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Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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jeudi, juin 30 2016

FINAL BEAT : Big, Oh, Mr Raoul K, Octave One

C’était déjà le Final Beat Samedi 18 Juin avec tout d’abord en warm up Big Oh

Big Oh c'est le premier dj qui me fit RESTER à des mixs électros (j’allais déjà aux mixs funks de Sir Jarvis) dans les années 2000s. A l’époque il se produisait à L’Elastic sous le nom de Big Olive avec Jeff Lieb. Aujourd’hui Big Oh se produit au Rafiot aux Soirées Friendship ou House Force comme ce samedi 2 juillet 2016 et Jeff Lieb au Mudd le second samedi du mois dans ses soirées « Sucre Lent»!

Dj depuis la fin des 90′s, Big Oh est également co/fondateur du label Friendship et producteur au sein du collectif du même nom dont le hit « Phreak Mania » sorti sur Sound Pellegrino en juin 2014 affole toute la sphère électronique par son saxophone, son piano balafon obsessionnel et sa voix basse à la Real Fake MC.

Il commence en beats, puis interrompt comme sur son « Piano Bar » sorti sur « Still Diggin’» mais en piano solo (courageux devant les clubbeurs du Final Beat, ça m’a soufflé!), sur lequel il reprend en Salsa, puis piano/ percus /cymbale ride mixés.

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Là j’avoue c'était une super sélection musicalement, super mix, avec le piano funky japonais de CROMAGNON (peut-être mal lu de loin, CROVASON ?), bon clavier lent dégoulinant Funky Soul à la Marvin Gaye House dégoulinant dynamisé d’un contretemps Reggae digital, « Bermuda » d’Harvey Sutherland, mais avec une montée de claviers sur la clavé Cubaine et les percus latines.

Paradoxalement ce qui me fait « partir » ou « planer » comme maintenant c’est toujours les instrus claviers/voix in the mix, plus rarement les beats, mais dans ils ont plus le temps de s’imposer sur la longueur jusqu’à l’ivresse hypnotique dans un mix House que de 45 tours funky style Rocafort Records ou même Gilles Peterson dont la sélection est impeccable mais ce sont les 45 tours tels quels. A partir de Larry Levan, les djs ont rallongé les 45 ou 33 tours en live (comme le faisait le dub jamaïcain dès le début) à partir des années 79 sur la basse funky de la disco.

Il continue avec le remix d’Angola de Césaria Evora et Pepe Braddock par Carl Craig appliquant le même principe aux percussions et aux voix, de la jungle tribale percussive à la jungle dancefloor des villes et des clubs mais sur la basse d’ « Evil Vibrations » pour les « Aaaah Aaah » découvert à Contretemps en 2008 avec Marc Mac de 4 Hero « A Roller Skating Jam Named Saturday » de De La Soul ici remixé plus cool par Morales à 6 du mat en 12 inch pour en proposer une version plus Latin House!



Bref, la House permet plus d’improvisation musicale sur le track que de le passer tel quel un disque après l’autre en dj pousse-disque d’une sélection fût-elle excellente! Entre la sélection et la transformation sonore ou rythmique de l’original, c’est le talent du DJ!

Pour passer le relais, Big Oh nous laisse à « Kinshasa », en afro beat house accéléré à la manière de sa reprise « Too Much Information » de Fèla Kuti, ce qui lui vaut une accolade de Mr RAOUL K, réfugié politique ivoirien venu à 12 ans d’Agboville, ébéniste rasta et dj musicien, Raoul Konan alias Mr Raoul K a construit ses mixes et sa réputation entre les soirées à Hambourg, les clubs à Berlin et son home studio à Lübeck où il réinvente les transes hypnotiques d’une house panafricaine, une « Baobab Music » scellant le mix de la techno contemporaine et des musiques d’Afrique de l’Ouest, des bpms, de la kora et du balafon, à la croisée de l’afrobeat d’Anthony Joseph, des remixes du chicagoan Ron Trent et des playlists des meilleurs dj’s de Cologne.

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Mr Raoul K mélange des percus djembés Afro (à l’origine de la House Music) à sa House et des vocaux « Touch Me », rajoute koras et balafons modifiés façon konono N° 1 pour compléter « Le Cercle Peul » sur des voix House acidulées « i have to get up in the morning » ou féminines « I heard you say », rallonge les percus par les nappes de la house.

Et chez lui aussi les voix Afro pygmées Sénégalaises peuvent naître d’un clavier ou d’un balafon. Le public apprécie et danse devant lui gaiement.

Après la jungle Africaine arrive celle urbaine de la troisième vague de la techno de Detroit. Octave One, duo formé par les Burden Brothers (Lenny et Lawrence parfois associés à leurs trois autres frères), est un rejeton de la Techno Bass, à l’angle des productions de Derrick May, des hits d’Inner City et des manifestes d’Underground Resistance, le mythique collectif co-fondé par Jeff Mills et Mad Mike. Fondateurs du label 430 West, label à Detroit d’Eddie Fowlkes, Terrence Parker et Aux 88, Lenny et Lawrence Burden travaillent la lumière, le rythme et la lancinance sur des thèmes urbains, sombres et fiévreux, mixant avec style, techno et deep house. Leur remix du Butterfly caught de Massive Attack, noir et onirique, est une œuvre d’art.

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Lennie Burden est le plus maigre avec des lunettes à la spike Lee et joue des sampleurs, laptop et autres claviers ( ?) (il y avait un clavier sur scène, mais je n’ai vu ni Big Oh ni Raoul K s’en servir, après pour Octave One j’étais bloqué côté Lawrence par la foule des danseurs(ses)), « crée » les sons, son frère Lawrence, plus balaise et musclé, agit plus sur les boutons pour modifier le son en ingé son, amplifier certains éléments ou en réduire d’autres.

Bon faut dire que leur premier beat énorme a soufflé ma pinte de bière du casier sous l’ampli le répandant sur le sol! Ce fut ma première rencontre avec leur musique.

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Le reste fut une suite d'ascensions sonores, de progressions de plus en plus rythmiques, de plus en plus bruitistes, de la jungle africaine à celle urbaine, technologique de Détroit.

Les claviers synthétiques sautillants augmentés d’une nappe sonore de Lennie sont poussés par Lawrence vers des formes de plus en plus rythmiques jusqu’à leur climax, puis Lennie crée une autre forme, de plus en plus rythmique.

C’est plus proche de la techno Derrick May (innovateur rythmique () il y a trois ans que de la House funky de Marshall Jefferson l’an dernier dont le « Move Your Body » faisait chanter les oiseaux au petit matin en sortant du Living Room.

Ils ne jouent pas d’instruments mais presque abstraitement du « SON » en lui-même que des disques par rapport à Marshall Jefferson qui a la culture Soul Funky et en garde les voix entre les montées rythmiques.

C’est plus froid, plus urbain, mais pour moi manque peut-être cette humanité des voix, cette « âme » et ce groove qu’on a peut-être plus pu entendre chez Sadar Bahar lors de la première soirée, mais je suis rentré trop tôt pour l’entendre, cette victoire de l’humain par contamination sur la machine qui est pour moi le miracle de l’électro quelquefois. . Pure produit de la techno allemande, DANA RUH berlinoise d’adoption est DJ résidente du Club Der Visionare, occupant ses journées à triturer des pistes gorgées de sons texturés en studio. Son style a évolué entre techno minimale et house clinquante qu’elle distille aux quatre coins du monde, remplissant aussi vite les salles que son compte Instagram. Peut-être le clavier était pour elle ? Elle termina la soirée mais j’ai pris le dernier bus de nuit à 4 h 30 du matin!

Le travail d’un DJ couvre cette « discothèque » entre la sélection des titres funkys (Rocafort Records), venus d’ailleurs (Ernesto Chahoud, Gilles Peterson) et la création du son (Octave One) ou sa transformation (Africaine 808).

Encore un bon festival cette année !

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, juin 23 2016

WE LIKE Gilles Peterson, FranKeeto & Earl Zinger au Roc en Stock le 17 Juin 2016

Gilles Peterson c’est l’inventeur du terme « Acid Jazz » lors d’un mix en 1988 il a dit « Et Maintenant voilà l’Acid Jazz ! », puis fondateur d’un label du même nom et de « Talkin’ Loud », le diggeur des diggers des djs anglais qui collectionne dans son studio de Brownstown des vinyles non réédités des années 60s/70s Soul Funk et Rare Groove (qu’il publie sur ses compilations « Digs America », originaux ou remixés, ou dans leurs versions Latines Brésiliennes ou Cubaines c’est aussi l’animateur de sessions Live inédites à la BBC pour son radio show, le talent scout envoyé spécial à Cuba d’Havana Cultura 1 et 2, et organise le Worldwide Festival à Sète et c’est sa première fois à Contretemps dont il a inspiré l’esprit d’ouverture!

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Mais avant Gilles Peterson, il y avait en warnm up le vendredi 17 juin Frankeeto d'Annecy, rééditeur de perles Funk Soul avec DJ No Stress de Strasbourg sur Superfriends Records et animateur de l’émission Natural Pleasures sur Radio Meuh! Il mixe un bon Funk bien cuivré avec une bonne basse House à la Larry Levan ou Joey Negro, puis un track Soul « Tonight » ou « Baby » avec des claviers funk dégoulinants dignes de nos rêves 70ies ajoutant à l’authenticité d’un bon blues des claviers lasers à la Herbie Hancock (en fait « Byron’s Voyage » dans « High Life » de Byron The Aquarius, ancien collaborateur d'ONRA) reprenant le Maiden Voyage acoustique de Herbie Hancock sur le label Blue Note.

Il y a aussi des chœurs avec un chouette clavier et des flûtes brazil, puis une bonne base funky sur des claviers à débordements, et la basse de « Chicago » de Roy Ayers mais avec d’autres paroles « You don’t like, shut up and dance» et aucun de ceux là!

Arrive Gilles Peterson vêtu d’un T Shirt Sun Ra!

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Si ses compiles sont des pépites à écouter chez soi, ses mixes live mélangent sa super sélection Soul, Funk, Rare Groove, Latine ou Brazil sur une rythmique House plus dansante. A partir de ses sélections latines, il peut isoler les percussions et créer des rythmiques AfroBraziloCubaines ou AfroCubanoBrésiliennes!

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Ancien MC de Galliano, Earl Zinger a un soundcloud commun avec Gilles Peterson qui a presque un site pour chacune de ses nombreuses activités, il l’accompagne sur scène depuis quelques années et avait introduit sa compilation « The INCredible Sound Of Gilles Peterson » en 1999 d’un « Free Your Mind and your ass will follow ».

Comme souvent Earl Ziger reste discret, derrière Gilles Peterson avec son sampler et sa boîte à rythme, rajoutant des sirènes Jamaïcaines et s’il prend le micro, il faut presque faire attention pour distinguer ses imprécations délirantes et vocaux ragga hallucinés d’une voix aigüe un peu à la David Bowie du mix! C’est peut-être aussi qu’il est très bien placé, s’intègre très bien au mix. On l’entend mieux sur du reggae. Et j’en ai marre des MC qui se mettent trop sur le devant de la scène !

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Après une super sélection Soul Funk Rare Groove, Brazil et Cubaine, Gilles Peterson finit avec « Mr Funky Samba » () de Banda Black Rio! Je connaissais pas les autres tracks mais super sélection dans l’esprit positif « Let The Sun In, Let The Sunlight Shine! »

Jean Daniel BURKHARDT

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lundi, juin 20 2016

THE PARADISE BANGKOK INTERNATIONAL BAND à L'Espace Culturel Django Reinhardt

À l’origine des compiles The Sound of Siam chez Soundway, exhumant les trésors de la musique traditionnelle thaïlandaise, Dj Maft Sai et Chris Menist ont formé The Paradise Bangkok Molam International Band et enregistré un premier album (https://soundcloud.com/paradise-bangkok) au Studio Lam, soundsystem d’un bar à Bangkok couplé avec un disquaire.

Mo lam signifie « grand (mo) chanteur (lam) » en thaï, le molam est un style de rock blues thaï des années 60 70 campagnes de l’Isan, mais ce groupe est uniquement instrumental.

Kammao Perdtanon joue d’un luth thaï (qu’on appelle un « phin ») curieux, mais très beau : rouge, la caisse en forme de cœur et le manche ouvragé vers le haut d’un dragon ou autre oiseau magique.

Le khène est un orgue à bouche construit comme une flûte de pan asiatique qui se joue de profil en bouchant ou débouchant de ses doigts les trous des tuyaux joué par Sawai Kaewsombat.

Le reste du groupe est plus urbain et moderne : un batteur rock, Phusana Treeburut et et un bassiste funky, Piyanart Jotikasthira, Chris Menist aux congas et un autre asiatique aux petites percussions d’Asie, cymbalettes ou gong.

Le bassiste parle un peu anglais. Les titres n’en sont pas moins incompréhensibles!

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Dès le premier titre, après le bon solo de luth thaï (un vrai virtuose ce luthiste) et le khène, qui ouvrent toujours la danse pour commencer par le côté trad, la rythmique basse batterie frappe par son groove implacable, urbain et irrésistiblement dansant qui dynamise l’ensemble en seconde partie.

C’est aussi une façon efficace de respecter d’abord le son original originel acoustique des instruments traditionnels thaï qui supportent moins l’amplification électrique, puis de faire ensuite danser dessus jusqu’à la transe.

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Ils continuent avec « Tricky Little Dub » avec une intro de khène, puis la basse très groove qui rappelle même celle de King Love Jacks ou d’un track funky house de Joey Negro et assure sans les effets dub en live où le luthiste fait glisser ses trilles aiguës du haut en bas de son luth phin!

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Ils continuent avec «Waterfall» (Cascade, le molam thaï est souvent proche de la nature dans ses thèmes traditionnels, j’ai d’ailleurs passé « The sparrow and the waterfall » dans mon émission faute de disque de cet orchestre), mais la rythmique y rajoute son groove. Quand le luthiste ne joue pas, ses doigts dansent dans l’air sur la musique.

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Autre Thème champêtre « Roob Loi Pu Thaï » (Chasin’ The Cow, « chassant la vache ») : le khène joue la pluie sur les rizières, puis plus rythmé sur les congas, puis la rythmique rajoute son funk lent comme décalage par rapport au khène, mais cela lui laisse aussi l’espace sonore pour ne pas être noyé par les instruments plus amplifiés. C’est presque comme si on avait un groupe thaï traditionnel (luth phin khène et percus) «backé » par un groupe de funk même si la cohésion et l’écoute demeurent.

J’ai même cru retrouver la basse de « J’aime regarder les filles » de Patrick Coutin dans le titre suivant, mais ils ne doivent pas connaître Coutin en Thaïlande quoiqu’ils aient de belles plages et des filles qui y marchent!

Un super concert de Trad Pop Thaï Funky qui s’en va au second bis !

Jean Daniel BURKHARDT

photos 2, 3 , 4: Natsch

jeudi, juin 16 2016

AFRICAINE 808 COSMIC WORLD au Shadok

Samedi 11 juin on pouvait entendre au Shadok Africaine 808, duo berlinois composé par Dirk Leyers, moitié de Closer Musik qui fit le grand écart entre Buenos Aires et Cologne début 2000, et DJ Nomad, Hans Reuschl de son vrai nom, disciple musical du légendaire DJ italien Beppe Loda. Leur musique se veut une rencontre entre la boîte à rythmes Roland TR-808 (prisée des fous de lignes rythmiques, du hip-hop à l’electro) et des sons piochés dans les musiques du mondes. Un voyage sans retour Lagos – New York ou la découverte d’un Cosmicumbia seront deux des surprises du live qu’ils concoctent pour Contre-Temps.

En warming et after on pouvait entendre le dj colmarien ARAMIS tout d’abord dripper dans des remixs trippants de BOs et musiques des années 70s extraits de « Drippin’ For a Tripp’ » de DJ Sotofett que je pris pour du Carlos Santana, mais remixé trip dub, tandis les V Jayes de «Super Dimanche » projetaient des danses de Marie Ziegman sur les murs, puis une femme bleue ornée de l’étoile de David et de la croix d’Ankh sur les murs, l’une plus dans les paysages, l’autre les personnages derrière la scène, dont un homme préhistorique d’un film de Jodorowski.

Arrivent Africaine 808, les deux DJs accompagnés d’un batteur en Live, Dodo, Africain ou Caribéen par son bonnet rasta. Les deux musiciens électroniques sont l’un au sampler, l’autre à l’ordi et aux effets et la batterie live donne ou change le rythme.

Le début me fait penser à Frédéric Galliano et ses African Divas déjà passé à Contretemps il y a des années pour un Dj Set avant la fin du projet. avec «Esa & Mervin Granger-Visum (Africaine 808 Remix) » La batterie est vraiment bien intégrée entre les samples et les effets, montant en breaks sur les effets dub.

Dans « Rythm Is All You Can Dance » , une voix Afro samplée est modifiée par les effets et rythmée par le batteur. Les trois se mélangent, se répètent, se suivent et se précèdent comme dans les solos de Jazz avec un jeu collectif entre samples, effets et batterie, sans frontière à l’écoute entre électronique et live dans cette Afro-Disco-Lectro bien homologuée avec la batterie Afro Beat à la Tony Allen (batteur de Fèla Kuti) S’il y a un petit côté Kononno N°1, c’est plus dansant et pas que des balafons et sanzas amplifiés d’effets, mais plus tribal et électro à la fois.

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Le passage entre batterie, sample et effet se fait imperceptiblement, et on assiste au jeu collectif des trois sans avoir le temps de se demander précisément qui fait quoi et comment, tant ça joue ensemble et collectif.

Les cultures aussi se jouent les unes des autres, les balafons rencontre leurs cousins les marimbas de plage sud américains dans « "Balla Balla" - Boiler Room Debuts »!

Ça me rappelle un autre grand moment de Contretemps ou électro et Live se mêlèrent avec L’Aroye en 2007.

Il y eut même des moments de flottements psychédéliques comme «Project01/That´s right (Africaine808 RMX) »

Quel que soit le style ou les instruments, seule compte la cohésion musicale du groupe. Le sample peut être arrêté/repris par la batterie ou le sampler en drum’n’bass comme un vrai instrument ou une note d’un pianiste électrique ou synthétiseur, modifié par les effets comme sur l’Ableton comme on le verra ce soir avec Ben Vedren à la Kulture. Les tempos world libèrent les phalènes du live à l’écho de la transe des balafons faisant chanter les chants pygmées.

L’électronique live permet aujourd’hui comme dans le dub, une modification improvisée en live de la musique et des sons comme les instrumentistes des années 70s (et de pousser leurs délires encore plus loin) d’une « Cosmicumbia » (https://soundcloud.com/africaine-808/africaine808-cosmicumbia-istr). Et quand comme ici elle joue avec le live, cela ouvre vraiment d’autres galaxies musicales où le passé serait présent et le présent le modifierait par son improvisation.

Qu’importe les djs, samplers, effets ou batterie live quand comme ici l’ensemble est dans l’instant cohérent et collectif.

A l’envoûtement hypnotique dématérialisant House/Electrode "Cobijas" peut succéder l’énergie de l’Afro Beat et de ses percussions.

Le secret ? c’est peut-être la fluidité musicale en amont et l’écoute en live, tandis que sur l’écran un Danseur préhistorique nu de La Montagne Sacrée de Jodorowsky danse avec son ombre.

De plus en plus, et peut-être depuis longtemps que je ne pense, les djs sont, en plus des garants de la culture musicale remise au goût du jour pour les dancefloors (Gilles Peterson qu’on pourra entendre vendredi à Roc En Stock en est un bon exemple), des Discothèques au double sens conservatoire et actif par la danse, de réels musiciens électroniques et c’en est encore ici un bon exemple.

Le Final Set d’Aramis fut plus Afro House et rêveur, chill out exotique mixant voix, rythmes et autres liquidités musicales. Attiré depuis longtemps et toujours aujourd’hui par les sonorités africaines dans la musique électronique, Aramis a entre autre accumulé les vinyles de cette veine. Il était donc tout trouvé pour ouvrir et clôturer ce concert.

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, juin 14 2016

BOOGALOO ROCAFORT à SHAKE YOUR GROOVE THING au FAT BLACK PUSSY CAT

Vendredi 10 juin il y avait aussi invités par Winston Smith résident de « Shake Your Groove Thing » au Fat Black Pussycat HARRY CALLAHAN & PHIL ROCK de Rocafort Records, né en 2013 avec un 45 tours de boogaloo. Formé par deux cousins basés entre Lausanne et Barcelone, ce label de musique indépendant est dédié à éditer et rééditer des morceaux passés inaperçus ou qui ne virent tout simplement jamais la lumière du jour. Des morceaux de Funk, Soul, Rhythm & Blues et Boogaloo provenant du Spanish Harlem de New-York aux rues de Bamako pressés sur vinyle pour le bonheur des danseurs et des DJ’s. Harry Callahan vit à Barcelone. Il est résident et programmateur au Marula Café, le club barcelonais de Black musique par excellence. Phil Rock vit à Lausanne. Il est co-fondateur du Holy Groove Festival dédié à la Black Music.

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Ayant déjà Fulgeance trois fois, je suis donc allé au Fat Black me replonger dans le vieux boogaloo !

Le boogaloo c’est le funk latino new yorkais juste avant la salsa dans les années 60s. A l’entendre je me dis que par rapport aux originaux de Son et Boléro cubain des années 40s, les vocaux des chœurs en espagnol sont remplacés et joués par des trompettes suraiguës assistées de saxos hurlants Rythm’N’Blues sur des rythmiques puis Deep Funk avec une touche Latine.

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Ils jouent aussi de la rumba Africaine rééditée sous la compile « Africa Gone Funkee ». En tous cas cette musique vit dérape, hurle, éclabousse de cris et d’instrus sauvages sur un assemblage de voix à l’ancienne, le tout construisant progressivement la mélodie.

J’ai même cru reconnaître la rythmique originale basse batterie de la « Suzette » de Dany Brillant dans un « Hey Hey Hallelujah » (mais plus festif que religieux depuis que Ray Charles avait mêlé gospel sacré et rythm’n’blues profane) ou celle de « Purple Rain » de Prince montré ce soir mardi 14 juin à la Splitmix au Star!

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Une chanson suit l’autre, les mélodies parfois se ressemblent à partir du Blues noir comme « Baby Please Don’t Go » de Muddy Waters à « I Love The Way You Walk (Dimples) » de John Lee Hooker passé dans le Rythm’n’ blues au Rock blanc par La Grange ZZ Top ou le Funk Noir ou la Suzy Q des fermier blancs des Creedence Revival, cette répétition hypnotique la rend d’autant plus addictive.



Dans les vocaux sauvages à la « I Owe Moo Ayo », on retrouve l’Afrique passée à Cuba par la pratique du Guaguanco que les esclaves noirs laissés entre Yorubas et réunis en cabildos (sociétés d’entraide) pouvaient pratiquer, contrairement aux Etats-Unis où toutes culture Africaine était réprimée.

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Winston Smith pose aussi une perle méconnue sur trois comme « Il y a bien trop de filles » de Sacha Distel en mode Samba funky en 1971, un peu à la Nino Ferrer (mais chanté de manière moins parodique et plus Jazz).

Il y eut aussi de la Bomba Portoricaine venue de l’isthme latin à quelques encablures de New York et deux 45 tours de la Reine de la Cuban Soul La Lupe reconnaissable à ses cris « AAAAAAh IIIIIII » dans une salsa et même une samba.

Ils n’oublièrent pas le funk de James Brown hurlant qu’il est « Super Bad » comme un bête sur une basse funky et des cuivres.

Les Soul Ladies furent présentes aussi comme l’original Funky de « Tainted Love » d’Ed Cobb repris après Gloria Jones en 1965 par Ruth Swann en 1974 qui précédèrent la version New Wave de Soft Cell qui les éclipsa en 1981 et nous la font entendre autrement.

Ils passèrent aussi un track Jazz que Gilles Peterson (à CONTRETEMPS le Vendredi 14 juin au Roc en Stock 25 rue du Maréchal Lefèbvre) avait sélectionné pour ses « Incredible Sounds » : « Who’s Afraid Of Virginia Woolf ?»n Part 2 de Jimmy Smith

Winston Smith, qui organise aussi les « Soul’N’Skapéromix » (prochaine le 21 juin) nous emmena aussi vers la version Ska Jamaicaine « Bluebeat » du Rythm’N’Blues avec un Prince Buster.

Et juste avant la fermeture un dernier « My Boy Lollypop » de Millie Small!

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, juin 13 2016

BARON RETIF & CONCEPTION PEREZ LIVE AU MUDD CLUB POUR CONTRETEMPS

Baron Retif () (Benjamin Fain-Robert) & Conception Perez (Pierre Valero) est un duo batterie claviers produit par Musique Large qui a déjà remixé Brassens et fourni un intru à Rocé et sorti un album, « Navettes ». Étymologiquement « Donc on a un aristo indocile et une mégalopole hispanophone très répandue. » mais prétendent « Ce sont nos vrais noms ; pourquoi, faut demander à nos parents ». Tu parles. Shemale chimères, ces deux blasons transgenres sont plutôt la garantie d’un artisanat jusqu’au-boutiste. Baron et Concepcion (BR&CP ) fabriquent tout, du son jusqu’au support du son, en passant par leurs noms. »

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Ils étaient invités à Black Octopus Party au Mudd Cub Vendredi pour Contretemps. Il y eut d’abord un bon warm up introductif du résident Black Octopus DJ Ficus avec un super remix du « Let’s Get In On » de Marvin Gaye par Leonard Dstroy (lien vers l’émission radio podcast de Ficus)) et une pub pour un insecticide Africain entre autres perles vocales modifiées par l’électronique! Mais «Blanchiment » de Baron Retif n’est pas loin d’une instru de Marvin Gaye revisitée et Napoléon Maddox de la Soul dans « The Crave ».

Baron Retif batterie et Conception Perez claviers arrivent. Il y a trois claviers : deux petits dont un a molette et un grand et la batterie du Mudd. Dès le début on reconnaît les influences d’Herbie Hancock (qui après quelques réticences lors du passage à l’électrique de Miles Davis (« you want me to play with this toy ? ») fit découvrir au monde les claviers avec Miles puis ses Headhunters et inaugura la techno de son « Rock It ») dans les aigus du clavier, un petit clavier assurant les effets basses, le petit à molette les aigues et le grand la mélodie tandis que la batterie ralentit les claviers trafiqués et assure un tempo drum’n’bass.

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Le clavier joue plus électrique qu’électronique, prolongeant aujourd’hui à l’ère électronique 2.0 le principe de décalage d’un autre pionnier de ces claviers, Jo Zawinul (Weather Report) de « Jouer électriquement, sonner acoustiquement » !

Puis des sons spaces du clavier douchent de leurs rémanences sonores (avantage du clavier sur le piano) de fausses musiques de films de Science Fiction de Série B n’appartenant qu’à eux en historiettes musicales sans paroles ni images sur la batterie au son par moments intérieur comme celle de Joy Division par exemple dans « Comme la vague » ou « Gazoduc », mais ne reniant pas un usage non conventionnel de la cow bell ou son usage latin originel dans « ML Disco Club » sur une structure Break’N’Beat.

Sur certains titres, le clavier passe de l’organique liturgique aux envolées psychés, aux bruitages, à l’abstract Hip Hop spacy sur la cymbale kick et les caisses claires un peu plus sèches.

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Et ils ont même fini par nous faire rêver à des gazouillis nocturnes avec « Les Oiseaux » qui termine leur album avec Fulgeance (qui était aussi là avec Rekick pour finir la soirée) rajoutant des beats discrets. Magnifique!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, avril 5 2016

EVA LINDER LE SOUFFLE DU ROUGE DU 4 AU 28 AVRIL A LA LIBRAIRIE KLEBER

Eva ( Linder expose depuis hier et jusqu’au 28 avril 2016 « Souffle Rouge », une série de nouvelles toiles à la Salle Blanche de la Librairie Kleber!

Hier elle présentait le vernissage, rappelant le mot de Matisse « On devrait couper la langue des peintres. » Pour éviter toute interprétation préconçue, tout message autre que formel je suppose ! Elle a cependant dit l’importance pour elle de la « Rencontre» et remercie entre autres « sa fée Morgane ». et on peut voir ici Eva Linder et Helga Finter LOUY, "la plus belle bibliothèque de sorcières que je connaisse à Strasbourg ,à savoir d artistes peintres ,écrivains,philosophes ,sombrement méconnues mais là précieusement vivantes ,trésors d Helga ! »

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L’exposition débute par « Mercure » dont la forme ovale me rappelle le sourire solaire d’un tableau de Dubuffet, mais avec des pieds de tabouret ou guéridon sur fond d’ivoire à tache rouge. A propos de sa peinture, Eva Linder écrit : «LA TOILE EST OUVERTE POUR CAUSE DE BLANCHEUR, déjà j'entends la musique des formes et couleurs à venir. »

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L’éponyme « Souffle Rouge » qui donne son nom à l’exposition a un pied immergé dans ce flot rouge, pilotis rongé par l’usure, l’érosion ou la mâchoire circulaire d’un animal.

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L’horizon est blanc comme un ciel africain et laisse affleurer, émerger une pierre polie ou une tortue.

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Eva Linder écrit sur la musicalité de son travail : « La notion de paysage sonore ou partitions colorées est indissociable de mon travail.»

C’est pourtant une « Nature Silencieuse » que propose la toile suivante au vert symbolisant pour elle son enfance : « Je vois une toile nouvelle chaque jour, je veux qu'elle soit l'oubli de toutes les autres jusqu ici et qu'elle soit pourtant comme son point culminant, en quelque sorte le sommet d'une montagne, de ses piémonts rouges et même jusqu'à cette vallée vert-obscur où l'enfant que j'étais allait a l'aventure de ses premiers pas ». Ce vert me paraît ici coussin moelleux, comme de la mousse sur fond rouge où reposer la tête pour rêver à cette enfance, se souvenir de ce vert obscur sur fond de rouges piémonts.

« Naturellement naissent des séries :"repères mobiles de l'imaginaire" ,"géographie d'échos" ...Autant de territoires de la mémoire orchestrés entre APPARITION - ABSENCE - BRUIT - SILENCE. »

Eva Linder a continué ses « Repères mobiles de l’imaginaire », en propose ici 4 petits.



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Celui du bas, est un carré rouge sur fond rouge, comme le « Carré Blanc sur Fond Blanc » de Mondrian, propose le Rouge absolu et pour lui-même, juste le rouge sur la matière organique de la toile dont on devine encore la trame tissée de près en s’approchant. Mais le rouge a une chaleur et une sensualité, un impact visuel et presque sonore, provoque une brûlure émotionnelle que le blanc monastique n’offre pas.

Si « Tout se joue dans les transparences et opacités de la matière.Tout se joue dans la patience des glacis. » On en a ici deux exemples entre ce Rouge et le Blanc qui suit.

Cet autre « Repère mobile de l’imagine » ci-dessous en haut propose un blanc ivoire (qui pour Eva Linder est «le souffle, l’espace ») mais cette fois pas uniforme, on y distingue une ligne de flottaison, la trace d’un horizon, une ligne de partage entre blanc et blanc cassé, jaune, beige, ivoire, le blanc n’est pas simple et n’est pas absence de couleur mais nuances. Une sorte d’œuf allongé, carré, dont on ne verrait que l’intérieur, par couches, strates.

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«Les tensions orageuses et éclats lumineux organisent des passages où toutes mes toiles dialoguent entre elles. »

Pour illustrer ce conflit, le blanc et le rouge, quand ils se rencontrent dans la toile d’Eva Linder ci dessus, se télescopent comme des contraires inconciliables : le blanc se solidifie en marbre sculptural, le rouge se place en fond vital au satin plus soyeux et devant cette confrontation, l’ombre d’une silhouette abstraite noire se profile comme pour proposer un autre contraste encore.

« Chacun de mes tableaux est à la fois sujet et objet, chaque peinture voudrait rendre visible le souffle profond de l'espace et du temps. » écrit Eva Linder.

Le tableau suivant a une rondeur de paillote, la douceur d’un panier tressé de blancs et verts, la nasse dans l’eau d’un chercheur de diamants ou d’un pêcheur qui aurait trouvé un rubis rouge orangé rutilant.

A côté, sur la bordure des taches rouges semblent des visages enfantins soufflent ce souffle rouge.

« Strasbourg » ci-dessous est une rive de fleuve rouge, la ville étant entourée d’eau. Quelque chose affleure, émerge comme une roche, la nage d’un ragondin et au dessus on devine la rive praticable et même des escaliers L’artiste ne donne aucune précision géographique, mais je pense aux rives face aux Pontonniers où l’Ill est accessible aux passants et promeneurs.

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Eva Linder « construit "d'immédiates périphéries" où le spectateur dans sa vision peut à son tour en construire le contenu symbolique qu'il souhaite.» Dans une nouvelle « Géographie d’Echo » je suis donc libre de voir un loup, renard ou lynx abstrait à l’oreille ronde sur le noir et blanc, son pelage tacheté à la Sisley ou Seurat par petites touches chromatiques minutieuses lui faisant la peau d’un léopard et au bas peut-être son sexe s’il avait forme humaine et au centre un mobile rouge où pendrait un rubis.

On retrouve aussi une autre série d’Eva Linder, les « Humanités », collage offrant une plongée dans l’ombre verte sur fond bordeaux vers le rouge et le tacheté, en équilibre sur une pierre bordeaux.

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Autre « Humanités » dont je me souviens au Centre Culturel Alsacien, portique composé d’église universelle minutieusement si l’on y regarde de près de peuples ou de runes hiéroglyphes tracées par des scribes magiques. Et devant sur le parvis la foule de minuscules en multitude s’embrasant de ferveurs orangées, révolutionnaires ?

Dans un « Sans Titre » je crois reconnaître la « Banane » dessinée par Warhol pour le premier album du Velvet Underground. Il avait la banane Andy, il souriait avant le Split. Puis comme dans une de ses répétitions parodiant la publicité la banane plonge dans le rouge altéré de blanc par la forme!

Eva Linder écrit «Mes compositions sont rigoureusement et vite tracées, sans repentir » Ainsi dans un autre « Sans Titre », l’acte a tracé une crènelure à forme de banane, griffé la toile d’un geste hyperbolique au dessus d’une porte rose où est assis un abstrait chenu portant un fez rouge.

Ainsi « Le geste lent et minutieux dévoile toutes les subtilités de tons, accords et dissonances des rythmes chromatiques.» « Equilibre » est une construction de blanc ivoire, os de diplodocus, lance de Masaï ou défense d’éléphant aux reflets bleutés érigeant sa verticalité, ici l’avant dernière de gauche à droite.



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« Altérité » termine cette exposition par une dernière variation sur le rouge, incandescence tempérée d’effets, de traînées l’atténuant, d’éclaircies sous la pluie rouge du pinceau faisant apparaître des reliefs dans cette uniformité.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos des Oeuvres: Michel Fritz (DNA) et Nicolas Rosès

mardi, mars 29 2016

HELLSCRACK FLESH & STEEL

Hellscrack est un groupe de power rock’n’roll Nantais commencé en trio en 1988 qui s’est adjoint un second guitariste en 1998 et composé de Shuman (batterie chant chœurs), Laurent (guitare chant chœurs), X. Moul (guitare) et K. Lou (basse). En 2004 ils sortent ce Flesh & Steel chez Brennus Music.

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Fine commence bien avec un riff à la Kinks (All Day & All of The Night) à part la voix plus acide et puissante, moins hippie et plus vénéneuse, et un bon solo de guitare blues et boogie.

Living In A Nightmare enchaîne d’une voix plus grave et profonde à la Iggy Pop sur une rythmique à la Passenger, un peu plus blues que reggae avec Stéphane Dugué au piano boogie martelé, presque noyé dans les guitares et les harmonies vocales.

Après ce début plutôt calme One vous fera piétiner et sauter partout sur bon boogie. Night Whisler est un bon pub rock à la Dr Feelgood avec l’harmonica de Philippe Chassseloup.

The Riddle pousse jusqu’au Punk Boogie irrésistible à vous faire pogoter tout du long.

Drinking est un bon grunge blues à boire aux chœurs plus rugueux à la Creedence Clearwater Revival (version grunge électrique accélérée de « Born On The Bayou »).

Night Shrew vous envoûte de son slide serpentant son hard Blues (guitares blues, voix hard) avec un break de batterie avant le solo de guitare rappelant un peut le «I want you (she’s so heavy) » de Lennon.

Acceleration Girl en met encore un bon coup de hard country métal à cette fille bien accélérée à la Motörhead (on croirait entendre Lemmy chanter) ou « Back In Black » d’AD/DC.

Nber Seven rappelle une autre célèbre chatte de Nashville, avec une voix plus brisée encore. Mais les soli restent bien blues. Et après celui là il partent presque en Inde à la Paint It Black.

Like A Dog In Hell est plus calme et acoustique sur une rythmique et un solo plus country grâce à la guitare de Manu Le Duc. Être Un chien en Enfer à Nashville y’a pire Blues!

When you’re back est un retour de poor lonesome cow boy rocker qui ne le laissera pas seul longtemps ou au moins il jouera le blues à donf sur un bon tempo en se pétant la voix.

Doorman nous assure qu’il ne manquera pas de frapper à toutes les portes avec de bons rifs pour qu’elles s’ouvrent, quitte à les défoncer le cas échéant.

The Race termine sur une dernière course, la fuite qu’il faudra bien reprendre après, suivis de fans et de flics, mais ils les largueront par cette échappée dans les lacets de leurs riffs!

Excellent album de titres plutôt courts (13 à la demi heure) qui s’avalent tout seul mais aux goûts différents qui plairont aux hardos comme du punk, aux punks comme du psychobilly, aux rockeurs comme du blues rock et aux blueseux comme du hard blues! En un mot, Hellscrack garde l’émotion du blues et du rock à l’ancienne de ses racines dans les solos mais en pousse l’intensité combustible à la puissance du hard ou du punk actuel dans ses riffs.

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Bref y a de la Flesh dans la chair de la voix et du Steel dans l’acier des guitares dans ces treize flèches décochées avec styles dans le bouclier de Brennus!

Jean-Daniel BURKHARDT

mercredi, février 24 2016

DANIELE BRUSASCHETTO : RADIO STRIDENTIA

Après des débuts dans le métal death et le rock noise et bien des albums sous son nom, le guitariste et chanteur indépendant né à Milan Daniele Brusaschetto nous livre en ce début 2016 sur son bandcamp son dernier album Radio Stridentia (radio stridente).

"Revenge Is A Bliss" nous fait retrouver les bruitages électroniques (cloches, guitare à effets, machines) qui l’ont rendu célèbre dans le monde électro acoustique underground, mais utilisés comme rythmique d’une chanson plus mélodique et à la voix plus voilée et émouvante, puis en solo psyché, suivi de larsens jouant même le rôle des violons dans le final.

Son complice batteur du "Live At Satyricon" Bruno Dorella est invité à « ronger l’os » sur "Gnawed The Bone", plus rock tant dans la batterie que dans la guitare, tandis que la voix est plus psychédélique, lointaine, brumeuse, plus en retenue, à la Pink Floyd des débuts jusqu’au break métal efficace puis au solo psyché tordu suivi d’une déferlante électrique.

"Cosi Come La Pioggia" (Ainsi que la pluie) invite également à les rejoindre Francesco Lurgo à la guitare e bow et au synthétiseur pour une ambiance en effet plus sombre et pluvieuse, puis rythmée comme une danse sous cette pluie nocturne. Là aussi la voix de Daniele fait merveille sur cette jolie mélodie mélancolique, et du synthé ne reste que la montée du solo.

"Go Home Gods, You’re Drunk" (Rentrez chez vous, Dieux, vous êtes saouls) est un blasphème que n’aurait pas renié Omar Khayyam et que peut nous inspirer le monde actuel. Il prend ici la forme d’une ballade folk rock à la guitare acoustique et électrique sans effet qui montre le talent de Daniele sur cet instrument, souvent brouillé par les effets électroniques. La voix vient à mi-titre, plus sombre à la Léonard Cohen ou métal (les dieux ?), d’outre tombe, puis nue à la Pink Floyd juste avant le déchaînement de l’orage percussif sur les arcs électriques de la guitare. Ce titre a le même lyrisme sombre que les ballades de Métallica en moins lourd.

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"Seems So Long Ago Nancy" est justement une reprise d’une valse folk Léonard Cohen en 1969. La version de Brusaschetto est plus underground par ses bruitages, craquements et cloches, mais la mélodie et les accords de guitare au dessus du brouillage électro sont respectés et le souffle de l’émotion passe de même dans la voix, c’est même moins chiant que l’original.

"La Catena Della Soprawivenzia" (la chaîne de survie, ou de conservation) est à nouveau plus métal et rock par sa rythmique, mais la voix s’envole dans l’aigu à la Robert Wyatt dans Moon in June sur une jolie mélodie.

"Un Mundo Inventato" invite comme sur le dernier titre Marco Milanesio au synthétiseur. Ce monde inventé est plus expérimental, mille feuille de guitares et d’effets finalement balayé par un orage électro magnétique, mais même cet unique instrumental sait jouer des nuances et ne va pas trop loin dans le bruitisme, varie les intensités et les brouillages en sorcier sonore, jusqu’à stopper net au bord du ravin.

"Inciampare Sui Propri Piedi" (trébucher sur ses propres pieds) termine en mode rock alternatif cet excellent album en dansant sans chuter. Les guitares sont garage folk et la voix plus cassée mais émouvante.

Daniele Brusaschetto n’a jamais aussi bien chanté qu’ici et ses compositions ont rarement été aussi abouties. Il a trouvé le dosage adapté d’effets électroniques à la guitare pas trop présents servant d’accompagnement à des chansons efficaces interprétées avec cette variété d’émotions, ce qui rend sa musique plus universelle (pour ce que j’ai peu en écouter).

Cet album pourrait, ou mériterait de faire sortir Daniele Brusaschetto de la confidentialité du seul public underground. Mais il préfèrera toujours rester musicalement alternatif.

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, janvier 12 2016

DAVID BOWIE (1947-2016): De Space Oddity à Ziggy Stardust à Black Star....

Un grand génie de la pop est mort hier, David Bowie. Ses yeux vairons lui venaient d’un bagarre de récré qui lui valut un œil dilaté en permanence, un bleu naturel et un qui semble vert. Né en 1947 David Robert Jones, il apprend aussi le saxophone avec un prof de jazz mais dira n'être pas assez bon pour jouer du jazz et ne sera chanteur de Rock que par défaut, et d'ailleurs dira même ne pas l'être. A ses débuts il y avait déjà un Davy Jones célèbre dans le groupe The Monkeys, d’où ce pseudonyme de Bowie emprunté à la fois à un couteau de combat et à un des conquérants du nouveau monde. Après un premier album éponyme plutôt folk en 1969 publié sans succès, « Space Oddity » , extrait de son second album est utilisé par la télévision américaine pour faire patienter les téléspectateurs lors du premier pas de Neil Armstrong sur la lune et le rend célèbre puis sera réarrangé en 1972.

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En 1970, il engage le guitariste Mick Ronson. pour son troisième album « The Man Who Sold The World » (sa version au son plus Rock indianisant mérite d’être réécoutée après la version unplugged de Nirvana). Sur la pochette, il inaugure son premier d’avatar androgyne féminine portant robe à fleurs (mais ça lui va très bien avec ses cheveux longs). Il a été l’un des premiers à assumer sa bisexualité. car de son aveu même, à l’époque » cela ne comptait pas vraiment ». Cependant, il ne s’est jamais affiché publiquement avec un homme, si ce n’est peut être Mick Jagger. “Le sexe n’était pas un ‘big deal’ pour eux, c’était comme se serrer la main à la fin d’une soirée, explique Tony Zanetta, ex-assistant de Bowie. Pour lui, il s’agissait surtout d’être adoré.”

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En 1971, Bowie sort chez RCA son plus bel album de pop, « Hunky Dory » (https://www.youtube.com/watch?v=YQTENuQYgjM) avec « Changes » (https://www.youtube.com/watch?v=ZAKuL8cyiAA), et « Life On Mars ? » (https://www.youtube.com/watch?v=oAo7YeRkJYo), vue du ghetto de Londres à Mars.

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Mais en 1972 David Bowie change de personnage, devient Zigy Stardust grimé en star du glam rock pour « The Rise and Fall of Ziggy Stardust & The Spiders Of Mars » () pour un concept album, chef d’œuvre critiquant en filigrane le monde du star system rock qui se termine « Rock’N’Roll Suicide ».

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«Aladdin Sane » suit avec une crête iroquoise et un éclair coloré sur son visage en plus en 1973 (« a lad insane » comme son frère fou, ou « all adds isane » : toutes drogues malsaines », mais il chante « Oh we LOVE all adds insane), encore une bonne collection de chansons, suivi de « Pin Ups », album de reprises dont un « Port D’Amsterdam » très cabaret. Son abandon de Ziggy Stardust en live fait hurler ses fanes.

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En 1974, grimé en pirate spatial borgne et en chien mutant sur la pochette il veut adapter musicalement 1984 d’Orwell mais les ayant droits refusent, il garde le thème pour « Diamond Dogs ». On trouve surtout le bon Rock « Rebel Rebel » au riff irrésistible annonçant le punk.

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En 1975, Bowie part pour les Etats-Unis, et enregistre « The Young Americans », un album funk mais à la sophistication pop avec David Sanborn au saxophone, Luther Vandross et des choristes noires soul à qui il impose un cauchemar de cut up avec « Fame ». Il incarne un nouveau et dernier personnage, le « thin white duke », très bien habillé, mais d’une pâleur inquiétante et les cheveux oranges, s’affirme avec « Station To Station » avec Earl Slick à la guitare, mais il ne se souvient pas de l’enregistrement, embrouillé par la cocaïne.

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Pour couper court, il lâche tout et part pour Berlin en 1977 travailler avec Brian Eno à « Low » (pour Low Profile sur la pochette), mélange de musiques électroniques et de pop rock annonçant la new wave, sans tube et dont la face A reprend la musique composée pour le film « Christiane F, droguée, prostituée ».

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Il enchaîne avec « Heroes » dans la même esthétique, mais plus dansant et funky, le titre éponyme montre une sorte de résurrection.

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La trilogie Berlinoise s’achève avec « Lodger » (I), un de ses meilleurs albums, avec les tubes «Boy Keeps Swinging » () et Dj.

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« Scary Monsters (and super Creeps) » (https://www.youtube.com/watch?v=Toe_UKSQgEw) est un album de transition entre l’esthétique Berlinoise et le succès funk qui arrivera plus tard, avec son examen de conscience « Ashes To Ashes » () au clip magnifique en clown blanc et côté drôle une collaboration avec le guitariste Robert Fripp de King Crimson pour une parodie de la mode aux paroles absurdes, «Fashion »!

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Son plus grand succès planétaire et scénique arrivera avec « Let’s Dance » , un album funk et dansant où il joue aussi du saxophone et produit par le guitariste de Chic Nile Rogers, avec « China Girl » (https://www.youtube.com/watch?v=E_8IXx4tsus) et le titre éponyme « Let’s Dance ».

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Après vingt ans de sexe, drogues et rock’n roll, la star s’apaise. Il rencontre la superbe mannequin Iman, puis se marie en 1992. Ensemble, ils auront une fille au début des années 2000, Alexandria Zahra. Bowie deviendra dès lors un père modèle.

Après « Tonight » et « Never Let Me Down » et « Tin Machine », moins ambitieux, Bowie rappelle Nile Rogers et se remet au saxophone pour «Black Tie White Noise » en 1993.

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Il prend un virage carrément électro avec Brian Eno en 1995 pour « 1.Outside » , album inspiré par les serial killers qui se veut la première partie d'un « hyper-cycle dramatique gothique non linéaire »

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qui sera suivi par «Earthling » , album déjà électro drum’n’bass très réussi en 1997, influencé par la nouvelle vague industrielle qui déferle alors. C’est le premier disque qu’il produit lui-même depuis Diamond Dogs en 18974 et, comme la plupart de ses disques, il a été enregistré en deux semaines et demie seulement.

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Après 'hours...' en 1999, Heathen en 2002, Reality en 2003, et The Next Day en 2013, il venait de sortir "Black Star » , son dernier album volontairement plus Free Jazz (grâce à un casting plus Jazz Don Mc Caslin (saxophoniste et flûtiste de Nguyen Lê) et Marcello Giuliani (claviériste d’Erik Truffaz), ben Monder à la guitare et Tim Lefebvre à la batterie) que Rock, on appréciera le clip «Lazarus » où il apparaissait amoindri, quand on a appris son décès dans la nuit de dimanche à lundi. Au moins sera-t-il mort sur un album Free Jazz comme il a toujours aimé le jazz.

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, octobre 27 2015

SHONAGÔN AU CHECK POINT LE 2015-10-20

SHONAGÔN AU CHECK POINT LE 20-10-2015

J’adore

Les soupirs

De la Princesse

Et de son Prince,

Mutants et nocturnes,

Aux voix finalement Sud Africaines

Dans leur château rythmique liquide

Aux Architectures

De Verre

Et d’Eau

Schonagon_Checkpoint.jpg

Voix

Qui finit par

Apprivoiser

Les Machines,

Les rendre

Humaines par

Contamination, Capillarité vocale,

Émotionnelle.

Schonagon_mains.jpg

Puis le château s’envole

Vers les Etoiles

Comme tombe la neige!

(car éléments montants,

autres descendants)

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Après peut être la basse Afro

de « Once In a Life Time »

des Talking Heads

sur “Remain In Light”

Schonagon_Main_ordi_2.jpg

Des Tablas

Indiens

Servent

De piste

de Décollage

Lumineuse

Schonagon_JD_Maysoune.jpg

J’adore le

Rapport

Subtil entre

Les gouttes sonores,

Montantes

Et descendantes,

Aïgues célestes qui font rêver

La tête

Aux étoiles

Et Basses Descendantes des rythmes

Qui font danser

Jean Daniel BURKHARDT

SHONAGON II LAST RESORT 27 10 2015-12-03

Shonagon était précédée du Live Coding SVDK Immersif et liquide, puis rythmique, qui rejoint le liquide en architecturant par orgues caressants. Mais soudain arrivent les Alarme, SONNERIES, SONARS, WARNING, DANGER ! Y a comme un bug dans la Mess(e) ! Ça essaie de parler mais hurle métal, orgue surnaturel de chansons liturgiques, puis danses tribales sur claviers bullant furieux !

Shonagon commence comme on entre dans une grotte par flots et courants.

Samba sous-marine où siffle une vague et soupire une bête dans la grotte,

Tandis que des hippocampes tapent des écailles en clavé,

Sur lesquelles les vagues se fracassent en remous dubs !

Un chœur de grenouilles aigrelettes

Et une voix plus masculine

Lui répond,

Les bullent montent et deviennent un chant Amérindien,

Un tipi qui s’érige en miroitement techno

EH EH EH fait la grenouille,

La voix masculine reprend le Rituel.

L’autoroute bullée accélère son trafic en Gospel robotique de rames et se referme.

Rythme Reggae, percus sur les rambardes frappés par les poissons

OOOOOOOOOh

Les indiens arrivent,

Sortent des grottes comme des bulles,

Ralentissent le trafic avec des bulles/sons

Les chihouhououahouah

Des premiers marins clapotent.

Un planisphère émerge sur l’écran

Montrant le Pôle Nord enneigé

C’est par le détroit de Behring que passèrent les Indiens d’Inde vers l’Amérique aux temps

Préhistoriques !

Ça bubulle

Dans la mare

Aux Mythes

Un combat de Kung Fu Machines/Hommes s’engage

Aux coups assourdis/alourdis par l’eau.

Architectures et Danses Africaines sur l’écran

Et des voix Soul Orientales autour d’un ondolectro

Qui S'antour d’un Clavier/Qanûn

Puis Grave New Wave

Le New Order des Talking Heads Dépêchent la Mode des Sisters Of Mercy

en échos sur des soupirs.



Mais suit un galop zarb de cheval marin.

Le Kung Fu au fond de la Jungle

En Feu sur l’écurie.

Une Tortue luth

Joue les X-Ors!

Un petit être lumineux des fonds marins a appris la mélodie des cordes et la

Démultiplie en bulles,

La transmet aux vagues et aux algues qui la font résonner comme des orgues d’eaux !

La harpe d’une corde unique résonne sur les rumeurs indiennes

Et le grondement d’un volcan sous-marin,

Jouée peut-être par cette jolie voix qui suit sur un rythme indien de tablas !

Sur l’autoroute de New Delhi, une moto va prévenir du combat

MAD MAX dans le désert du Kalahari !

Mais un Diamant luit et résonne dans le désert!

Au Centre de la Course Spatiale, la harpiste chanteuse monocorde

Va remettre le prix

Sur la Mer écailleuse de l’écran,

Le Désert se dissout en fractales liquides, spectrales,

Devient la Mer

Et les Etoiles Galactiques s’ouvrent sur La Terre !

Bref tout cela est SOUSMAR’INDIEN !

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, octobre 5 2015

ANNA FARROW DAYS & MOODS, EN JANVIER DANS LES BACS!

La chanteuse Anna Farrow vit à Marseille et sortira prochainement Days & Moods, un album de chansons coécrites avec son pianiste Ben Rando, et a déjà été saluée comme "Une des belles surprises du Midem Festival, Anna Farrow a envoûté le public..." par Nice Matin!

Dès la première « Travelling Melody » cette chanteuse émouvante, le cœur et l’âme Soul au bord des lèvres, nous emmène sur un tempo de rumba latine et un piano mélancolique, flottant comme elle entre les rêves.

Plus groovy, « Happy Fool » révèle son côté « folle heureuse » et habitée à la Yael Naïm de la chanteuse sur un tempo plus impair avec trompette en et cuivres (/ Florent Briqué - trompette / Fabien Lovera - saxophone / Benjamin Lasbleis - trombone / Emilie Rambaud - trombone) en embuscade!

Dans sa reprise de « Feeling Good» Nina Simone aussi, elle donne de cette mélodie bien connue une version à la fois moins en force, plus fragile et moins tragique que l’originale.

Dans « Time Warp », après l’intro d’une voix de petite fille mutine, elle déploie bien vite ses ailes en profondeur avant le solo de piano. Comme Elis Regina, elle est capable de doser ses effets d’un filet de voix fragile à une voix plus profonde qui surprend.

Ses « Tomorrows » ont un bon tempo sur des paroles d’espoir en l’avenir et une bonne voix Soul rappelant un peu les chansons les plus Soul d’Elizabeth Elisabeth Kontomanou dans « Back To My Groove » ou « Brewing The Blues » et retrouve de beaux échanges Florent Briqué à la trompette et les autres cuivres en fond sonore.

Dans « Open Up », elle ouvre son coeur sur le piano à une voie vers le haut et l’émotion avant un autre bon solo, puis monte en effet encore plus haut et plus profondément à la fois dans l’émotion.

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« Hold On » tient bien la ligne vers plus de groove sur un bon tempo piano un peu stride sur de belles harmonies de cuivres entrant ensuite dans la danse sur l’orgue hammond dans une rumeur live qui tient le public en haleine aussi par les surprises de sa voix et de ses arrangements!

« Our Song » est plus intimiste, mais Anna Farrow excelle aussi dans l’émotion pour nous faire voguer à travers des nuages ! Tiens il y a quelque dans leur Song de « Your Song » d’Elton John.

Quand elle fait souffler le printemps « Spring Is Back » c’est seule sur la batterie de Cédrick Bec mais on y entend des nuances de Gospel.

« Migrant Birdy » s’envole en émotions plus Nu Soul modernes entre la batterie et la contrebasse de Sam Favreau un peu drum’n ’bass jusqu’au solo de piano oriental et à un final plus groovy.

« A Little Help » a un bon tempo Soul et des cuivres à l’unisson qui servent de tremplin à la belle voix d’Anna Favreau qui a dans son aisance quelque chose d’une Joe Cocker en féminin qui part en liberté vers les étoiles au réveil.

« Words » termine l’album dont elle a écrit les textes sur une note plus moderne, Anna Farrow passant du spoken Word rythmé au chant au refrain sur la batterie rappelant un peu Léon Parker,.

Bref, à l’aise dans tous ces contextes, sur tous ces tempos, Anna Farrow montre par la variété de ses compositions une palette d’émotions toujours justes qui en fait une grande chanteuse.

On en redemande mais attendons déjà la sortie de ce premier album début 2016 !

Jean Daniel BURKHARDT

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, septembre 23 2015

PASCAL CONTET UTOPIAN WIND ACCORDEON SOLO

Utopian Windhttp://www.musicme.com/... est un album solo de l'accordéoniste Pascal Contet sorti le 31 août.

Cet accordéon en effet Dances And Sings, danse et chante comme le dit le second titre, frappé/soufflé, à vide puis à plein, contemporain. Est-ce le son de son accordéon, le souffle dans les soufflets tel le vent ou lui sur les touches ? On croirait entendre un soufflet de forge de graves et d’aïgus, de drames, de mouvement et d’immobilité ! Ecoutons Dances & Sings

Will craque comme un bateau sur la mer, un arbre sous le vent, un animal à l’intérieur soupire et veut, souffle et respire, mais un tranchant de lame aiguisée habille ce souffle organique de l’accordéon de Contet!

Quand Contet joue ça Play, même contempo, il joue et s’amuse et nous plaît par les sons de l’accordéon allongés comme aucun autre, tordus, comme jamais entendus, inouïs.

Over The Mountains sont ce les montagnes des soufflets ? Soudain l’air remplit leurs poumons ! Pascal Contet est il dans ou hors de l’instrument ? C’est une ascension de la terre au ciel qui s’envole !

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And Will Sing Et chantera Qui ça ? de l’accordéon ou de sa forge ? ça joue c’est sûr mais c’est joué aussi, y a une bête là dedans qui respire et ronronne à ne pas réveiller de ses rêves jusqu’au silence !

Elle halète de grandes orgues et toque encore, la bête, à la porte de for Bernard C! Car c’est l’orgue intérieur qu’on a l’impression d’entendre pour la première fois soufflé sous les doigts de Pascal Contet. Puis peu à peu prend forme une mélodie bouleversante dans la lenteur des extrêmes du geste poussé jusqu’au bout qui gagne ensuite en force, prend le large.

Dans Like A Lonely Song, l’accordéon chante une chanson qui nous était inconnue, entre orgue de barbarie et soufflet interne. Solitaire mais habité déjà de tempêtes contemporaines !

Pascal Contet en showcase privé à l’ARCAL Lyrique 87 rue des Pyrénées 75020 PARIS sur invitation

Et je passerai cet album demain dans Jazzology à 14 h puis 21 h sur www.radiojudaicastrasbourg.fr/

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, septembre 8 2015

JPPJP A WOLFI JAZZ

J’ai découvert la fanfare JPPJP () (« Je Peux Pas J’ai Piscine », excuse fréquente pour ne pas assister aux répétitions) à un vernissage de cadeaux de noëls de l'Ecole Des arts Décoratifs de Strasbourg (où ils sont tous passés) au Salon de coiffure/ Galerie d’Art Avila il y a plusieurs années! Depuis le personnel a peut-être changé, ils sont partis en tournée (aux Etats-Unis à ce qu’ils prétendent sur leur site ou aux Jeux Olympiques selon leur premier album il y a 3 ans), se sont mis à composer et à écrire des chansons et sont beaucoup mieux habillés de costards cravates et tailleurs mini jupes aux couleurs acidulées assorties!

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Ils commencent par un instrumental de leur précédent album « La Terre Promise », L »Expédition » au clip en flash mobile extérieur (), sorte de « Diba Diba » bien Rock de Boby Lapointe en plus Funky () titre écrit pour le film "Ballade pour un chien" de Gerard Vergez, sur une musique du franco Syrien François Rabbath en 1967 avec plus de basse d’alp-horn dans les tubas et trombones!

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Après un appel à snaparticipation (claquements de doigts du public), trompinettes et et trombones fendent le groupe. Ils ont beaucoup composé depuis 2 ans (j’en suis resté à l’album vert absinthe « La Terre Promise » mais ils ont fêté le Nouvel an avec un nouvel album « Open Space »!

J’ai particulièrement craqué pour Apéro 13, son chant entre Philipe Katerine dans les aïgues et Arthur H dans les graves et ses beaux fonds sonores de cuivres couvrant un texte incompréhensible d’une absurdité bon enfant !

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Ils sont vêtus de costards cravates et robes de couleurs comme allant ou revenant d’un mariage permanent verts, bleus, roses fuschias, mauviolets ou pistaches ! Le présentateur est efficacement et poétiquement décalé «On balance de l’eau en jouant de la salive alors faut en recréer avec de l’eau, mais vous pouvez venir dans l’herbe à condition de faire quelque d’artistique !» pour réveiller un public assis en parterre de plantes vertes locales. Un bièromane local ne se fit pas prier pour déranger les rangs de grands mouvements dansés trébuchés et hauts cris couvrant la musique mais il était trop ivre pour être artistique!

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Ils continuent avec un instru BO Funky puis tout de même une nouvelle chanson par Eugène Riousse "Jus d’Ananas » (entre nous nous nous nous), exercice en na et nou, drague parodique coquine à la Katerine mais la chute tombe mal, « je suis la nana de judas !».

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Ils continuent avec une « secousse », paso doble aux saxos orientalisants se détachant su groupe, puis un hip Hop Cosmic Funky, puis une bourrée de retour d’alpages. Le saxo Soprano « devrait avoir honte de son pantalon », mais le batteur qui le dit porte le même!) et poursuit en Breakbeat une ballade Eclipse (http://jppjp.bandcamp.com/track/clipse) du deuxième album !

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Ils finissent avec MururoA critique du nucléaire « Ma femme a des angles droits/ Mon fils le cancer du foie » de « résidents/résidus », mais « faut s’faire le phosphore »!

Bref, l’une des fanfares les plus créatives et originales de la région!

Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick LAMBIN

mercredi, août 26 2015

Z COMME A WOLFI JAZZ

Z Comme est un groupe de Jazz Free/ Rock Prog composé de Julien Behar - saxophones, compositions, Christophe Chaïr – percussions, Stéphane Decolly – basse et Philippe Rak – vibraphone qui m’était inconnu avant le festival, à part le bassiste entendu sur les disques de Lisa cat Berrio où ils se sont produits l’après midi, là encore en remplacement des intempéries de l’an passé!

Après une intro plutôt free, ça se calme en « In A Silent Way » de Miles Davis, puis repart avec le saxo vers un univers plus rythmé et Progressif à la « Elegant People » Wayne Shorter et Weather Report.

Ils passent d’un morceau à l’autre sans pause comme dans une jam, comme Miles à l’Île De Wight ou les morceaux sont longs et progressifs! Du Free Progressif en effet ! Freegressif ? C’était une longue marche, 9.10 en hommage à des musiciens (peut-être ceux-là ?)

Elle est suivie d'un "Tango Torgo" "Fatal Footsteps", mais pas par rapport à Wayne shorter et son "Footsteps" mais au film muet de Charley Bowers du même nom, "Fatal Footsteps", Astor Piazzola lui-même avait tenté des expériences électriques avec son Quinteto Electronico en 1974 puis ajouta une guitare électrique à son Quinteto Tango Nuevo.

Plus connue par leurs albums, ils poursuivent avec « De Deux choses L’Autre » avec Philipe Rak au vibraphone bien à la bien à la Gong/Weather Report voire même Return To Forever (l’équivalent de Weather report en plus Brésilien avec Chick Coréa, Airto Moreira et Flora Purrim), puis Ravayah, toujours bien rythmé, groovy, avec une touche ethnique.

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Z Comme Quoi au fait ? Comme John Zorn et son Masada et ses musiques juives qu’ils commencèrent à jouer d’abord à jouer ensemble, plus oriental avec des changements rythmiques intéressants de la batterie et des percussions.

Ils terminent avec « Mokhba 80 » (titre écrit sur une balalaïka ramenée à Julien Bèhar). Après une intro de percussions, en effet ça devient comme annoncé une belle ballade au saxophone un peu modifié.

Les nouvelles compositions sont plus groovys, ont « the power of rock’n’roll » avec une intro de Phillippe Chaïr aux percussions avec une super basse de Decolly. Ils « aiment les grands écarts » et finissent avec « Ras El Hanout »!

Bref un bon groupe à suivre où des musiciens de différents horizons trouvent à s'exprimer dans un répertoire commun!!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, août 18 2015

DEE DEE BRIDGEWATER & THE NEW ORLEANS JAZZ ORCHESTRA A WOLFI JAZZ

C’est le dernier projet de Dee Dee Bridgewater avec le trompettiste Irwin Mayfield et son New Orleans Jazz Orchestra venus de La Nouvelle Orléans et lui rendant hommage comme sur son dernier disque « Dee Dee’s Feathers ».

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Ils arrivent avant elle en marche collective traditionnelle de la Nouvelle Orléans trombone (devant comme dans les charrettes de New Orleans pour ne pas assommer tout le monde à coups de coulisses) , trompette, saxo, basse et piano sur la batterie comme dans les rues de New Orleans lors des parades qui bercèrent Louis Armstrong comme sur ce Canal Street Blues, son premier enregistrement en 1923 avec son maître King Oliver ou Sidney Bechet et où naquit le Jazz, de musiciens créoles (métis, de peau claire et ayant appris la musique classique des maîtres) forcés par loi Jim Crow de jouer avec les noirs (pratiquant Blues et Gospel dans les bars mal famés) les mettant à leur niveau social.

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Annoncée par Irwin Mayfield comme «the greatest jazz singer living, the most beautifull woman in the world » comme une James Brown au féminin, Dee Dee Bridgewater arrive, toujours crâne rasé (depuis son disque malien) mais là Irwin Mayfield a aussi le crâne rasé ! Elle lui caressa d’ailleurs le crâne à un moment du concert! Une belle tendresse complice et l'humour les unissait pendant le concert

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Elle commence par « One Fine Thing » d’Harry Connick Junior () de New Orleans ! herry Connick Jr fut pour moi aussi un des plus grands espoirs du Jazz dans les années 90s (pour Blue Light, Red Light, From Paris with Love), je veux dire que le Jazz Swingue, joue du piano comme Duke Ellington et chante d’une voix de crooner (adoubé par Frank Sinatra) mais l’album « She » Funk Rock, veste en cuir et coupe minet puis le pop torse nu en jean couché dans l’herbe «Star Turtle » m’ont déçu et fait m’en désintéresser! Plus fort est l’espoir en une idole, plus forte la déception ! Peut être ai-je eu tort, il a plus assumé ses origines de la Nouvelle Orléans par la suite, mais ses albums de standards de charme pour dames comportent toujours trop de violons et cordes melliflues à mon goût!

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Autre titre Dixie Land (Jazz New Orleans par des Blancs de Chicago) plus classique de la Nouvelle Orléans, Basin Street Blues qui n’est pas sur l’album d’après une rue de La Nouvelle Orléans de Spencer Williams, et les trombonistes Jack Teagarden (son créateur avec les Charleston chasers de Benny Goodman) & Glenn Miller en 1926, popularisé par Louis Armstrong et ses Hot Five en 1828!

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Plus tragique et ancienne, le « st James Infirmary » est attribuée à John Primrose est une chanson folklorique traditionnelle anglaise du XVIIIe siècle, appelée "The Unfortunate Rake" (également connue sous le nom "The Unfortunate Lad" ou "The Young Man Cut Down in His Prime"), qui raconte l'histoire d'un soldat qui gaspille tout son argent pour se payer des prostituées, puis meurt d'une maladie vénérienne, popularisée par Louis Armstrong. Irwin Mayfield a perdu son père victime de Katrina et lui dédia le chant funèbre « Just a Closer Walk With thee ».

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Mais Dee Dee Bridgewater sait rendre même un répertoire triste émouvant et même drôle par son humour parodique, ses apartés et sa joie de vivre communicative, tandis que les New Orleans Jazz Orchestra respectent le rythme bringuebalant de ce Blues!

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Les enterrements à La Nouvelle Orléans se terminaient après la marche funèbre par l’air de fanfare « Didn’t He Ramble ? » (L’a-t-il pas roulé sa bosse ?) dont Jelly Roll Morton donna avec Sidney Bechet une version plus courte et plus cynique (il a roulé sa bosse, mais l’boucher l’a quand même coupé en tranches!)

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Autre chanson mélancolique, « Do You Know What It Means To Miss New Orleans ? » avec de magnifiques fonds sonores (dont harry connick donna une belle version en duo avec Dr John et « There’s Nothing Like New Orleans » popularisé par Count Basie et Jimmy Rushing dans les années 30s avec Irwin Mayfield hurlant dans sa trompette!

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Pas de New Orleans mais de Bob Thiele du label Impulse (plutôt Free Jazz, celui de Coltrane notamment) mais popularisée par Louis Armstrong en 1967« What A Wonderful World » est aussi à leur répertoire !

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A un autre moment, Dee Dee partit en scat sur le banjo, qui devint swing progressivement avec le piano puis les cuivres pour aboutir au Big Chief du Dr John (enregistré avec lui sur l’album), pianiste représentant du meilleur Rythm’N’Blues

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Sur une autre ballade, l’accord entre les fonds sonores autour de la mélodie chantée par Dee Dee Bridgewater ensuite rejointe par Irwin Mayfield était merveilleux !

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Dee Dee Bridgewater retrouva avec plaisir Nicolas Folmer, son ancien trompettiste Nicolas Folmer, avec irwin Mayfield faisant le cabotin prétendant qu’elle lui aurait « brisé le cœur » pour l’album « This Is New » dont certains titres de Billie Holiday en reparu en 2011 sous le titre « Midnight Sun » !

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Bref, un programme innovant de façon surprenante sur un répertoire traditionnel grâce à un feeling impeccable et des émotions tout terrain toujours justes et cet orchestre est l’un des meilleurs qui l’ait accompagné et celui avec lequel elle semble avoir la meilleure complicité et l’attrait de la nouveauté pour eux, elle et nous!

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

vendredi, août 7 2015

AURORE VOILQUE REVIENT ENVOUTER WOLFI JAZZ

Originaire de Schiltigheim où elle a commencé par le violon tzigane et klezmer, Aurore Voilqué avait déjà eu les honneurs de la scène Off de Wolfi Jazz il y a 3 ans, au soleil et en plein air sous ses lunettes de soleil et avec son ancienne formation.

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J’adore toujours sa voix et ses chansons françaises, dès la première « Toi"qui m’était inconnue avec un super saxophoniste (Olivier Delays) sur la guitare manouche de Thomas Ohresser, avec cette phrase «toi tu m’as sauté aux yeux », mais « glisse entre les doigts comme tous les autres » ! Tiens elle est de Boris Vian, chantée par Nicole Croisille, l’une de nos meilleures chanteuses de Jazz en français, au-delà de sa collaboration avec les films de Lelouch.

Intro batterie (Stéphane Chandelier), puis un instrumental saxo/ basse (Basile Mouton) un rien groove, puis énergique quand le violon d’Aurore s’y met à la Django/Grappelly et super solo de saxo à la Alix Combelle qui accompagnait Django au sein du Quartet de saxophones avec André Ekyan, et les américains Coleman Hawkins (de passage en France après s’être fait laminer par un certain Lester Young alors inconnu au Cherry Blossom de Kansas City et avoir démissionné de chez Fletcher Henderson) pour la première séance des disques Swing (première maison de disque à ne se consacrer qu’au Jazz) organisée par Hugues Panassié (le « Pape hugues » comme l’appellerait Boris Vian fut avant guerre un découvreur, et un ringard fermé au Be Bop après guerre !) et Benny Carter (qui avait oublié d’écrire les arrangements) mais Ekyan collaborera aussi avec Django et Joseph Reinhardt pendant la guerre.

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Suit une reprise de Gainsbourg (non pas « La Javanaise » !) mais « Black Trombone » ( mais différente, plus lente et moins lasse et blasée que Gainsbourg commence par la contrebasse puis chante sur deux notes de contrebasse, insiste sur les voyelle en fin de phrases (« Dieu pardonne la mignonne qui fredonne dans mon liiit. Elle se donne à demiiii-nue frissonne, déraisonne, m’empoisonne, m’envahit.», violon et le trombone les rejoint par les autres. Sa version est moins swing ou plus swing manouche. Defays est aussi un grand saxophoniste Lesterien/ Getzien. Et pour le final : «C’est l’automne de ma viiiie. Plus personne ne m’étonne, j’abandonne », le « C’est fini »d’Aurore Voilqué est plus détaché, guilleret, ironique que celui de Gainsbourg, moins suicidaire ! Bref elle l’améliore de le l’intérieur!

Autre grand auteur et chanteur de Jazz, Nougaro, dont Aurore Voilqué reprend « Le Jazz Et La Java », plus proche de l’original (https://www.youtube.com/watch?v=dec0Pmw0NJc) dans le dialogue entre la contrebasse Jazz et la guitare, le trombone et la batterie et le côté poulbot de la chanteuse. Entre Jazz et Chanson Française, née en un autre temps, Aurore Voilqué aurait été un Magali Noël des films noirs, une héroïne des films de Gabin, le sera plus tard dans ce concert, et l’EST aujourd’hui !

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Elle continue avec sa version du Blue Drag de Django Reinhardt ralenti Blues et modernisé façon reggae citant Summertime puis super solo de saxo après le solo de guitare et violon Tzigane Rock citant « Dazed & Confused » de Led Zep (avec des effets d’archets de violon sur sa guitare de Jimi Page !) avant de revenir au thème! D’ailleurs Robert Plant (chanteur de Led Zep) sera avec ses Sensationnal Space Shifters en concert à la Foire Aux Vins de Colmar le 12 août ! Aurore Voilqué rajoute de la fraîcheur dans ses reprises !

Elle enchaîne avec une compo de Django « Place De Brouckère » avec batterie modernisée après le riff indicatif du thème.

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Elle termine avec deux chansons du répertoire de Magali Noël décédée quelques jours avant (je l'ignorais) : «Fais Moi Mal Johnny» un des rocks de Boris Vian avec le guitariste qui fait Vian en moins sadique (« il va lui faire maal »), et Aurore Voilqué plus slam et enchaîne avec « Le Rififi » (du film « Du Rifififi chez les hommes ») qu’elle me fit découvrir il y a 3 ans avec un beau solo de saxo puis citant l’alouette roumaine çioçialia dans son solo de violon et même «Alouette Je te plumerai »

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En bis elle termine avec un Henri Salvador (déjà il y a trois ans elle avait chanté « quand je monte chez toi ») et là « Y a du soleil dans la boutique »

Bref elle prouva, s’il en était besoin, être une magnifique et originale interprète de chanson française capable de la renouveler !

Aurore Voilqué et son portrait par un festivalier:

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Jean Daniel BURKHARDT

PHOTOS Patrick Lambin

vendredi, juillet 31 2015

lE SAXOPHONISTE MICHAEL CHERET JOUE HARD BOP & COOL A WOLFISHEIM

Le saxophoniste Michael Cheret a sorti récemment un excellent album en Trio Live vol 1 où il montre un maîtrise du saxophone ténor à la Sonny Rollins!

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Mais il était en Quartet avec Yanni Balmelle à la guitare rendant sa prestation un peu plus Jazz Rock.

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N’empêche il a la classe, Cheret, costard et cravate blanche sur une chemise à peine rosée.

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Mais dans les ballades, il est superbe dans le style de Stan Getz.

Il reste aussi fidèle à un autre aspect de Sonny Rollins, la Calypso festive sur une composition d’un musicien de La Nouvelle Orléans.

Mais il reste le meilleur dans les standards comme « Like Someone In Love » qu’il a repris avec son West Coast Tribute avec Baptiste Herbin, excellent alto Parkerien qu’on a pu entendre ensuite à Sax Open lors d’une Jam au Hilton ! Ce sont des saxophonistes dignes des Brothers de la West Coast et qui font des merveilles même avec des américains comme Scott Hamilton!

Ça fait du bien de voir du saxophone Lesterien, pré Coltranien, même au tempo un peu accéléré, et même la guitare s’y montre plus calme comme avec Scott Hamilton.

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Et pour le dernier titre il ralentit encore le tempo, et trouve avec Yanni Balmelle une complicité à la Getz/Jimmy Rainey «si proche que même une feuille de cigarette n’aurait pu se glisser entre eux » (Alain Gerber à propos de Stan Getz et jimmy Rainey, je cite de mémoire)!

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J’ai un peu parlé avec Michael cheret ensuite, il partage ses disques entre ses compositions personnelles et les standards de Jazz qui ne sont hélas plus trop au goût du jour et est presque obligé de s’excuser s’en jouer auprès d’un public qui les trouve démodés.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

mardi, juillet 28 2015

HISTOIRES DELIREES & REFLEXIONS SUR LA MUSIQUE ELECTRONIQUE 3 à propos d'Estève

Les Musiques électroniques sont un domaine où ma pensée continue d'évoluer:

Le premier épisode c'était ça, le second ceci.

Rajout juillet 2015 en pensant à Estève] Del Canto

et de son soundcloud :

Le 06 2011 il y a quatre ans, la paix liquide de la Derealization sous marine de Milton Bradley fut troublée par des échos inconnus. La coque d’un navire fendait les flots. Un sous marin avant lancé une torpille vers ce ciel sous marin intime, ultra marin. Ils ne percevaient les chocs qu’à trravers des échos dubs à cette profondeur. Ce petit monde harmonieux mais presque endormi s’éveilla gaiement au rythme nouveau différent de celui des vagues. Une communication radio leur parvint. En fait c’était l’écho lointain d’une rave sur la plage et le dj haranguant les filles en bikini, mais ils le prirent pour eux, et dans leur intelligence supérieure crurent à un mode de communication inconnu d'eux. D’autres êtres sous marins amybes déjà s’amusaient à trouver sur les coques des effets percussifs équivalents pour rappeler les sons qui s’éloignaient, prolonger l’envoûtement. Certains se perdirent dans les hélices ou turbines qu’il fallait éviter pour survivre. D’autres s’incorporèrent lumineusement et ernégétiquement entre les plaques de la coque. Le bateau, le sous marin brillaient. De la plage ils pensaient que c’était l’effet des extasys ! quelques sirènes furent attirées par la mer par les clavés, prirent des bouts de bois et les entrechoquèrent. Elles allèrent de plus en plus loin guidées par les fanals lumineux. A elles aussi n’arrivaient que les échos marins de la rave tandis qu’elles perdaient leurs souvenirs. Leurs jambes se changeaient peu à peu en queues de poissons. Arrivées aux bateau et au sous marin, l’acier et l’électricité était devenues insupportables à leurs écailles neuves comme pour leurs nouveaux amibes. A l’électricité elles répondaient par des décharges heavy metal qui court circuitaient le système! Des profondeurs et des cieux arrivaient une musique englobante d’apaisement et de couleurs boréales, cette partie du monde se refermait à la civilisation en huître sonore hypnotique. Au fond de la mer le magma réveillait le cœur des vocans aspirant la scène comme une sorte de pompe pour retrouver une harmonie avec les machines ! Un volcan souffla une bulle qui prit l’huître, les sirènes, le bateau et le sous marin par contamination de milliers de petites billes/balles rebondissantes ! Sur la plage ils se les renvoyaient en volley ball sans filet ! Tout ce monde vivant, musical, atmosphérique, festif, animal, aquatique, interagissait, trouvant sa propre énergie cinétique ! Le DJ se croyait responsable de tout cela, l’enregistra et le mit sur [Soundcloud|https://soundcloud.com/estevemusique !

(C'est le premier Mix sous le second)

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Le 03 2014 au début ce furent de bons effets de souffles de côté percus abstraites indus réveillèrent des rythmes batucada clapotants. Des oiseaux’lectros sifflaient aux loups liquides sur un down tempo sous ultra marin que c’était le moment! La balle de ping pong rebondit dans un tunnel sous marin avec pleins de gens. Quelle que soit la musique, c’est une histoire de vagues se brisant sur les rochers ou de vents lunaires ou de frictions urbaines adoucies par les claviers mousses contre les chocs. Il y avait une lutte entre une progression mélodique et une descente rythmique, et vice versa. De la terre vers le ciel enflait la rumeur des voix humaines cherchant l’accord avec le signal d’un sonar extra terrestre. Un clavier jazz house calmait les pas des danseurs terrestres sur des clavés cubaines. Mais une tempête cosmique se préparait dans le ciel. Il y avait un soupir masculin avant, j’imagine qu’il s’est trouvé une fille ou a été entraîné par une sirène! S'éleva soudain une une rumeur de black house hédoniste prêchant l’having good time de Mr Funly Man Soul& House Music all night long à la proue de la tempête! Il need, want’n warm, réchauffe et prévient clame et dirige l’esquif à travers la tempête butinante dans sa plongée ascendante contre les parois de la fusée dub nautile. La tempête urbaine continue de clasher, c’est une apocalypse, des claviers sortent de terre ou des volcans, des insectes en feu, et de la mer en tourbillons des crabes ! Puis la tempête s’est calmée, quelque chose monta de l’eau vers le ciel, une lumière, un tourbillon d’hydres, comme une réconciliation entre la nature et l’homme par le vivant. Une danseuse dansait sur les claviers pour éviter les plaques de béton et les éboulis (les vagues pourraient aussi être des plaques de béton sur terre, des éboulis, des plaques techtoniques!) Du ciel tout se calma en une un aurore boréale de voix arc en ciel! La mer se vida comme l’eau un goulot emportant toute la civilisation et la terre se recouvrit d’une végétation luxuriante nourrissant sans effort une humanité amnésique et nue ayant retrouvé un nouveau jardin d’Eden!



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REFLEXIONS



Si je réduis au minimum ce qu'il faut à la musique pour que je l'aime ou puisse danser dessus au delà des styles, je dirais un élément physique, rythmique qui fasse danser mes pieds comme structure (mais qui ne suffit pas, comme dans la musique Africaine que percussive ou la techno "lourde" BOUM BOUM, ça m'agresse dans la tech c'est souvent la "machine" qui fait cette rythmique obsédante) et un élément spirituel, une mélodie, des paroles, une voix ou un truc qui improvise ou joue au dessus qui me fasse rêver la tête dans les nuages (souvent les samples ou les nappes ou claviers dans la techno) (mais là non plus ça ne me suffira pas, comme dans le classique QUE le côté sentimental, que la la voix brise vitre dans l'opéra, un solo interminable free jazz comme dans le jazz, mais un soliste peut créer sa propre rythmique aussi, sinon je m'ennuie, la musique devient volatile, sans ancrage rythmique)! Souvent j'entends dans la techno une lutte entre la machine et l'élément humain, comme si la machine était l'oppression, la dictature, le réel, les contraintes, les flics, tout ce qui nous fait chier ou qui entrave la liberté dans le monde, fait que c'est plus comme dans les années 60 70!

Et la mélodie, l'humain, la voix, l'instrument, les samples, c'est comme un rebelle ou une tribu rebelle qui essaie de lutter ou s'enfuir ou pas se faire bouffer par la grosse machine !

Ce qu'il y a de beau souvent, c'est la victoire de l'humain, de la voix, mais par contamination, pas par KO de la machine, la machine ne meurt pas mais arrive à jouer avec l'humain, à accepter l'autre, que tout n'est pas BOUM BOUM bulldozer mais qu'on peut créer une architecture ENSEMBLE!

Mais je pense que le peu que j'ai entendu de ta musique suffit à dire que tu as compris cela car tu le FAIS, il y a les deux éléments: la terre, le volcan/le ciel, la danseuse!

DJedy

vendredi, juillet 24 2015

LUCKY PETERSON JOUE BLUES, FUNK, SOUL, & ROCK'N'ROLL A WOLFI JAZZ

Comme Mathis Haug, Lucky Peterson était programmé à Wolfi Jazz l’an passé, mais le concert fut annulé pour cause d’intempéries!

Lucky Peterson (né Judge Kenneth Peterson) est un guitariste, organiste et chanteur de blues américain, né à Buffalo, New York, le 13 décembre 1964. Son père, James Peterson, chanteur et guitariste, tenait le Governor's Inn, un club de blues dans lequel il eut rapidement l'occasion de côtoyer nombre de musiciens tels que Buddy Guy, Koko Taylor, Muddy Waters ou encore Junior Wells.

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Avant son arrivée, son guitariste et chanteur Shawn Kellerman blanc, crâne rasé, chante un bon »Boogie ».

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Lucky Peterson arrive « sapé » comme Willie Dixon: cravate, chapeau, veste, légende du Blues qui le découvrit à l’âge de 5 ans et en fit un enfant star, et se met à l’orgue (qui fut,, on le sait peu, son PREMIER instrument, avant que la guitare ne devienne son instrument de prédilection, et auquel il revient avec l’âge sans abandonner la guitare !) et chante d’une voix puissante et émouvante un bon blues Funky, et joue à la Jimmy Smith sur la basse de Timothy Waites, puis passe à une sorte de «super Bad » de James Brown.

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Comme Keith Jarrett au piano dans un tout autre style, Lucky Peterson accompagne les notes de clavier de son corps et de la voix, rappelle le riff de « Tramp ») d’Otis Redding & Carla Thomas pour le label Stax enchaîne sur le rythme de « Let’s Groove » d’Earth Wind & Fire qui clôtureront le Festival, avec son bassiste comme James Brown avec son « Funky Drummer ». Le public rythme des deux mains et il enchaîne avec un succès Soul d’un autre pianiste organiste occasionnel, Ray Charles, « What I’d Say » qui fit entrer le Gospel sacré dans la Soul profane et vice versa et cite « Walking The Dog » de Rufus Thomas.

La dernière fois que je l’avais vu au Palais Des Congrès pour le Strasbourg Jazz Festival il y a quelques années, il ne jouait que de la guitare. La guitare wa wah ressemble à « Remember The Time» de James Brown, et finit par quelques riffs d’orgue répétitifs comme Wild Bill Davis dans son « April In Paris » à rallonge avec le public « Yeah Yeah Yeah Yeah! One More Time ! » Les musiques Traditionnelles, populaires, comme le Blues, comme le Jazz et le Rock’N’Roll et le Funk (et que dire de la techno et du rap avec moins de bonheur) utilisent la répétition des mêmes effets jusqu’à/ pour parvenir à/ mener à la transe originelle (pas seulement, mais souvent)!

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« Blues is allways ‘bout ladies » annonce Lucky Peterson, pas loin de la définition du Blues de Son House, il y a plusieurs, blues, autant que d’émotions humaines, et le blues n’est pas forcément triste. Lonnie Johnson ne l’était pas, BB King disparu récemment pas toujours, toujours content d’avoir retrouvé sa guitare Lucille! Suit une jolie ballade, « Just wonna talk to you » qui me fait penser à ma préférée de Roy Buchanan, « Change My Mind » dont voici une autre version un peu différente à Evanston en 1974. Lui par contre avait des raisons d’avoir le Blues, en a chié des ronds de chapeau et se suicidera dans sa cellule de prison!

L’ambiance est aussi à la Soul style « Hold On I’m Comin’» () de Sam & Dave, autres artistes Stax avec Otis Redding.

Lucky Peterson prend sa guitare et embraie sur un autre Boogie Rock’N’Roll à deux temps sur une bonne basse Blues Funk slappée, puis une reprise du « Sweet Home Chicago » de Robert Johnson, casse le rythme pour repartir et descend dans le public comme il était monté dans les gradins du Palais des Congrès. Ici il s’assit à mi hauteur au niveau de la cabine de l’ingénieur du son et changea rythme et paroles, ce qui est possible dans l’improvisation du Blues jusqu’au bout de la nuit.

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Il enchaîne avec « Boom Boom » John Lee Hooker qui fut repris par ZZ Top pour « La Grange » (mais il ne leur en voulait pas car « ils font du bon Rock’N’Roll»).



De près, on voit bien son talent pour passer de la peine puissance électrique des riffs à l’émotion d’une seule corde pincée dans les solos. On le croirait le Blues preacher et le public sa congrégation émue. Le Blues vient aussi de ce rapport dans le Gospel, encore pratiqué aux Etats-Unis dans les églises noires.

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Puis il enchaîne avec le rythme de « Voodoo Chile » de Jimi Hendrix et de retour sur scène après son bain de foule reprend le « Johnny B Goode » de Chuck Berry, un des rares Rockeurs noirs américains (avec Little Richards mais elle est devenue bonne soeur et rentrée dans les ordres !) et le fait chanter par le public.

Il poursuit avec une sorte de « Mustang Sally » de Wilson Pickett sur des riffs funkys qui ressemblent à « Good Golly Miss Molly » de Jerry Lee Lewis. Il ne faut jamais oublier que le « Rythm’N’Blues » Noir a été, comme le Jazz, volé aux Blancs pour devenir le Rock’N’Roll ! N’empêche, ça slappe encore côté basse.

Mais peut-être quand on ne connaît pas le répertoire, se raccroche-t-on à ce que l’on connaît de plus ressemblant (en tous cas moi !).

Lucky Peterson est ouvert à toutes les musiques noires d’où qu’elles viennent, et reprend même « I Can see Clearly Now » du Jamaïcain Jimmy Cliff.

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Puis solo de batteur, aussi capable jouer groove Raul Valdès.

Suit le tube Funk proprement dit « Sex Machine» à l’origine faux live de James Brown pour payer ses impôts avant d’être le tube que l’on sait (lui aussi organiste méconnu dans le style de Jimmy Smith, qui avait même ses morceaux de bravoure ou reprenait ses succès en instrumentaux).

Lucky Peterson accélèrera le Bis, faisait bouillonner l’orgue au dessus de Beethoven sur « Roll Over Beethoven » de Chuck Berry et parlait encore de Boogie avec T Bone Walker & Woogie All Night Long sur la Route 66, en compagnie non pas de Nat King Cole mais des Rolling Stones! Faut quand même reconnaître au Rock Anglais d’avoir sauvé le Rock et le Blues de l’oubli dans les années 60s alors que l’Amérique était arrivé à emprisonner Chuck Berry, Little Richards, envoyer Elvis au service militaire et discréditer Jerry Lee Lewis pour avoir épouser sa cousine à peine en âge de convoler!

Bref, le Blues de Lucky Peterson comprend le Jazz, la soul et le Funk et même un peu de Reggae!

Jean Daniel BURKHARDT

(PHOTOS Patrick Lambin)

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