilleur groupe de Salsa de la région Sonando, « Vengo Subiendo » est sorti il y a une semaine et sera présenté au public lors d’un concert gratuit à l’Illiade d’Illkirch demain samedi 28 mai à 21 h (Cours de Salsa GRATUIT à 19 h 30).

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Après un premier album « Bailando con Sonando » en 1998, ils ont sorti en dix ans « Salsa Explosion » (avec l’hilarant « Cha Cha Cha Du Glandeur » puis « Sonando El Montuno » et ce « Vengo Subiendo ».

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Sonando est un groupe fondé par le percussionniste Guido Broglé avec des musiciens de Jazz de la région intéressés par la Salsa dans le but de COMPOSER un répertoire de salsas originales pour cet orchestre : Gregory « Candela » Ott au piano et claviers, Pascalito « Papy » Beck au trombone, Franck «El Terror » Wolf au saxophone, Christian Martinez à la trompette et au bugle Roberto Ro Kuijpers aux percussions, Franck « El Rubio » Bedez à la baby bass et Javier Plaza à la voix, qu’on retrouve encore ici. On retrouve en plus le chanteur Cubain domicilié en Allemagne Osvaldo Fajardo Sierra aux textes et à la voix.

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La Salsa est une musique de danse née à New York des rythmes Sud Américains (Guaganco, Rumba, Son, Cha Cha et Boléro et Timba Cubains, Bomba Portoricaine, Cumbia Colombienne, Merenegué et Bachata Dominicains) joués par des musiciens Latinos exilés à New York dans les années 70s. Elle s’adresse donc aux danseurs, déjà évoqué dans « Par Ti Bailador » dans Sonando El Montuno, et dans ce nouveau disque par une salsa en concentré introductive d’une minute avec Rafael Paseiro à la basse électrique, « Prepàrense Bailadores » de gregory candela Ott arrangé par Guido Broglé annonçant folie, sentiment et amusement en piste!!!

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« Mi Timbal » , avec Franck El Rubio Bedez à la basse, c’est Guido Broglé , compositeur de la musique, aux timbalès (instrument de Tito Puente), batterie, shekrer, bata , cata, capana, tumbadoras et direction musicale avec l’ancien chanteur de Sonando Javier Plaza doublant Osvaldo Fajardo. Les amateurs y reconnaîtront dans les dernières notes de trompettes le riff « Chano Pozo Oyé Manteca » de «Manteca » de Chano Pozo et Dizzy Gillespie, acte de naissance du Jazz Afro-Cubain.

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Dans le tempérament latin, il y a aussi le sentimentalisme sensuel qui s’exprime dans les boléros sur tempo lent, comme « Noche De Amor » du tromboniste Pascalito Papy Beck avec Rafael Paseiro à la basse et « Tu Mirar », ballade de Grégory Ott arrangée par Pascal Beck avec d’émouvantes parties de piano de Greg Candela Ott et un bon solo de trompette de Christian Martinez.

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Osvaldo Fajardo Sierra dédie à son Cuba natal les guias (improvisations vocales de la salsa) de ce « Corazon Cubano » sur une musique de Guido Broglé où l’on reconnaîtra dans le piano le motif rythmique « La Peur » de Bernazrd Lavilliers, et où l’élève de Gregory Ott, Vincent Bidal, déjà remlarqué avec le groupe de Salsa Haguenauvien Candela, ajoute les couleurs de ses claviers électriques à la Irakere.

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Sur un tempo plus rapide, le titre éponyme de l’album « Yo Vengo Subiendo » parle de l'histoire du grou^pe où tout est venu très rapidement et profite de bons arrangements de cuivres et de chœurs Guaganco (le genre afro-cubain qui a le plus gardé la saveur africaine dans son orchestration percus/voix).

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« Que Bonito » accélère à nouveau le tempo avec un martèlement pianistique et un bon tempo de cumbia colombienne et échappée des cuivres en fanfare. Dans son précédent album, Sonando avait montré sa maîtrise des nombreux styles et rythmes de la Salsa.

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Pascalito Papy Beck signe encore « Llego La Hora » qui montre bien la cohésion dans la Salsa d’une basse funky, d’une voix et des ses guias et de chœurs hérités du guguanco sur les percussions latines et les riffs latin jazz des cuivres et plus discret, mais essentiel, le piano qui semble toujours jouer la même chose mais avec de subtiles variations. On y cite aussi « Echalé Salsita du grand sonero Ignacio Pineiro, fondateur du Septeto Nacional.

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Il n’est pas de bon album de Salsa sans Descarga (la Jam improvisée à la cubaine initiée par le contrebassiste Israël Cachao Lopez, Grégory Ott a composé une « Descarga Del Momento » avec un bon solo de saxophone de Franck Wolf rappelant Babete sur Salsa Explosiva, puis le chœur part en Guaganco Rumba finale.

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Enfin, least but not last, le Bonus Track Cha Cha Train chanté par la chanteuse Russe Vika Lukjanceva dans un style plus R’N’B avec Humberto Zaldivar (Cubanismo) aux trompettes nous entraîne irrésistiblement en boîte de nuit sur une rythmique plus moderne qui rappelle « Oyé Como Va » de Tito Puente (la version de Santana est à l’origine de l’intérêt de Guido pour les musiques latines), sur la basse disco de Lady Marmelade et le piano boogaloo d’ « I like It Like That » de Pete Rodriguez.

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SONANDO sera en concert AU GRAND COMPLET (ce qui est rare dans notre région) demain samedi soir à l’Iliade d’Illkirch à 21 h et c’est gratuit !!!

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Et Demain Jesus Is My Girl Friend & Amy Binouze seront el Live au Mudd Club!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, février 9 2011

TO CATCH A CRAB, JOE MCPHEE EN CONCERT ET OU DANSER CE WEEK-END...

Découvrez cette semaine Ce Soir Vendredi 10 février à 19 h à Pôle Sud le répertoire de l’album éponyme du duo« To Catch A Crab », sorti sur le label Luxembourgeois « Whosbrain Records ». Ce duo fut formé en 2006 par la chanteuse et bugliste Christine Clément (Polaroïd 4, Ionâh, Electrik GEM) et le batteur de Zakarya Pascal Gully autour de chansons originales aux atmosphères inquiétantes de fin du monde prêtant des qualités organiques ou animales à des instruments électro-acoustiques et aux voix des répétitions sérielles pour offrir à nos oreilles, presque à nos yeux et à nos imaginaires un univers très personnel aux paysages très contrastés.

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L’album s'ouvre sur une de leurs plus jolies chansons, « Invisible War », qui commence par une majestueuse ouverture un peu Gothique à la TILT d'accordéon modifié et de bugle, premier instrument de Christine Clément, sur le rythme complexe à la Jim Black et la cymbale charley obsèdante de Pascal Gully. Tous deux chantent, ce qui est habituel pour Christine Clément, ici en mode trip hop à la Björk ou Lamb, une première pour Gully qui fait les chœurs.

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Au son d’un fanal, d’une sirène lointaine, « Brise Glace » nous amène après cette Guerre Invisible dans un univers électro acoustique glacé et désolé aux résonances de cloches tintinnabulantes et de claviers brumeux à la Kitaro. Les voix décrivent en talk over cette obscurité vivante et liquide dont on sort peu à peu en se frayant un chemin parmi les percussions frottées à la Terje Isungset où l’on croit entendre chanter les glaces de la banquise autour du bateau et les machines rendues organiques pour créer à nos oreilles, et presque à nos yeux, une terra incognita inouïe hors des styles apaisante à contempler.

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La référence classique dans la musique de To Catch A Crab apparaît sortie de son contexte habituel. Ainsi, sur le titre éponyme « To Catch A Crab », le texte en Italien est extrait du livret de Da Ponte pour Les Noces De Figaro de Mozart, mais entourée de claviers et de percussions, au loin d’un bugle Molvaerien, la voix sérielle semble l'écho lointain d'un fantôme, hologramme rémanent de cantatrice errant en boucle sur ce paysage.

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« Liquide » est à nouveau chanté par Christine Clément comme l’héroïne de cet univers liquide de cloches coulant des stalactites et de claviers où l’on semble s’enfoncer pour la suivre dans les entrailles en harpes des cordes intérieures d’un piano contemporain. Les paysages de To Catch A Crab semblent nous inviter à contempler le futur dévasté d'apocalypses programmées.

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La violence apocalyptique n’est d'ailleurs pas absente de l’univers de To Catch A Crab, surtout dans « A New Shelter » (Un nouvel abri ) où nous invitent à les suivre les voix spoken word inquiétantes des esprits marins déchaînés ("Nous vous avons appelés") de ce tsunami qui submerge les palmiers de la plage paradisiaque de la pochette, puis les esprits protecteurs montrant le chemin de la violence des toms aux apaisantes résonances derrière de rideaux de cloches asiatiques jusqu’à la grotte Néréide où s’abriter.

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Dans « Drogenfahnder » (Officier des narcotiques), plus urbain, rythmé par le pales des drones hélicoptères ou les élytres d’ insectes sériels, le talk over reprend en espagnol et allemand les litanies vitales fatalistes (« c’est la vie » dit Christine Clément) ou protectrices (« C’est dangereux" répond en allemand Pascal Gully) s’inscrivent en nous peu à peu, syllabes lettristes entrecroisées au sens apparaissant au fur et à mesure, on suit l'officier dans sa quête, jusqu’à la sirène lointaine de l’ambulance appelée peut-être par le 12 (renseignements téléphoniques),appelés en français et allemand . L’électroacoustique se fait animale, presque vivante, et les voix humaines répétées en sont presque désincarnées, humanoïdes.

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« Three Little Wolves » semble pour le texte une comptine pour enfants pas sages, terrorisés au fond d’une forêt sonore aux rumeurs et bruissements inquiétants avec TIC TAC d’horloges ou de minuteries avant les danses des claviers à la Soft Machine et les oiseaux expirant leurs derniers souffles, les pianotant comme sur des téléphones dans des tuyaux/appeaux à la Slavis dans « La Marmite Infernale, tandis que la voix de brume de l’amour maternel jouant toujours la même note sur un piano contemporain à la Maison (Home). Le miracle de To Catch A Crab, est peut-être que chaque élément musical semble rendu à une liberté naturelle, organique, aquatique à la Edgar Frose, aux éléments premiers, s’iriser en buée, se lavisser en paysage dont on pourrait contempler la musique et imaginer la vue... et vice versa...

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Après la minuterie, le sablier d'« Always Never » cerne le temps du Crabe entre le « Toujours », éternité perpétuée et sérielle de la répétition hypnotique à la Philippe Glass roulant des graines de maracas ou d’œufs exotiques, piège de la nasse à éviter, et le « Jamais » de l’intemporalité mouvante, de la mer où échapper au "Plus Jamais" (Nevermore) du corbeau d'Edgar Poe. Le texte est là mais ne semble pouvoir nous éclairer qu'au bout de plusieurs écoutes, d’une valeur purement lettriste, mettant des mots comme des balises dans un paysage au mouvement hypnotique immobile comme la marée, en allers-retours. C’est bien évidemment un compliment, seuls les disques à l’univers riches supportent la réécoute et nous permettent encore de découvrir quelque chose sur eux-mêmes.

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« Folk » fait entendre le bugle Molvaerien de Christine Clément, à la mélodie bouleversante comme un lieder, une ballade de Jazz dont on aurait oublié les paroles, dans un contexte électroacoustique rendant vivantes les machines, percussions, outils et jouets sonores. Puis Christine Clément nous offre sur des percussions tribales son chant/cri le plus ethnique, barbare, vibrant à la manière de Sidsel Endresen dont elle ne s’était jamais tant rapprochée, devenant quand elle articule une langue inconnue indienne sur l’obligato d’une guitare verticale jouée à l’archet utilisée en sitar électro.

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« Botanic » termine le disque sur une note d’espoir plus positive : chanson au refleurisssemen, renaissance des fleurs, des plantes et de la Nature au printemps par la voix après le sommeil hibernant de l’hiver. Quand les machines auront achevé leur destruction systématique, on retrouvera une nouvelle pureté des voix réconciliées dans le chant les humanisant dans la reprise finale des rythmes de la terre.

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Ecoutez l'album de To Catch A Crab dans Jazzology sur Radio Judaïca Strasbourg avec une ... et en concert ce soir Vendredi 11 février à 19 h à Pôle Sud, avec ensuite à 20 h 30 le Trio X de Joe Mc Phee, sa formation la plus stable et la plus émouvante où il se montre un très grand saxophoniste Aylerien ou lyrique, après des débuts très Free avec "Nation Time" et un passage par les sculptures sonores électro-acoustiques avec John Snyder dans les années 70s, puis des standards très revisités de façon futuristico-rétrospective avec Raymond Boni dans les années 80s-90s.

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Plus tard, le DJ ONRA, qui vient de sortir "Long Distance" sera au Mudd Club (dont le nouveau site est ouvert) 7 rue de l’Arc En Ciel jusqu'à 1 heure, et Sir Jarvis et Martin Eble pour leur Bagwahn Disco mensuel à l’Entrepôt jusqu'à 4 heures.

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Samedi 12, vous pourrez entendre Ben G de Right On FM au Phonograph jusqu'à 1 heure, Florian Keller Party au Mudd Club,

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puis Pablo Valentino et Jayffe à l’Entrepôt pour leur soirée MY HOUSE bi-mensuelle.

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, octobre 28 2010

SAMY THIEBAUT : UPANISHAD EXPERIENCES

Après « Gaya Scienza », dans son dernier disque « Upanishasd Experiences », à sortir le 15 novembre, Samy Thièbaut allie comme peut-être aucun avant lui Poésies (de Baudelaire ou Nietzsche lues par Jacky Berroyer) et Jazz Hard Bop pur jus.

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Dès la « Troisième Mue » du Serpent de Terre , la Poésie prend place non pas DANS, mais ENTRE les improvisations, introduisant, puis terminant, délimitant, bornant, rythmant avant et après de bons échanges à la Miles/Coltrane, absente du Final. Berroyer semble émerveillé, rempli d’une horreur sacrée par ce qu’il lit, presque enfantin, poétique et très loin de son personnage filmé ou télévisuel parfois cynique.

« Upanishad » ? Où sont ces « upa » (déplacements du corps) «ni » (vers le bas) « shad » (« s’asseoir ») pour écouter un maître ? Peut-être justement dans l’écoute respectueuse de la poésie et de la musique, deux langages qui jamais ne se marchent sur les pieds sur ce disque. Peut-être aussi dans la flûte Indienne criée pygmée de Joce Menniel au large de laquelle apparaît « L’Albatros, introduction » de Baudelaire, pareil au « poète » sur la basse avant le saxophone Coltranien à la «A Love Supreme », belle ballade aux émouvants fonds sonores de cuivres. Avec son bec, c’est le saxo l’albatros que « ses ailes de géant n’empêchent plus de marcher, de marcher, de MARCHER... » chantait / hurlait l’ami Léo Ferré avec Zoo.

De Baudelaire toujours, « Puis La Nuit », reprend « A Une Passante », plus urbain d’abord, puis ballade Cool Bop détaillant entre les strophes la rencontre ratée. La solitude poétique se mêle à celle à laquelle on associe souvent le Jazz mais qui finalement se sont assez rarement rencontrés sous de si bons augures... « Un éclair...Puis La Nuit » prend l’interlude à la césure, jusqu’à la fin des deux, en « Final ». Sur ce titre, Jazz et Poésie se mêlent admirablement.

Dans «Danse D’astres » tournoient de concert vents de la recherche philosophique et cuivres émouvants à la Naïma de Coltrane. Comme la composition/improvisation, le philosophe finalement cherche jusqu’à trouver, ou trouve de ne plus chercher, et les musiciens s’y cherchent seuls ou l’un l’autre jusqu’à se trouver mutuellement, à devenir ensemble ce qu’ils sont individuellement, pour parler comme Nietzshe jusqu’au silence... Et si Jazz et Poésie disaient ou traduisaient plus abstraitement les mêmes émotions humaines jusqu’au silence d’une fausse fin qui redémarre et lentement s’élève, se déploie au final, ménageant la surprise comme le texte? Tiens, on dirait les « Fables Of Faubus » de Charles Mingus, instrumental au texte censuré contre le gouverneur d’Arkansas...

«Mes Roses» parle de bonheur à cueillir comme les roses, parce que la Poésie le peut aussi, sur une flûte à s’en lécher les doigts et se piquer à sa perfidie, avec une hoquet d’ironie de Berroyer. Puis le thème se déploie à la Gil Evans pour Miles dans « sketches Of Spain » avec des éclats furtifs, surprenants du grand ensemble où soudain décolle le saxophone, en une course poursuite, une chase Coltranienne avec l’orchestre, sur la batterie jusqu’au solo qui en fait le sol, comme les tambours la terre rouge de l’Afrique, puis reprend le groove plus calme sous le saxophone et l’orchestre plus apaisés dans le final.

« Colombe, Serpent et Cochon », bestiaire enfantin mais pas si innocent dans sa symbolique du poète philosophe, assumant la pureté et son refus, jusque dans la cruauté. Comme le Jazz, là encore, dont Alain Gerber a dit qu’il serait toujours une musique trop savante pour être traditionnelle, trop sauvage pour n’être QUE savante et devenir classique, même si l’arrangement profite des avancées de la musique contemporaines défrichées par les frères Belmondo pour le Jazz.Et la flûte classique de siffler/crier comme un oiseau Dolphyen accompagnant les vrais.

« Untitled 02 » laisse swinguer le grand ensemble à fond pour le final.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, octobre 15 2010

CHRONIQUE DE GIOVANNI MIRABASSI TRIO: LIVE @THE BLUE NOTE TOKYO

Ma Chronique sur le dernier disque de Giovanni Mirabassi Trio (avec Gianluca Renzi à la contrebasse et Léon Parker à la batterie) est à la une de "Percussions.org"

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GIOVANNI MIRABASSI TRIO LIVE @ THE BLUE NOTE, TOKYO

On connaît bien le pianiste Giovanni Mirabassi dans le monde du Jazz, et depuis trois albums on a encore plus de raisons de l’aimer, puisqu’outre le contrebassiste chantant Gianluca Renzi, c’est son trio qu’a choisi le plus grand batteur de Jazz des années 90s, Léon Parker, pour revenir au Jazz après quelques années d’ateliers body percussion. Après « Terra Furiosa » en 2008 et « Out Of Track » en 2009, ils sortent un Live @ The Blue Note, Tokyo en 2010.

Dès le premier titre « NY 1 », c'est toujours un plaisir de réentendre/redécouvrir l'originalité des cymbales de Léon Parker et la folie qui court sur les touches de Giovanni Mirabassi, puis sur "It's us", le tinkty boum qui part en 4/4 de Léon Parker.

Mirabassi a quelque chose de Bill Evans dans la délicatesse du toucher et l'originalité des voicings, du Bill Evans de "Portrait In Jazz" (avec déjà Scott La Faro et Paul Motian comme dans "Sunday At The Village Vanguard"), plus vif et avec une version de "Autumn Leaves" très originale dès l'intro, partant sur les chapeaux de roue comme d'en dehors du thème. bons échanges dans "It's Us" entre le solo en breaks de Parker et le piano.

"World Changes" raconte son histoire sur un tempo lent qui laisse monter l'intensité, me rappelle un peu un morceau de Parker et Terrasson sur un album de Parker.

« Here's The Captain » crépite joliment aussi côté feu de bois rythmique de Parker et volutes de Mirabassi autour de lui. Ce qui est intéressant c’est cette clavé/batucada funky urbaine rythmique tâtonnée puis de plus en plus affirmée tribale et terrienne de Captain Parker faisant passer cette tempête de ras d’un élément à l’autre de la batterie dans son solo. Le Capitaine c’est Parker, ou Dieu qui la fait la pluie et le beau temps, Mirabassi la mer de noires et blanches, Renzi le mât et le chant des sirènes quand il fredonne (pas sur ce disque). Le côté sentimental et délicat des ballades est présent aussi dans « My Broken Heart ».

Mais dès la basse d’ « It Is What It Is », on retrouve les terres vierges, inexplorées qu’aime inventer le trio, le piano à la Monk inventant par touches impressionnistes un langage neuf et improvisé entre la contrebasse groovy comme dans un film noir de Renzi et les cliquetis cliquetis de cymbales imperturbables de Parker, avec une énergie, une écoute inouïes. « C’est ce que c’est », en effet, du Jazz mais pas que, ou au sens très large, la BO patrfaite de nos émotions imaginaires. Avec « Six For Sex », on retrouve le côté terrien des percussions de Parker, de la basse de Renzi, et le piano dans les notes les plus basses, rythmique qui s’envole en turquerie orientale pour un voyage au long cours toujours empreint de lyrisme pianistique et d’hésitations rythmiques, de tâtonnements trouveurs qui font avancer la barque avec ferveur jusqu’à la tempête Parkerienne qui chamboule et retourne tout ce que l’on croyait établi.

« Gold and diamonds » calme le tempo sur une ballade, tisse des bijoux d’or et de diamants mélancoliques qui iraient bien à la femme très classe et belle sur la pochette, qui elle-même va très bien à leur musique l’habillant comme cet or ou ces diamants, le disque en szerait le collier. Tiens, elle n’en porte pas.

Dernier titre et dernier suspense délicat, le disque se termine avec la version courte de « World Changes » entre lyrisme et intensité rythmique. Un très bon disque de Jazz, mais on est toujours content d’avoir des nouvelles de ce trio.

Jean Daniel BURKHARDT

vendredi, octobre 1 2010

CHRONIQUE DE KILLION VAULTS D' ORGONE, COMMANDE DE MY PERCU.COM

Le groupe de Los Angeles sort un album instrumental Blaxploitation et Latin, ensoleillé et Calente!

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, septembre 8 2010

JOY : Sylvain Beuf passe au Sextet

Sylvain Beuf est un saxophoniste et flûtiste de Jazz français né en 1964. Après des albums en trio (avec Franck Agulhon à la batterie et Diego Imbert à la contrebasse), il a ajouté le trombone Denis Leloup et le saxophoniste alto Pierrick Pedron (qui a montré qu’il était l’un des plus proches de la tradition Hard Bop avec son album « Deep In a Dream »), et le pianiste Jean-Yves Jung entendu avec le Paris Jazz Big Band, passant au Sextet, composé un nouveau répertoire inspiré par une rencontre amoureuse , avec « le désir de délivrer de la joie » et enregistré Live en club (une première pour lui) devant un public conquis au Jazz Club de Dunkerque, les approuvant d’exclamations enthousiastes mais respectueux de la musique (les plaçant à propos après un solo extraordinaire ou en fin de titres). Cet album, sorti le 23 mars, s’intitule « Joy ».

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Dès le premier titre éponyme, « Joy », on sait qu’on est dans le vrai Jazz : les unissons West Coast des souffleurs d’anches entre Stan Getz et Dexter Gordon et de coulisses, les solos et le balancement du swing de la rythmique ne trompent pas. On sait qu’on a affaire à un Jazz neuf et moderne, mais gardant les qualités de la tradition Hard Bop.

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Sur Sushi, unissons et solos des souffleurs s’enroulent harmonieusement comme ce titre sur une batterie presque drum’n’bass et finissent à la Herbie Hancock.

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« Baikal Lake » offre une évocation liquide initiée par les notes irisées comme des flocons de neige du piano, puis des unissons orientaux aux ralentis prolongés jusqu’au solo de saxophone, plongée de plus en plus Coltranienne poussée jusqu’au cri puis après la rythmique funky, suivie d’une coulée en Nautilus du trombone.

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« Ballade pour Rapha » (inspiratrice de l’album ?) est une magnifique ballade à l’innocence harmonique touchante portée par Pierrick Pedron caressant un rêve sans y toucher jusqu’à un imperceptible changement de tempo vers un univers plus dramatique de vieux film noir.

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« Trouble In My Glass » est bien Hard Bop Funky à la Eddie Harris, entrechoqué comme des glaçons par la batterie et le piano, où surnagent les cuivres et s’échappe Sylvain Beuf en un solo orientalisant au groove puissant à la Lourau.

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« Suspect Noise » nous entraîne de ce bar dans un univers plus dramatique, inquiétant, course-poursuite exotique où l’on suspecte dans les syncopes quelque chose d’Ethiopique, à la Mulattu Astraqué, mais les souffleurs restent Jazz, le saxophone partant à la poursuite d’Olé de Coltrane.

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Evidemment, on trouvera aussi dans ces compositions des clins d’oeils furtifs d’un souffle à un standard, un classique du Jazz, mais après le temps d’un sourire de reconnaissance de notre inconscient Jazzistique, il est entraîné par la force dynamique du répertoire, l’esprit n’ayant pas le temps de fixer son nom avant d’être emporté ailleurs, condamnant l’auditeur à réécouter le titre, sans plus de succès, mais avec un plaisir renouvelé.

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«Les Notes Bleues » explorent la lenteur modale du dernier Jazz de Miles, quelque part entre « Kind Of Blue » et « Nefertiti », avec ce beau mystère de s’obstiner à ne pas démarrer, rencontrent au bord d’un solo la Jessica de Roy Porter et la ramènent vers le lyrisme d’une simple ballade Jazz.

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« Spatio Temporis » est à nouveau un hard bop bien funky au piano à la Horace Silver, décrivant dans cet ESPACE DU TEMPS : ESPACE laissé aux unissons des souffleurs et à leurs solos de Bird au « Love Supreme » de Coltrane par LE TEMPS de la rythmique, et vice versa dans l’improvisation : l’Espace-Temps du Jazz.

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« Smile » (qui n’est pas le standard de Charlie Chaplin) finit en beauté ce disque, toujours hard bop funky à la Cannonball Adderley ou à la Eddie Harris dans «Compared To What», mais avec des échos de New Orleans (St Louis Bluies) en fanfare.

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Vraiment, un excellent disque Hard Bop à écouter, et voir sur scène s’ils passent près de chez vous, qui mériterait un prix aux Victoires du Jazz ! Ou alors le jury est sourd ou insensible !

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, février 25 2010

FRANCK VAILLANT : MAGNETiC BENZ!NE : JAZZ-ROCK et Musique Coréenne

Si le Jazz est à l’origine une musique Afro-Américaine, Afro-Cubaine/Brésilienne, ou Européenne d’adoption,, il est aussi « la seule musique assez libre pour accepter toutes les autres en son sein » (Fusion Jazz Rock, funk, Electro), et gagne aujourd’hui à s’ouvrir à de nouveaux horizons et continents, à de nouvelles fusions mondiales.

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Le disque Magnetic Benz!ne du batteur du groupe Print Franck Vaillant, sorti sur le label Mélisse en 2009, ouvre le Jazz à la Musique Coréenne, grâce à la chanteuse Coréenne Soobin Park, accompagné par une formation Jazz/ Jazz-Rock (Guillaume Orti au saxophone, Josef Dumoulin au piano et Fender rhodes et Jean Luc Lehr à la basse électrique et acoustique).

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Le Jazz est présent dans son expression la plus calme ou plus libre. Petites étoiles de Paris trouve le quartet, sans la chanteuse, dans un contexte de ballade purement Jazz classique, acoustique avec batterie, contrebasse et piano à la Keith Jarrett, citations d’A Love Supreme et l’agilité rythmique d’Orti très troisième mouvement Tristanien à la Lee Konitz, et éclaboussements sonores de rires d’enfants en fond sonore. Dans Womp Womp, Orti a la précision et la liberté Monkienne d’un Steve Lacy sur une batterie flottante, ouverte, libre, improvisé, mais respectant une mélodie magnifique suivie d’un solo de piano très original.

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Dès L’Affaire à l’envers, la puissance de la chanteuse coréenne rappelant celle de la musique Samul’Nori ou le Minyô Japonais par sa puissance dramatique, surprend d’abord, inouïe dans ce contexte, puis s’allie à merveille avec le groupe, les tempos casse-cous d’Orti et le clavier Jazz-Rock inquiétant dans les basses de Dumoulin, mieux intégrée et plus active que la discrète Yen Shyu dans Lucidarium de Steve Coleman, dès le début aussi déjantée que les musiciens qui l’accompagne, dans une émulation et écoute mutuelle.

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Million Dollars rappelle un peu les genres Pansori narratif puis des percussions coréennes comme le tambour changgo et le gong kwaenggwari se mêlant à la batterie de Franck Vaillant, puis Orti attaque des dunes mélodiques façon Steve Coleman, et finit presque en afro-cubain sur le tambour changgo (homonyme d’un Dieu de la Santeria Cubaine, comme le monde est petit!) sur les cris de Soobin Park. Ils inventent de nouveaux chemins entre ces musiques.

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Dans le groupe de Franck Vaillant, Jazz et Musique Traditionnelle conversent sans s’étouffer, l’un rendant l’autre plus accessible, tandis qu’elle l’enrichit de ses couleurs inédites, traversant les frontières avec Fil de Feu, dont les premières mesures de la Coréennes seule accompagnée de percussions Japonaises rappellent la Click Song de Myriam Makéba, puis le Minyô narratif Japonais déroule son histoire.

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Plus électrique, Boom Boom Ship décolle avec le fender rhodes vers un Space Rock psychédélique cosmique à la Sun Râ accompagnant la voix hallucinée de la Coréenne poussée jusqu’au cri, passant du langage articulé aux expressions vocales plus libres et informes, hallucinée dans sa chute, presque diphoniques. La chanteuse, là encore, semble plus intégrée moins plaquée artificiellement que le chanteur Japonais Suzuki dans le Rock progressif de Can, car elle n’essaie pas de faire Rock ou Jazz, mais reste elle-même de son étrangeté exotique à ses délires punks. Dancing In Armor rappelle le Rock Jazz de Rocking Chair.

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Dans Bondage Maracas, elle use d’une taepyongso, trompette chinoise, doublée à la flûte, qui rappelle des sonorités indiennes dans une sorte de bourrée d’ailleurs rejointe par le quartet jazz qui finit en brouillage électro expérimental. Dans ce traitement à la fois issu d’un terroir et s’en échappant, le groupe crée sa Musique Folklorique Imaginaire n’appartenant qu’à lui, à la manière du Marvellous Band où Sclavis jouait des tuyaux divers. Après s’être ainsi cherchés, découverts et trouvés, Sadhaan, aboutit à une fusion parfaite, inédite, d’électro-pop-wave un ovni sublime ambient lounge apaisé d’une stupéfiante beauté, métisse, mutante, à un langage propre où chacun a sa place dans une sublime harmonie collective...

                                   Jean Daniel BURKHARDT

PS: Pour entendre la musique de Franck Vaillant et son groupe Magnetic Benz!ne, qui n'a pas de Myspace, écoutez mon émission Jazzology à 21 h ce soir Jeudi 25 mars 2010 sur Radio Judaïca Strasbourg. J'y ferai aussi une courte interview de Franck Vaillant et Soobin Park en direct du Triton des Lilas, où les Parisiens pourront les entendre ce soir pour le lancement de l'album.

samedi, janvier 30 2010

Le groupe TRIBE ressuscite avec un nouvel album: REBIRTH (Commande de Drum_Bass.net)

La libération des noirs américains par l’obtention des Droits Civiques et donc de leur musique donna lieu à la fureur du Free Jazz, mais aussi dans les années 70s, à un courant plus Jazz Soul, Peace & Love, idéaliste de cette tendance libertaire, assumant à fond le côté funky et groovy, la Soul autant que le Jazz, et même les influences Africaines, toutes les facettes de la Great Black Music héritées du Jazz et de ses dérivés. Né à Detroit dans les années 70s, Tribe est un collectif né au lendemain du happening "An Evening With The Devil" alliant Danse, Poésie et Musique par le saxophoniste Wendell Harrison et le tromboniste Phil Ranelin, puis le trompettiste Marcus Belgrave, le pianiste Harold McKinne et le batteur Doug Hammond et fondèrent le label du même nom, mais se séparèrent en 1976.

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Mais c’était compter sans Carl Craig, l’un des fondateurs de la Techno de Detroit, qui reforme le collectif en 2007 et produit en 2009 leur nouvel album, « Rebirth » (RENAISSANCE).

A Detroit, un génération sauve l’autre.

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Chronique de l'album par mes soins à lire sur "drum_bass.net".

Vous y trouverez également d'autres chroniques de ma plume sur le dernier JimiTenor & Tony Allen, Karimouche, Panama 3, GHANA SPECIAL, etc...

Jean Daniel BURKHARDT

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