radiojd

Animateur de radio bénévole depuis 7 ans sur Radio Judaïca STRASBOURG de deux émissions de jazz et musiques traditionnelles où je présente les concerts en région, après des études de lettres menées jusqu'à un DEA, je n'ai cependant jamais trouvé d'emploi correspondant à ma culture tant littéraire que musicale et à mes capacités rédactionnelles pourtant polyvalentes car souvent considéré comme sur diplômé et sous expérimenté. Par ce blog, je désirerais échanger avec d'autres dans le même cas nos expériences personnelles de sorte à nous enrichir mutuellement d'idées auxquelles nous n'aurions pas pensé nous-mêmes.

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jeudi, octobre 27 2016

CHANGEMENT D'ADRESSE POUR http://radiojd.blog.free.fr.blog.free.fr/|.blog.free.fr/

Je suis forcé de changer l'adresse de mon blog car mon gestionnaire de médias est plein! Celui-ci reste disponible pour les archives de 9 ans de blog! Mais je publierai dorénavant sur:

http://radiojd.blog.free.fr.blog.free.fr/

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, septembre 7 2016

HINDI ZAHRA en transe à WOLFI JAZZ

Lors de son premier concert à la Laiterie de Strasbourg, j’avais écrit ceci sur Hindi Zahra : « Chanteuse et guitariste berbère Marocaine née Zahra Hindi à Khouribga, la chanteuse et guitariste Hindi Zahra vit en France depuis 15 ans et a fait les festivals Rock en Seine, Womad, Rio Loco et Africa Express et les premières parties d’Amazigh Kateb et Piers Faccini.

Son premier album chanté en Anglais, Berbère et Français « Handmade » est paru sur le mythique label Jazz Blue Note et a obtenu le Prix Constantin en 2010. Inspirée par Oum Khalsoum, Amalia Rodriguès ou Dimi Mint Abba, son album est un mélange fait main beau comme un mirage d'émotions vocales bouleversantes rappelant Madeleine Peyroux dans la fragilité mélodieuse, Kristin Asbjornsen dans la modernité des arrangements de choeurs (avec une nuance plus électro) et Lhasa De Sela dans le Blues lent désertique (tout ce que nous a touché des émotions musicales world en ce début de millénaire), sur des guitares folk à la Souad Massi en plus fragile, touaregs (ses aïeux sont des musiciens touaregs du groupe Oudaden), et des rythmes gnawas appris de ses oncles, parfois du reggae jazzy chanté avec un phrasé à la Anis ou de l'électro léger, qui bifurque sur la fin vers la pop rock anglaise voilée d’electro ou aérienne.. »

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Depuis elle a sorti en 2015 un second album, plus arrangé avec plus de musiciens « Homeland », a remporté la Victoire de la Musique 2016 dans la section Musiques Du Monde avec la chanson « Un jour » sur les migrants, en français et avec des cuivres et des mélodies plus 70ies.

Ici elle était accompagnée pour ce concert de Jérôme Plasseraud et Paul Salvagnac guitares, David Dupuis claviers et cuivres, Jeff Hallam (ou Aurèlien Clavel) basse, Raphaël Seguinier (ou Rémi Sanna) batterie, et Zé Luis Nascimento percussions.

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Elle commence par revisiter un de ses premières chansons, « Imik Si Mik » de son premier album, mais sur le riff de « Tainted Love » de Soft Cell.

Elle reprend « At The Same time » avec un trompettiste barbu.

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Elle est plus Rock, a pris de l’assurance sur scène avec ce nouveau groupe plus puissant mais a toujours une aussi jolie voix entre force et fragilité sur ce “Silence” aux belles paroles folk « My heart staying, I will stand my soul”.

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Sa “Music” chante « Move Me, Move In Me” et invite à « Listen to the words of Love” sur un Blues funky, puis "The Blues" désertique.

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Elle continue avec “ To the Forces”, une chanson lente et pleine d’espoir d’ « Homeland », entre Gnawa dans la basse et les rythmes et Rock Touareg dans la guitare, opposant les forces pacifiques des soldats de la lune et de l'amour de révolte spirituelles du peuple à celles des soldats en armes. Le public frappe dans ses mains, en transe collective, devient ce peuple aussi.

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Dans « Any Story », elle en appelle aux “soldiers of Love” sur un reggae bluesy.

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Elle poursuit avec son premier reggae à la mélodie bouleversante, « Beautifull Tango », dans une nouvelle version avec deux choristes frappant le rythme des mains et trompette.

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Et après cette chanson d’abandon, elle poursuit avec «Set Me Free » pour se débarrasser de ce feu à la guitare aigre rock blues soul et rythme gnawa. Je préfère Hindi Zahra à Souad Massi car elle n’est pas toujours dans la force et la puissance et Emel Mathlouti trop froide et électro, Souad Massi offre une palette d’émotions plus variée. Sa voix est capable de passer du rock à la soul, au hip hop dans une transe lente et communicative avec la guitare.

Elle a aussi une reprise très personnelle de « The Man I Love » folk et un rien flamenco et en arabe. Elle fait même monter une petite fille sur scène!

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Elle finit le concert sur cet « Ahiawa» (sur une sorte de Blues Touareg progressif en berbère) en transe sur la batterie à genoux en balançant ses cheveux, on ne voit plus son visage!

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Une magnifique artiste, à la fois émouvante, parfois fragile mais toujours passionnée !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, août 29 2016

HUGH COLTMAN chante NAT KING COLE à WOLFI JAZZ et L'histoire "Nature Boy"

Né en 1972 en Angleterre, Hugh Coltman forme le groupe de rock blues The Hoax en 1991 aux côtés de Jesse et Robin Davey, Jon Amor et Mark Barrett. Le groupe publie trois albums studio et un album live, tourne en Europe, aux États-Unis et en Australie, côtoyant John Lee Hooker, B.B. King et Buddy Guy.

Déjà venu il y a deux ans avec le pianiste Eric Legnini, le chanteur Hugh Coltman revient avec sa propre formation (Thomas Naim guitare, Gael Rako Tondrake piano, Christophe Mink contrebasse et Raphaël Chassaing batterie) pour rendre comme sur son album « Shadows », un hommage modernisé à Nat King Cole qu'appréciait sa mère et à son répertoire avec lequel il a tourné cet été.

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Ce répertoire de crooner est avec lui moins sucré, latin, sentimental et cool, plus blues, pop, rock et tourmenté et roots que Nat King Cole en anglais ou espagnol dans sa version de « Quizas Quizas Quizas », plus proche des débuts de Nat Cole en trio avec guitare par son excellente section rythmique libre de réinjecter de l'improvisation Jazz à tout moment.

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Nat Cole était pianiste de Lester Young avant d'être King et de chanter! Alain Gerber rapporte même que c'est sous la contrainte armée d'un gangster dans un club qu'il commença sa carrière de chanteur, puis y trouva commercialement son compte! J'avoue ne pas être fan du chanteur sentimental Nat King Cole avec violons, ou préférer ses débuts sur "Straighten up and Fly right", sa "frim fram sauce" ou "Route 66" en trio avec guitare où il jouait encore du piano. Hugh Coltman a choisi dans son répertoire non ses chansons les plus connue, sentimentales et richement orchestrées de violons et cordes melliflues, mais les plus Blues. Si Nat Cole n'était pas le plus engagé en faveur des droits civiques des chanteurs noirs en public (ce qui n'empêcha pas le Klu Klux Klan de faire brûler une croix enflammée dans son jardin), mais Alain Gerber rappelle le témoignage de son épouse qu'il pouvait, en privé, discuter politique avec un rare acharnement!

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Sa voix évoque davantage celle de Tom Waits reprenant Frank Sinatra en plus naturel, plus crooner. Mais sa section rythmique peut partir aussi bien en Jazz sur la batterie qu’en country ou Rock sur la guitare.Dans le genre sentimental, j’adore sa version de « Are You Disenchanted » ajoutant de vénéneux riffs de guitare. Les chansons du répertoire deNat Cole ne sont pas les plus connues de son répertoire, mais celles qu‘il apprécie ou qui lui rappellent des souvenirs, également des chansons du répertoire de Frank Sinatra comme «Can’t Be Bothered ».

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Hugh Coltman voudrait se déplacer davantage, mais le micro est bloqué au pied du micro au début du concert, qu’importe il va chanter dans le piano pour en tester les possibilités sonores.

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Il prend des libertés avec le tempo, l’accélère ou le ralentit ou scatte, ce que Nat cole ne faisait pas sur "Annabelle" par exemple.

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Il plaisante aussi sur le Brexit qui venait d’avoir lieu (« Nothing to do with the brexit » : il est anglais mais vit en France et ses enfants vont à l’école en France).

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Il reprend par exemple «Smile",, instrumental de Charlie Chaplin pour la fin de « Les Temps Modernes » en 1936 (https://www.youtube.com/watch?v=Ps6ck1ejoAw) que reprit aussi Nat Nat King Cole avec les paroles en 1954, avec les paroles de John Turner et Geoffrey Parsons.

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Après le changement de micro, Hugh Coltman « c’est comme l’Europe, ça se déconnecte, ça se reconnecte!», j’ai crié de joie et eu un fou rire, il m’a répondu «i will invite you in my house »

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Il continue avec un bon solo de piano citant « Never Let Me Go » par Bill Evans, Coltman sait aussi imiter le chant androgyne, fragile, émouvant et sentimental de Chet Baker pour un iconoclaste « Born To Be Blue » avec Erik truffaz pour le projet « Autour de Chet ».

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Autre chanson du répertoire de Nat King Cole, « Nature Boy ». Cette chanson fut composée par Eden Ahbez (de son vrai nom George Alexander Aberle; 15 avril 1908 – 4 mars 1995), un auteur et interprète américain connu dans les années 1940 à 1960, dont le style de vie a influencé le mouvement hippie. Ses amis l'appelait simplement Ahbez est principalement connu pour avoir composé le standard de jazz Nature Boy, qui interprété par Nat King Cole resta No. 1 au hit-parade américain pendant 8 semaines en 1948 et devint un "standard" de la musique jazz puis pop. Dès l'âge de 13 ans, il prit la route pour échapper à sa famille d'accueil. Quand il s'installe en Californie au début des années 1940, il a fait huit fois la traversée des États-Unis, à pied et en sautant dans les trains de marchandises. Ahbez vivait dans les années 1940 une vie bucolique, il portait une barbe et des cheveux longs, des sandales et une longue robe. Il campait sous le premier L du panneau Hollywood qui domine Los Angeles et étudiait le mysticisme oriental. Il dormait à la belle étoile avec sa famille et mangeait des légumes et des fruits. Il prétendait pouvoir vivre avec moins de 3 dollars par semaine. Je n’aime pas la version de « Moulin Rouge ». Le solo de guitare de la version de Hugh Coltman modernise la chanson, comme la batterie et le piano, la sort de son registre sentimental pour en faire une ballade à la Moriarty.

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Il poursuit avec « Walking » dépassant le côté sentimental et swing de la version de Nat Cole pour une esthétique plus rock par de bons riffs de guitare, mêlant Jazz et Pop, Blues et Rock sur la batterie, il prolonge les voyelles comme dans le jazz et la soul en secouant ses boucles devant ses cheveux. Il assure cette modernisation en Blues de ce répertoire, retrouvant l’esprit du Blues originel et rural sur cette chanson de la pianiste de Kansas City Mary Lou Williams plus swing et chorale dans sa version.

A propos de guitare, Rémi psaume d’ITJ me dit qu’on leur a volé la même guitare à Barr !

Bref, Hugh Coltman reconnecte le répertoire de Nat Cole à d’autres sources que le jazz dans la musique américaines comme le rock ou la pop pour le moderniser et nous le faire entendre autrement.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, août 22 2016

PANAM PANIC à WOLFI JAZZ

Cette matinée ou après-midinée gratuite de Wolfi Jazz se terminait avec le groupe que, des trois, j’attendais le plus : Panam Panic, dont j’ai apprécié le dernier album « The Black Monk ». « Né en 2007 de la rencontre entre Robin Notte et Max Pinto; Panam Panic se veut un groupe de jazz résolument « électrique ». Dans leurs compositions se mêlent grooves puissants et mélodies soignées, harmonies délicates et solos endiablés. Sans complexes, ils mélangent leurs multiples influences pour créer un répertoire tonique, original, moderne, à l’image du jazz d’aujourd’hui. Dans la formule classique du quintet, on y retrouve une solide équipe d’improvisateurs talentueux, débordant d’énergie et d’envie de jouer : Max Pinto (saxophone ténor, remplacé par Lucas St Cricq) Julien Alour (trompette), Robin Notte (Rhodes/piano), Julien Herné (basse électrique) et Arnaud Renaville (batterie) Du jazz sans frontières ni œillères, pour les oreilles et pour le corps, solidement ancré dans le présent, avec un regard reconnaissant sur le passé, cette époque pas si lointaine où le jazz était une musique de danse qui s’écoutait aussi avec les pieds. »

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Ils commencent avec « The Black Monk » (d’après un tableau plus que Thélonious) avec une bonne montée de claviers sur la batterie et la basse et jusqu’au solo de saxo menant au climax suivi d’un beau solo de bugle en ballade de Julien Alour. Lucas St Cricq remplace Max Pinto « au concours Lépine » au pied levé pour cette date.

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« Le Duc » est un hommage à Duke Ellington mais funky (quoique ce "Blue Pepper" de sa dernière "Far East Suite" éthio-groovait bien), avec un bon début de clavier électro puis martelant toute la ligne de touches sous le bugle, la batterie et la basse au ralenti, suivi d’une accélération finale du saxophone avant le retour au thème sur les breaks de la batterie.

Suit la ballade « Midwest Sun » avec de beaux unissons un peu orientaux de Julien Alour derrière le saxo, une bonne basse groovy et un excellent solo de clavier électrique.

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Puis ils appellent Nicolas Folmer, trompettiste et président du festival, qu’on a pas vu jouer cette année à les rejoindre pour « Funky Cop » du premier album, plus funky et riffé avant les unissons des cuivres et le ralenti de la basse au super son et un solo de trompette à la miles Davis pour l’intériorité du soin niché dans le clavier et des riffs de cuivres à la St Germain sur le clavier.

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Bref, un plaisir à voir, entendre et danser, entre Funk, Soul et Jazz.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

vendredi, août 19 2016

LAURENT COULONDRE ELECTRO TRIO: KEYS ON FIRE A WOLFI JAZZ!

Le claviériste Laurent Coulondre avait déjà sorti « Schizophrénia », et a gagné le Prix Frank Ténot aux dernières Victoires du Jazz!

Mais c’est avec son nouveau projet « Electro Trio » « Keys On Fire » accompagné de Lucas St Cricq au saxophone et aux scratches platines et Yoann Serra à la batterie et aux machines qu’il se produisait à Wolfi Jazz le 26 juin!

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Lucas St Cricq joue à la fois du saxophone et des scratches Hip Hop sur une platine (toujours avec le même disque vinyle), ce qui est une configuration rare mais intéressante.

Coulondre quant à lui est bon claviériste, mais quand il passe au clavier nord, c’est Jimmy Smith dans les dérapages incontrôlés et le grain du son à l’ancienne.

Lucas St Cricq est aussi capables de belles envolées pop lyriques au saxophone poussées jusqu’au funky, les claviers restent toujours groovys même en soutien rythmique, font écho à ses scratches sur la batterie dubstep. Une bonne cohésion entre ce trio improbable. Certains morceaux n’ont pas encore de titre, et on peut en proposer.

Je proposerais « DEEP MOOD », deep pour le clavier, mood pour le saxo pour l’impressiion générale.

« Schyzophrènia » est son dernier album sorti sans St Cricq ni Serra, avec basse et batterie, repris avec une bonne accélération Schizophrénique rythmique avec le silence avant la reprise du saxo dans le son des claviers entre clair et saturé de l’aigu au space, au drame psychiatrique de la batterie rapide et lent à la fois dont Coulondre semble s’amuser comme un môme.

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Batterie, Claviers et Scratches, mais unité et cohésion des effets énergiques produits !

Suit un reggae sans titre au saxo modifié par les effets puis cool que j’appellerai « SMOKE WALKS » avec un côté Stevie Wonder dans le son!

Si l’instrumentarium est surprenant de prime abord (surtout le sax & scratche), la cohésion d’ensemble, l’écoute et la ferveur déployée dans l’improvisation rend l’ensemble moderne, vintage et surprenant à la fois! A découvrir !

Jean Daniel BURKHARDT

mercredi, août 17 2016

LES KRAKENS et LA MASTER CLASS de REMI PSAUME à WOLFI JAZZ

Le dimanche 27 Juin je n’ai vu que la fin de cette fanfare Afro Beat au look punk Les Krakens: Boris de Loeper casse claire, percussions, voix, Maxime Aubry grosse caisse, percussions, voix, Lucien Larquère Soubassophone, Romain Marchal guitare électrique, Bruno Lanchais trombone, Luc Lethuillier trompette et Jean Michel Mercier sax alto qui débutaient les concerts gratuits à 15 h 30.

J’ai surtout apprécié leur reprise Ska/ New Orleans presque méconnaissable aux bons cuivres et vocaux collectifs de «It’s All Over Now » des Rolling Stones faisant danser un hippie ou métalleux chevelu local!

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Suivait le résultat de la Master Class de Rémi Psaume, saxophoniste d’ITJ qui reprit au saxophone baryton avec des saxophonistes de tous âges et une clarinette mi bémol «Haitian Fight Song » de Charles Mingus et même quelques titres de musique éthiopienne de Mulatu Astatké, comme « Yekermo Sew », ce qui est plus rare!

Ce n’était que le début de l'après-midi!

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, août 16 2016

ST GERMAIN à WOLFI JAZZ

Pour finir cette soirée du Samedi 26 juin à Wolfi Jazz, on pouvait entendre Ludovic Navarre alias St Germain, dj qui s’est fait connaître avec « Boulevard », produit par Laurent Garnier, élu meilleur album 1995 par la presse anglaise, puis « Tourist » en 2000 sur le label Blue Note, vendu à 800 000 exemplaires en France et 4 millions dans le monde, avec le tube « Rose Rouge » alliant avec bonheur cuivres Jazz, groove Funk, voix Soul et rythmique House avec succès sur les dancefloors.

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Il nous est revenu récemment avec « St Germain », où il remonte aux sources du blues dans les musiques Africaines qu’il défend sur scène avec des musiciens africains.

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Je suis étonné du nombre de musiciens africains : percussions, batterie, saxo , basse, guitare, kora et de la place qu’il leur laisse au premier plan, lui étant en retrait derrière ses platines et son ordinateur à balancer ses samples. Il faut dire que j’avais une mauvaise opinion de lui, car au plus fort de son succès dans les années 2000 je m’étais laissé dire qu’ après les avoir laissés jouer en intro, il faisait les solos à la place de ses cuivres saxo et trompette sur scène, ceux-ci montrant ostensiblement qu’ils ne jouaient pas en exhibant leurs embouchures dans l’air, puis appris qu'il s'était défilé invité à jouer avec Herbie Hancock sur sa machine ce qui avait choqué le fan de musique surtout live que j’étais. C’est pourquoi je ne l’ai jamais vu sur scène!

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Les premières voix Africaines féminines de l’album sur « Sittin’ Here » rejoignent les expériences de Frédéric Galliano et ses African Divas avec une touche de blues.

« Real Blues » est une réussite mixant la voix du Bluesman John Lee Hooker et des koras Africaines sur l’album comme en live.

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Mais c’est surtout « Rose Rouge » qui met le public en délire.

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« Sure Thing » qui utilisait déjà un sample de la voix de John Lee Hooker, gagne avec ces musiciens et les solos de saxo et guitare Blues.

« So Flute » gagne aussi en live quand le saxo se met à la flûte.

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Il manquait peut-être l’afro-cubain « Soul Salsa soul », moins connu mais au bon parfum d’ « Oye Como Va » de Tito Puente.

Comme il l’a dit lors d’une interview « c’est du club », certes, mais « c’est un club jazz».

A la sortie j’ai vu son énorme bus où il vit et tourne avec ses musiciens!

Jean Daniel BURKHARDT

lundi, août 15 2016

GOGO PENGUIN à WOLFI JAZZ

GoGo Penguin est un groupe de jazz originaire de Manchester au Royaume-Uni. Il est composé du pianiste Chris Illingworth, du bassiste Nick Blacka, et du batteur Rob Turner qui se sont rencontrés au Collège Royal de Musique du Nord. Selon les critiques, ils se démarquent pour leurs rythmes imprévisibles, les mélodies contagieuses du piano, la puissance de la basse, ainsi que leurs riffs très entraînants.

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Les effets font penser à EST (Esbjörn Svensson Trio) dans la contrebasse accèdant à la saturation sonore électrique par la voie Hendrixienne, le piano obsessionnel et la batterie drum’n’bass.

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Mais là où EST essayer de monter de l’accoustique vers l’électrique par une intensité progressive, GoGo Penguin part d’un aspect paysagiste hypnotique et envoûtante de la musique de film à la John Cage pour atteindre à l’intensité électronique par des moyens purement rythmiques et acoustiques et l'interaction des trois "voix" des instrumentistes.

La démarche serait donc pour ainsi dire inverse.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

vendredi, août 12 2016

ERIK TRUFFAZ à WOLFI JAZZ

Le trompettiste Erik Truffaz, c’est un succès surprise et inattendu d’un Jazz cool à la Miles Davis (il a découvert le Jazz avec « Kind Of Blue ») flirtant parfois avec la modernité électro, drum’n’bass, le Hip Hop (avec Nyah) et le funk ou le Rock dans l'attitude et le son à la Led Zep (The walk Of The Giant Turtle) suivi depuis « The Dawn » à la fin des années 90s par le public mais avançant à chaque rencontre, projet et disque vers de nouvelles expériences tout en gardant son style. Le batteur historique Marc Erbetta a laissé sa place à Arthur Hnatek mais Marcello Giuliani est toujours à la guitare basse et Patrick Muller aux claviers.

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Erik Truffaz est une fois n’est pas coutume coiffé d’un chapeau noir ce qui lui donne un côté plus Jazz, dont il use avec l'ironie d'un sourire.

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Il joue de la trompette à l’ancienne, mais change le son par des effets sidéraux (comme Miles avant lui dans les années 70s) sur une bonne rythmique Funk, Erik Truffaz ce serait le Miles Cool des années prolongé dans le Miles électrique (alors que Miles ne voulait plus entendre parler de ces « résidus de poubelles écrits par des blancs comme "My Funny Valentine"»).

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Il commence par « Fat City », le morceau le plus rock à la « The Walk Of The Giant Turtle » ou le plus rythmé du dernier album « Doni Doni » où il part le plus dans l’aigu.

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Il continue avec « Pacheco » également du dernier album, plus cool mais sur un sol imperturbable de claviers scintillants groovys avec bons solos/ guitare basse/ batterie drum’n’bass, qui finit en Blues sur une basse à la St Germain qui terminera la soirée.

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Mais contrairement à tous les concerts où je l’ai vu (avec Ilan Ersahin ou pour Arkhangelsk la veille de l’élection annoncée de Sarkozy en 2002 « un président qui a emprunté la moitié de ses idées à Berlusconi et l’autre à Le Pen », il avait « dédié ce concert aux gens de gauche », mais ne le « referait plus aujourd’hui » m’a-t-il dit après le concert, comme Hollande, soi disant socialiste, a presque fait pareil!), il ne joue pas que le dernier album mais aussi « Less » extrait de « Bending New Corners » en 1999 (date où je le connaissais à peine et donc ne pouvais le voir en concert) sur de belles harmonies de basse polar funky et batterie drum’n’bass et trompette très aiguë à la Miles.

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Il revient à plus récent avec « El Tiempo De La Revolucion », titre éponyme de l’avant-dernier du Quartet (http://www.deezer.com/album/6000931), mariachi lent aux claviers dub enveloppants, belle progression sur la batterie et la basse naturelles qui soudain se lève sur les effets presque guitare wah wah du clavier. Il y a toujours chez Truffaz cette évidence de la rythmique et la place de la trompette dans cet écrin, comme dans Kind Of Blue : la musique est partout car se fond avec l’atmosphère universelle, intemporelle.

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Erik Truffaz invente un néo Cool 2.0 aux allures de chill-out pour le confort moelleux par la lenteur avec sourdine sur des balafons de claviers synthétiques puis pousse ses trilles sur le clavier lent. ou la batterie étouffée.

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Si Miles a adapté/ prolongé le Jazz vers le Rock et le Funk plus apprécié de la jeunesse des années 70s, Truffaz donne au Cool l’habillage électro sans la rupture stylistique que s'était imposée Miles. D'ailleurs la musique de Truffaz coule de source, entre lyrisme et modernité.

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Il reprend même « Yuri’s Choice » de « The Dawn » avec lequel je l’ai découvert, le premier titre à m’avoir touché par la montée irrésistible du piano sur le tempo drum’n’bass et le piano sautillant et la basse gardant l’authenticité jazz acoustique, réorchestré sans la voix de Nya, ce qui permet de mieux apprécier la musique.

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Comme Miles, sans danser, Truffaz utilise l’espace, jouant face au sol de la scène « Doni Doni » () sur une bonne basse funky et des claviers à la Sly Stone, mais avec aussi un côté groove Africain bambara, mais aussi dans la mélodie la basse d’« Old Devil Moon » de Chet Baker remis au goût du funk et d’un bon clavier strident façon Sun Ra ou Xénophone saturé de Bojan Z ou son dernier Boto Brazillian Quartet,album brazil mais très moderne dans ses claviers! D’après Alain Gerber dans « Chet », Chet écoutait « Tutu » de Miles Davis sur un walkman à la fin de sa vie. Chet a rêvé d'être Miles toute sa vie! Truffaz réconcilie l’émotion lyrique intemporelle de Chet et la modernité évolutive de Miles.

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Un très beau concert d’une indiscutable cohésion entre son quartet et Truffaz !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

jeudi, août 11 2016

AIRELLE BESSON QUARTET à WOLFI JAZZ

J’avais pu découvrir la trompettiste Airelle Besson avec le groupe Rockingchair avec Sylvain Rifflet, puis à Wolfi Jazz en duo avec le guitariste Nelson Vèras il y a deux ans. Elle nous revenait à 18 h 30 le samedi 25 juin avec son propre quartet qui venait d’enregistrer « Radio One », une première pour la chanteuse Lynn Cassiers, Benjamin Moussay aux claviers (presque un régional de l’étape, il a grandi à Illkirch et jouait dans un autre fort, le Fort Ulrich), et Fabrice Moreau à la batterie.

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Elle commence « Boo Boo » composé pour Rockingchair, encore plus lente, à la Ibrahim Maalouf et avec Lynn Cassiers à la voix derrière les claviers puis une accélération progressive évolutive très efficace, mais sans guitare.

Benjamin Moussay change de son, plus électrique, puis sur deux claviers (c’est un sorcier des claviers depuis « Swimming Pool») puis break de la batterie avec la voix en contrechant de la trompette pour « Radio One ».

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Ils continuent avec « All I Want », avec après les cris dissonants étouffés, la petite voix pop acidulée et adorable de Lynn Cassiers à la Björk quand elle est calme, puis avec la trompette centrale mais restant atmosphérique par les effets électroniques qui changent un peu le son instrumental en live, le déplaçant, comme détachée du reste et en faisant pourtant partie.

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Après quelques effets de bouche de Lynn Casiers sur les descentes de piano, ils entament « The Painter & The Boxer ». Le traitement sonore est contemporain par le placement et l’ubiquité simultanée d’éléments contradictoires mais émotionnellement pop et improvisée ce qui le rend accessible. Ils jouent ensemble, mais comme depuis l’harmolodie d’Ornette Coleman pas chacun les même choses, incarnant d’autres voix.

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Dans « La Galactée », le rapport entre piano et voix fait pense par son côté hypnotique à « Einstein On The Beach » de Philippe Glass, puis est soudain plus rythmé sous l’impulsion de la trompette sur le piano, puis la voix reprend en chanteuse Nordique à la Sidsell Endresen.

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Ils terminent avec «No Time To Think» sur un tempo plus heurté et rythmé, la chanson la plus dansante entre claviers et breaks de batterie sur la voix pop aux longueurs plus prolongées d’échos par les effets à la Brian Eno, mais la pluie se mit à tomber.

Super concert, projet à suivre!

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

mardi, août 9 2016

ITJ REVIENT A WOLFIJAZZ

ITJ () est né à Wolfi Jazz il y a quatre ans en 2012 de la rencontre du saxophoniste Rémi Psaume avec le groupe In Time Jazz (Matthieu Drago batterie, Louis Haessler basse, Raphaël Szolosy guitare). « La musique à laquelle ITJ adhère est celle d'un cocktail de groove orienté vers le molotov : le poing levé vers des champs d'influences divers et variés, pour une musique énergique à 360 degrés, prête à faire exploser les cadres et les critères. » Ils viennent de sortir ce printemps «Re/Enter The ghost » .

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C’est d’abord l’orage sonore funky de «Moneyless Man» dédié à « Mark Boyle, testeur d’vie radicalement faite de dépossession monétaire», puis « Walter S » dédié à « Walter Steiner, éternel refoulé des pistes de ski sur lesquelles il s’évertuait à sauter » mais héros d’un film de Werner Herzog, opposants à la compétition financière ou sportive actuelle.

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Autre belle idée dans cet album qu’ils ont voulu donner autant à penser qu’à entendre, « Africa is a Croncrete Utopia » avec Boni et Dobet Gnahoré et Moussa Coulibaly qui les emmena au Burkina Faso, tout en maintenant une bonne énergie dans le groupe et le solo de saxophone me fait plus penser à Steve Coleman sur la batterie puis rejoint les autres avec la liberté de Jam électrique de Miles Davis à l’Isle de Wight, avec des effets Breckeriens sur le saxo en faisant presque un accordéon/ mélodica.

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Suit « Méditerranée » (http://www.dailymotion.com/video/x1tmp1v), plus flamenco dont la basse me fait penser à Carles Benavent (avec Jorge Pardo, avec un beau solo de guitare, puis une envolée du saxo balkanique et volubile à la Julien Lourau poussée jusqu’au cri avant de revenir au thème

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Un autre solo de saxo de saxo m’a fait penser à « A Love Supreme » de Coltrane, la fin d’Acknowledgement juste avant les interventions vocales.

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Ils finissent par ce « Re-Enter The Ghost », hommage à Jacques Derrida invitant Hamlet « pour réfléchir à un monde « qui sortait de ses gonds » et à ses incertains lendemains » dans Spectres de Marx en 1993.

Pour le bis, la guitare prend un son de sanza (piano à pouces africain) ou de balafon avant un final en fanfare à l’énergie rock métal !

Bref un groupe libre et énergique mais qui donne aussi à penser à un monde meilleur.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

JOSE CAPARROS QUINTET AVEC MICHAEL CHERET A WOLFI JAZZ

Le samedi 25 juin, les concerts commençaient sous les Douves et gratuits à 15 h 30 avec le trompettiste hard bop Varois José Caparros en Quintet avec l’excellent Michael Cheret applaudi l’an dernier au saxophone. « Musicien généreux et infatigable avec un son puissant, rond, fluide et souple, José Caparros est dans la traditions des hard boppers. On a pu l’entendre auprès de nombreux musiciens de haute volée (Riccardo Del Fra, Greg Abate, Bobby Porcelli, Dominique Di Piazza, Thierry Elliez, Siegfried Kessler, JeanMichel Proust, Philippe Petrucciani, Ahmet Gûlbay le batteur François Laudet, L’organiste Italien Oscar Marchioni, Jean Loup Longnon la pianiste japonaise Junko Moriya ; Le batteur japonais Hidehiko Kann le pianiste Pierre Christophe , le batteur Michel Denis Etc…… ) et avec son ami Nicolas Folmer (programmateur de Wolfi Jazz) dans un quintet à deux trompettes. Professeur diplômé d'état il enseigne au sein du département jazz (conservatoire) de Toulon, la pratique du répertoire l'harmonie jazz et un cours de culture musicale jazz.»

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Michael Cheret est toujours aussi tiré à quatre épingles, gilet et cravate (mais peut-être les mêmes que l'an passé) lyrique et Lesterien , avec le jeune batteur Thierry La Rosa, le contrebassiste noir Felipe Cabrera connu avec le Paris Cuban Project à la batterie et Wilhelm Coppey au piano.

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J’arrive sur un titre de sa composition qui me rappelle le standard « Tangerine » dont Woody Allen a utilisé la version de Dave Brubeck et ils terminent avec « Barbara » d’Horace Silver pour son épouse, pianiste Hard Bop d’Art Blakey qui fit du terme funky (à l’origine une insulte blanche raciste) un terme positive appliqué au Jazz avec son Opus de Funk.

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Bonne contrebasse et batterie, piano funky et bons unissons saxo trompette, puis Cheret s’envole toujours à la Stan Getz entre West Coast, Cool et Hard Bop dans son solo mais reste bien dans la rythmique et Caparros fait penser dans la justesse de ses envolées () lyriques ou Bop à Clifford Brown ou son maître Fats Navarro. Les deux souffleurs ont surtout de le talent de l’écoute et du respect de l’autre et le respect de la section rythmique de toujours revenir au tempo après leur solo qui ne s’en éloigne pas trop. Bon solo de contrebasse également entre les accords de piano un rien Bossa citant « Etrangère au Paradis » de Gloria Lasso mais le fait ressembler à un standard de Jazz et martèle bien dans le fond des touches funky avec la touche latine de « Que Pasa » sur « Song For My Father » d’Horace Silver pour son père Cap Verdien.

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Ils finissent d’ailleurs par « Cherokee » de Ray Noble en tempo medium avec contre chant de saxo sous la trompette à la Stan Getz meets Chet Baker: Stan Getz adorait Chet pour ses disques avec Gerry Mulligan et offrit de le remplacer, mais il s’aperçut que Chet reprenait ses phrases musicales pour les magnifier au lieu d’inventer les siennes ! Ce qui n’est pas le cas ici !

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Puis belle envolée de trompette à la Miles (pas aussi rapide que la version de Clifford Brown mais citant tout de même sa phrase initiale ralentie, et piano bien aussi à la Dizzie Gillespie/ charlie Parker avec accélérations Powelliennes au Massey Hall (la dernière rencontre de Diz et Bird). Le solo de saxophone volubile rappelle le «It Don’t Mean A Thing » de « Diz & Getz » où Diz avait décidé de prendre Getz en sandwich entre lui et Sonny Stitt mais il ne se laissa pas faire. Il y eut aussi un super solo de batterie alors qu’ils avaient très peu dormi d’après Caparros!

En tous cas ça fait du bien d’entendre du bon vieux Hard Bop Cool pur jus!

Jean Daniel BURKHARDT

jeudi, août 4 2016

SELAH SUE A WOLFI JAZZ

Le vendredi 24 juin, la chanteuse belge Selah Sue se produisait à guichets fermés à Wolfi Jazz après Thomas Schoeffler Jr et Olivier Gotti, que j’ai ratés pour cause d’orages.

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De son vrai Seanne Putseys, Selah Sue a commencé sa carrière en parallèle avec des études de psychologie («Selon elle, étudier la psychologie l'a aidée à mieux comprendre les émotions humaines, qui jouent aussi un rôle dans ses activités musicales.»)

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Après le succès de son premier album « Raggamuffin » () disque de platine il y a quatre ans, elle a sorti en 2015 « Reason », plus Soul et Pop qui m’a davantage touché, surtout le premier titre, « Alone » qui reste la plus funky sur scène.

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A mon entrée sous le chapiteau bondé de fans (la pop soul marche mieux que le Jazz de nos jours), c’est surtout la présence hallucinante et la puissance musicale, émotionnelle et évocatoire pop de la chanteuse qui me frappe, même de loin de la scène, soutenue par un super groupe (Joachim Saerens claviers, Erik Rademakers basse, Jordi Geuens batterie, Yannick Werther guitare, Stéphane Rugurika et Judith Okon chœurs) aux bons solos en plus du soutien rythmique, claviers soul, guitare et basse funky et batterie efficace, mais sa voix reste au premier plan, elle fait du beat box et harangue le public de ses « yeah yeah ».

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En plus elle a de jolies fanes, j’en avais une toute bronzée dansant à côté de moi !

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J’avoue ne pas connaître et donc reconnaître ses chansons mais j’apprécie le spectacle sans les connaître, l’éclectisme des arrangements allant du funk au rock, à la pop, au folk ou à la soul et les cuivres synthétiques du claviers! Et puis c’est une vraie star, elle n’a pas besoin de moi !

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Une des chansons me fait penser à la biguine « Tatoué Jérémie » de Gainsbourg qu’elle ne doit pas connaître, chacun ses références, et dont je ne lui souhaite pas le sort, ni à moi, même avec le prénom de ma jolie voisine qui a déjà deux hommes sur sa peau, alors!

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Il faut dire aussi que comme Charlie Parker déclarant à Miles Davis dans « L’homme à l’affût » de Julio Cortazar « cette note je l’ai déjà jouée demain! », Selah Sue aime à changer ses chansons sur scène, ralentissant ou accélérant le tempo.

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Elle poursuit sa guitare folk en bandoulière pour mettre le « Fyah Fyah » dans le style raggamuffin énergique du premier album qu’au moins je reconnais!

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Elle continue avec « I won’t Go For More », ballade Soul Rock dans l’aigu. Sa voix me fait d’ailleurs penser à Jeff Buckley dans chanson suivante.

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Elle continue avec « Sadness » avec de beaux chœurs Soul groove puis pousse jusqu’au Ragga Hip Hop.

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Elle termine en Bis par « Building Bridges » sur la batterie.

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Une vraie bête de scène soutenue par un bon groupe, même si je ne connais pas les chansons. Et ses musiciens sont de vrais gosses qui jonglaient avec les fleurs artificielles pendant le bis!

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Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, août 1 2016

THE LOG HOUSE SOLO A LA POPARTISERIE

Je ne connaissais pas Log House, j’ai juste aimé la photo de cette maison bleue sur les collines verdoyantes comme celles de Frisco adossée à la mer et un article des DNA : «Log House prend le temps de peaufiner son répertoire, parfois en groupe, parfois en duo, toujours en toute confidentialité, et leur registre pop/folk s’inscrit dans une tradition de songwriting épuré et fragile, qui lui confère une dimension poétique et résolument humaine. A écouter sur le bandcamp de Loghouse. un répertoire musicalement excellent, mélodiquement parfait (Journal l’Alsace 2.4.2011) de la poésie au détour de chaque accord, ... des mélodies qui fleuraient bon les calmes Seventies (DNA 3.5.2011) »

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Mais c’est juste la maison idéale de la chanteuse Valérie K!

« Dans une vie rêvée, la cabane de Log House serait nichée au bord d’un lac au coeur des vastes forêts du Maine. Dans la vraie vie, Log House, alias Valérie K, promène ses chansons intimistes aux mélodies tenaces, en configuration voix, guitare/banjo. Comme une envie de simplicité, un retour aux sources d’une folk originelle, habitée par les oeuvres de Richard Brautigan, Jack London, Hank Williams, Bob Dylan, Jonathan Richman, American Music Club, Red House Painters, Yo la Tengo...» disait la présentation.

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N’empêche même toute seule (et le premier concert depuis trois ans) avec juste un banjo à réaccorder entre chaque titre, une guitare folk, un harmonica au cou et une cymbale de clochettes au pied et sa voix, ça le fait!

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On pense en écoutant ses compositions à un monde d’amis chaleureux (elle en a déjà, un fan club de colmariennes bronzées et magnifiques au premier rang) dans cette maison bleue pour se consoler des amours ratées comme dans les chansons qu’elle reprend avec émotion. Si elle avoue avoir un peu les pétoches et avoir été presque forcée de se produire, les « Yooha !» restent à propos même s’ils font sourire, et cette simplicité est touchante.

On peut découvrir deux titres par son groupe «The Log House » qu’elle reprend "dans une ambiance feu de camp" (mais l’assurance de la Popartiserie ne permettrait pas qu’on en allume un).

Mais le pied de micro est orné de leds qui le font ressembler à la grue de noël brillant toute l’année devant la Bibliothèque Malraux où j’ai déjà croisé Valérie K!

Il y a aussi au premier rang la violoniste de son groupe d'il y a 20 ou 30 ans mais elles ne les font pas.

La chanson suivante a une histoire digne de Richard Brautigan : Il y a un an, elle voyageait aux Etats-Unis et dut quitter BrooklIn (dans le Maine où on cultive des super myrtilles, pas à New York) pour Manhattan, c’est pourquoi la chanson de Norah Jones « Back To Manhattan » (trouva chez elle un certain écho).

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« Une petite dernière, ça met pas la patate patate, mais j’suis trop vieille pour le Rockabilly», « «Lotta Love » de Neil Young en 1979 lui semble-t-il (dont sa version préférée est celle de Nicolette Larson, car elle n'est pas triste et même gaie).

Elle finit par un bis « dans le même esprit, j’vais pas vous réveiller comme ça ! », « pour rester sur notre petit nuage » dit la violoniste : « I don’t wonna know about evil, just wonna know about love » de John Martyn, au vu des récents évènements pas très gais!

Je préfère cette douce mélancolie des grands espaces au monde actuel.

A suivre !

Jean Daniel BURKHARDT

mardi, juillet 26 2016

RICHARD BONA & MANDEKAN CUBANO A WOLFI JAZZ le 23 JUIN 2016

Né en 1967 dans la Haut Sanagra au Cameroun, le bassiste Richard Bona est arrivé après Paris (où il fut bassiste d’Higelin) aux Etats-Unis (où il accompagna Larry Corryell), où son talent de bassiste électrique à la Jaco Pastorius (dont il reprit « The chicken » sur scène à la Salle du Cercle Bischeim) en fit un sideman très recherché, et par retour d’ascenseur, lorsqu’il commença sa carrière en solo en 1999, les plus grandes pointures du Jazz américain enregistrèrent avec lui sur ses deux premiers albums en 1999!

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Il faut dire que sur scène aussi, il sait se faire apprécier du public! A Bischeim il avait fini par dire « Je vais m’installer à « BischEm » ! Chante avec moi BischEm ! » Et il y a trois ans il avait déjà conquis Wolfi Jazz ! Et cette année le public scandait même carrément "RI-CHARD PRE-SI-DENT!"

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Mais cette fois c’est avec un nouveau projet qu’il venait à Wolfi Jazz , le « Mandekan Cubano » avant l’enregistrement du disque sorti depuis (https://www.youtube.com/watch?v=bSZys86fItA) « Heritage » (http://www.deezer.com/artist/13921), accompagné de Ludwig Alfonso batterie, Rey Alejandro trombone, Dennis Hernandez à la trompette, le pianiste Osmany Paredes (https://www.youtube.com/watch?v=_6fNYw4cdkA) et le percussionniste Luisito Quintero (déjà présent sur l’album « Tiki » sur le titre afro cubain «O sen Sen Sen».

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Quant au percussionniste Roberto Quintero, il a fait ses classes dans le Jazz Afrocubain en accompagnant sur le guaguanco de Tin Tin Deo dont la première version vocale de Chano Pozo (percussionniste père du Jazz Afro-cubain fut enregistrée avec James Moody.

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Il a accompagné la version revisitée par le batteur d’époque de Dizzy Gillespie (qui le joua en version instrumentale du bop au funk) qui connut bien Chano, Roy Haynes dans sa propre version avec les Fountain Of Youth sur l’album Roy-Alty.

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Richard Bona arrive le front ceint d’un turban blanc comme souvent pour ce projet ( pour faire Guaguanco ?), il reprend le classique « Bilongo », composé en Son en 1937 par Guillermo Rodriguez Fiffe, popularisée par le papy Cubain Compay Secondo sous le nom « La Negra Tomasa » (son dernier tube) d’après l’improvisation du pianiste Ruben Gonzales du Buena Vista Social Club sur « Mandinga » , et est modernisée ici en Salsa par les cuivres, le piano et un super solo de trombone. C’est logique pour ce projet car Mandinga se réfère à la tribu Africaine des Mandikin qui donne peut-être son nom à ce Mandekan Cubano.

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La plupart des morceaux semblent connus dans leur version Cubaine oui Africaine, ou juste fidèles à cette tradition comme l’ « Agua Pa Mi » () de Celia Cruz et la Sonora Matancera Salsamuffinisée par Sergent Garcia.

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Il faut dire que la Salsa fut une OPA lancée de New York par le label Fania sur la musique Cubaine où Irakere faisait de la Salsa sans le savoir! Il fallut attendre à cause du blocus le concert du vénézuelien Oscar D’Léon à Cuba pour que les Cubains s’en rendent compte, et que Ruben Gonzales ne réplique avec ses « Estrellas de Areito », dernier disque du trompettiste Félix Chappottin avec Enrique Jorrin le créateur du Cha Cha Cha dirigeant la section de violons, aux « Estrellas de Fania »! Mais c’est aussi pour cela que la musique cubaine a influencé toute la Salsa et y trouva malgré le blocus une renommée mondiale!

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Ils reprirent aussi « Sen Sen Sen » dans une nouvelle version sans l'accordéon de Marc Berthoumieux.

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On put aussi découvrir les nouvelles chansons afro-cubaines écrites pour ce projet comme « Jokoh Jokoh ».

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Ce fut à la fois un bon concert de Salsa et de musique Africaine teinté de Jazz Afro-Cubain, mais si la Salsa m’invitait plus à danser (en plus de quelques brésiliennes noires dans l’assistance) qu’à prendre des notes, j’ai eu plus de mal, pour ce qu’il m’était inconnu, à rentrer dans ce nouveau répertoire !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

lundi, juillet 25 2016

BLICK BASSY à WOLFI JAZZ le 23 JUIN 2016

J’avais déjà écrit un article sur Blick Bassy en 2009 d’après « Léman » entendu sur myspace et conclu : « On sait déjà qu’on a affaire à un compositeur original et bon arrangeur aux influences pas seulement Africaines avec le début de cet album rappelant d’autres réussites récentes en musique Africaine mais à l’émotion universelle comme par exemple Daby Touré, qui font du bien en faisant danser les pieds, consolant le cœur, tout en faisant s’envoler l’âme et l’esprit jusqu’aux étoiles. »

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Mais je ne l’avais jamais vu en concert. Blick Bassy a depuis enregistré « Akö » au banjo, guitare et à la voix avec le violoncelliste Clément Petit, qui accompagne aussi la chanteuse Ala.ni (http://www.ala.ni/) publiée sur le même label « No Format » que Blick Bassy, et le claviériste et tromboniste Johann Bland qui l’accompagnaient ce 23 juin à Wolfi Jazz en première partie de Richard Bona. Un résumé de la signification des chansons est distribué gratuitement à l’entrée sur un flyer cartonné, initiative sympathique!

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Il commence par « One Love » en intro a capella suivi d’un tournoiement d’effets sur sa voix samplée.

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Il continue avec le titre éponyme « Aké » sur les efforts sans convoitise dans la vie avec violoncelle et trombone en écho d’harmonica accompagnant sa voix funky et émouvante.

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Très influencé par le Blues, Blick Bassy a composé la chanson suivante devant la photo du Bluesman Skip James (1902-1969) à la bouleversante voix aïgue comme lui qui lui a donné la force de persévérer car sa vie a été dure (il a publié seulement deux albums, un avant et un après la deuxième guerre mondiale et quelques lives avant la mort de Skip James en 1969). «Ce cliché d'une grande intensité, Blick Bassy l'a collé sur le mur de son salon - comme on peut afficher chez soi le visage des aïeux qu'on a aimés et qui continuent de nous accompagner. Un soir glacial de l'hiver 2012, alors que le chauffage de sa maison a la mauvaise idée de tomber en panne, c'est lui qui, d'une certaine façon, va le réchauffer. Lové sous une couette sur son canapé, le musicien, pinçant les cordes de sa guitare pour conjurer le froid, croise le regard d'airain de Skip James. Bientôt, des mélodies prennent forme sous ses doigts. Fluides et légères, les notes s'élèvent en volutes entêtantes, quittent bien vite l'ancrage terrien du blues pour prendre les atours d'une musique sans âge ni ancrage, comme en suspension dans l'air et le temps.» (livret Akö, No Format)

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La guitare de Blick Bassy joue «Kiki » sur la perte de l’entraide dans les communautés traditionnelles africaines, avec un blues skiffle rapide de la guitare, puis un autre rythme africain plus rapide sur le trombone en fanfare dans le final. Ce trio a une belle cohésion à trois. Peut-être un sample de Skip James ? Cette alliance de Blues et de musique annonce aussi St Germain samedi dans ce même festival entouré de musiciens Africains.

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Mais le public bavarde à voix haute pendant l’intro de violoncelle du morceau suivant. Blick Bassy l’arrête et dit qu’ils sont venus « partager l’amour et le violoncelliste a besoin de toute sa concentration pour cela !»

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Ils continuent avec Ndjè Yèm sur l’abandon des traditions ancestrales quand les jeunes quittent les villages d’Afrique pour les villes, tempo lent bouleversant au trombone Blues sur les effets d’oiseaux de l’archet du violoncelle. Quelque chose rappelle dans cette chanson rappelle l’authenticité émotionnelle de Bonga dans « Mona Ki Ngi Xica » dans l’usage modernisé des instruments Africains ou Afro Brésilens comme l’arc musical berimbau qu’imite le violoncelle de Clément Petit en intercalant une baguette de vibraphone ouatée entre les cordes et la caisse.

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« Tell Me » est un autre ballade à la mélodie magnifique sur l’abandon des racines par les descendants avec de beaux traits du violoncelle à l’archet dans l’aïgu après les strophes et un soutien rythmique en pizzicato de la voix tandis que le trombone passe aux claviers et samples discrets.

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« Il y a 270 langues parlées au Cameroun en plus du français et de l’anglais. Alors comment se comprendre? » explique Blick Bassy, d’où l’utilité d’une chanson dans une de ces langues, le lingala, « parce que sinon la majorité de ces langues risque de disparaître.»

Il poursuit avec la chanson la plus jazzy et entraînante de l’album, « Wap Do Wap » qui me fait penser à une version africaine modernisée du gospel « Down On The Riverside » avec un trombone très funky. Il la termine en leçon de lingala pour le public lui faisant répéter après lui « Ehe He Wa Eheche !» sur les cordes amplifiées d’effets légers et de samples.

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Blick Bassy dit « L’amour est ce qui nous fait tenir, alors ouvrez votre cœur c’est gratuit ! Bientôt on mettra une taxe sur le sourire ! »



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Et il continue avec « One Love», cette fois en trio avec glissandos de violoncelle et le violoncelle en basse pizzi sur les claquements de mains et chants du public enfin conquis qui se lève pour une standing ovation de cet artiste authentique et simple et redemande même un bis.

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Arrivé en France du Cameroun il y a 10 ans, Blick Bassy a même écrit un roman chez Gallimard, « Le Moabi Cinéma » sur l’immigration.

A son arrivée, une amie lui a parlé de sa grand-mère en maison de retraite. En Afrique on garde les parents et grands parents à la maison jusqu’à la fin (il dit « ce serait même mon père qui me mettrait en maison de retraite ! », elle dit « on les laisse entre eux comme ça c’est cool. », mais lui dit qu’il faut prendre exemple sur les animaux : « Abandonne les tiens, c’est ton avenir que tu condamnes.»

Il termine avec « Mama »!

Belle découverte entre Folk et improvisation, acoustique et une touche d’électronique !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos du Concert Patrick Lambin

samedi, juillet 16 2016

ARCHIE SHEPP ATTICA BLUES BIG BAND à WOLFI JAZZ

L’évènement de cette soirée du 22 juin à Wolfi Jazz, c’était Archie Shepp et son Attica Blues Big Band.

En septembre 1971, la prison d’Attica aux États-Unis se soulève suite à l’exécution par des gardiens d’un Black Panther engagé en faveur des droits civiques. Lors de cette révolte violente, après avoir tenté une vie collective dans la prison, 39 détenus noirs meurent dans un véritable bain de sang par la répression, renforçant le sentiment d’inégalité entre noirs et bancs alors omniprésent dans la société américaine. Archie Shepp, saxophoniste free jazz, décide de dénoncer ces injustices et cet événement tragique par la composition d’un hymne d’amour pour sa communauté avec un orchestre composé de pointures du jazz.

Ensemble, ils mettent en avant un jazz noir américain s’inspirant du blues et des negro-spirituals mais également porteur de sonorités plus soul et funk. Ainsi est né l'album Attica Blues en 1972.

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Aujourd'hui, Attica Blues reste un album incontournable, mythique, qui nous replonge dans la lutte pour l’égalité de toute une communauté, dont il a réenregistré certains titres avec Amina Claudine Meyers ce nouvel Attica Blues Big Band avec François Théberge au saxophone et beaucoup de français dans les cuivres.

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Le spectacle commence par une voix seule (d’Archie Shepp?) rappelant l’histoire d’Attica Blues dans son ancrage historique. Sur l’album originel, l’avocat William Kunstler lisait aussi des textes engagés. En concert, cela met une ambiance spéciale avant la musique.

Ils commencent avec « Quiet Dawn», la chanson la plus étrange mélodiquement de l’album original et la plus émouvante qui le terminait, chantée alors par Waheeda Massey, toute jeune fillette à l’époque capable de pousser les phrases jusqu’aux limites de la fausseté. Mais devant l’émotion vocale, on y perdait peut-être le sens de la chanson, les syllabes si rallongées faisant des mots de la musique. Waheeda est devenue bassiste d’après les photos.

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Dans cette nouvelle version (d'abord reprise par Cecil Mc Lorrin Salvant sur le disque et les premier concerts), ici par Nicholle Rochelle magnifique dans sa robe en fourreau noir lamée avec une émotion héritée du gospel, avec un Archie Shepp plus présent dans ses contre-chants et son solo de saxophone à la limite du Free et avec un big band qui swingue plus entre énergie et fonds sonore émouvants sur le tempo un peu bossa nova suivis d’un solo de Jean Philippe Scali au baryton. Cette version live rallongée d’improvisation, rend plus justice à cette chanson.

Ils continuent avec «Blues for Brother George Jackson » d’Archie Shepp également extraite d’Attica Blues, militant black Panther (membre des Soledad Brothers) mort à quelques jours de son procès en tentant de s'évader. il écrivait dans ses Lettres:

« Ce monstre, le monstre qu'ils ont engendré en moi, se retournera contre son créateur pour son malheur. Du fond de la tombe, du trou, du plus profond du trou. Précipitez-moi dans l'autre monde, la descente aux enfers n'y changera rien… Ils me le paieront de leur sang. Je chargerai comme un éléphant blessé, fou de rage, les oreilles déployées, la trompe dressée, barrissant de fureur. C'est la guerre sans merci.

Toute ma vie j'ai fait exactement ce que je voulais faire lorsque je voulais le faire, rien de plus, parfois moins que je ne souhaitais, mais jamais plus. Et c'est pour cela que je suis en prison… Je ne me suis jamais rangé et refuse toujours de le faire aujourd'hui alors que j'ai déjà passé la moitié de ma vie en prison.

Né pour mourir avant l'heure, domestique, salarié précaire, homme des petits boulots dégueulasses, balayeur, enchaîné, homme de fond de cale, privé de sa liberté, c'est moi la victime coloniale. Toute personne passant aujourd'hui les concours de la fonction publique peut avoir ma peau demain… dans la plus complète impunité. »

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Archie Shepp s’est apaisé avec les années, n’est plus le black panther qu’il était quand il voulait interrompre les concerts de Miles Davis de banderoles militantes (ce que n’appréciait pas Miles), mais sa sérénité n’empêche pas son engagement, comme le montre ce spectacle, peut-être le plus proche de lui et de préoccupations qui sont les siennes depuis toute sa carrière. Il présente les morceaux en français avec un onctueux accent américain d’une voix profonde. Toujours tiré à quatre épingles, cravate, costume et chapeau, Archie Shepp a même été pris en photo pour un livre sur les « sapeurs » (adepte de la sape : le fait de se « saper » pour les africains, caraïbes ou afro-américains!), mais c’est un sapeur pyromane musical, jamais pompier dans les ballades, devenu serein avec l’âge.

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Cette nouvelle version allie le gospel des choristes et l’énergie funky de la basse de l’original rejouée par Darryll Hall et la guitare Blues Rock de Pierre Durand sur le Big Band dirigé par Virgile Lefèbvre, un des saxos français. C’est vraiment un plaisir de pouvoir entendre ce répertoire en live (vu l'urgence du propos et l’actualité brûlante, ils n’ont pas dû beaucoup tourner à l’époque !).

Ils poursuivent avec « The Cry Of My People » de Cal Massey était le titre éponyme d’un autre album d’Archie Shepp en 1972 alliant Funk, Blues et plus encore de gospel.

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Des Gospels, Archie Shepp en a interprétés de magnifiques avec Horace Parlan sur Goin’ Home à la manière lyrique mais libre de Albert Ayler sur un disque du même nom également en duo avec le pianiste Call Cobbs.

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Les chanteuses rappelaient à certains moments les chœurs afro-cubains du guaguanco de Tin Tin Deo dans la première version vocale de Chano Pozo avec James Moody : ce peuple, n’est pas qu’afro-américain, mais aussi afro-cubain, afro-brésilien ou africain.

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Ceci annonce aussi le concert de Richard Bona du lendemain avec Roberto Quintero qui accompagna le batteur d’époque de Dizzy Gillespie (qui le joua en version instrumentale du bop au funk) qui connut bien Chano, Roy Haynes dans sa propre version.

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C’est beau de voir ce répertoire reprendre vie sur scène grâce à ce Big Band avec de magnifiques solos de trompette du classique de Louis Armstrong au Bop de Clifford Brown soutenues par le Big Band.

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Dans ses solos, Shepp joue dans et hors de l’orchestre, alternant liberté free et lyrisme swing sur la section rythmique avant un bon solo de piano de Tom Mc Clung alliant lui aussi swing et free comme le faisait Jaki Byard.

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Ils continuent avec « Steam » (fumée, vapeur), magnifique chanson et mélodie composée en hommage à son cousin mort lors des répression policières à 15 ans lors d’une manifestation pour les droits civiques noirs, enregistrée sur Attica Blues en deux parties vocale par Joe Lee Wilson et plus instrumentale sur des cordes, alliant une allégresse rythmique du saxophone à une motif mélodique mélancolique.

Depuis plus de dix ans que je suis Archie Shepp en concert dans la région, il la chante souvent d’une belle voix de crooner (je me souviens d’un concert à Brumath).

Ici elle est chantée en duo avec Marion Rampal dans une magnifique robe rouge, avec Archie Shepp au saxophone soprano, avec les cuivres reprenant le motif rythmique allègre comme l’envol d’un ange devant de beaux fonds sonores, suivis d’un beau solo de piano remplacent les cordes par leurs harmonies.

Shepp la chante peut être avec plus de ferveur et plus dans l’aigu que seul plus dans les basses d’une voix de crooner.

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Avec ce big Band, Archie Shepp peut s’exprimer en toute liberté, improviser ou rester proche du thème.

Suit «Come Sunday » un gospel du répertoire spirituel de Duke Ellington, qui l’écrivit pour sa « Black Brown & Beige Suite » pour son tromboniste Ray Nance (pour l’occasion au violon) pendant la guerre, puis l’enregistra avec la grande chanteuse gospel Mahalia Jackson et son saxophoniste Johnny Hodges le reprit dans son « Sacred Concert » () en 1966.

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Pour ce qui est d’Archie Shepp, il le joue depuis « The Cry Of My People» et en live depuis un concert en 1977 à Copenhague, une version très free à la Albert Ayler, puis le disque et les concerts de l’Attica Blues Big Band par les trois chanteuses.

Pour les esclaves noirs américains, le gospel et le message Biblique et le récit de l’Hégire et de la fuite d’Egypte notamment symbolisait l’espoir de la liberté et de leur propre fuite du Sud dans le Nord non esclavagiste.

Mais ils continuent avec le plus gai et très Funky « Mama Too Tight », enregistré à l’origine pour Impulse sur l’album éponyme qu’on retrouve aussi avec plaisir en live, prétexte à une jam funky aux riffs rythm’n’blues de la part des cuivres, au slap de la basse funky et à un solo funky cosmique de la guitare et à un solo d’alto sur les encouragements et applaudissements rythmiques et vocaux des choristes et cris blues déchaînés de Shepp comme dans une église noire, avec citation de « Mustang Sally » et à solo de batterie final!

Archie Shepp continue avec « Déjà Vu », valse éponyme d’un album de 2001 () où il interprète aussi, entre autres standards américains ou français, «Petite Fleur» de Sidney Bechet sur une basse de Bossa Nova qu’un spectateur m’a demandé de retrouver pour lui à la fin du concert. C’est chose faite!

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Archie Shepp est aussi un saxophoniste de la grande tradition lyrique du Jazz Dans une interview il a déclaré « Je fais du Hawk aujourd’hui », se déclarant de la lignée de Coleman Hawkins, premier saxophoniste de jazz chez Fletcher Henderson dans années 20s, un peu éclipsé dans les influences par son challenger Lester Young (qui l’avait battu dans une jam au Cherry Blossom de Kansas City en 1935) dans les années 50s.

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Seuls Sonny Rollins et Shepp se déclarent de Hawkins. Mais Coleman Hawkins a aussi engagé le pianiste Bop Thélonious Monk, puis sur ses vieux jours, participé au premier album de Free Jazz « We Insist ! freedom Now Suite » de Max Roach en 1960. Comme quoi il était plus ouvert qu’on n'aurait pu le croire!

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Ils continuent avec « Goodbye Sweet Pops », hommage à Louis Armstrong décédé en 1971 un an avant Attica Blues, avec dans cette nouvelle version une citation dans le solo de piano du «Parisian Thoroughfare» de Bud Powell et un solo d’Olivier Miconi rendant bien compte de la joie de vivre qui caractérisait Pops.

Archie Shepp est précieux par cette histoire du Jazz qu’il porte en lui et transmet, et sa tolérance envers tous les styles de Jazz même ceux qu’il ne pratique pas, ou très anciens, comme Louis Armstrong, qu’il invitait à écouter dans une interview aux « Allumés du Jazz ».

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Au-delà de son potentiel comique ou sentimental auquel on pourrait à tort le réduire, Louis Armstrong fut un trompettiste extraordinaire qui se donnait à fond (Milton Mezz Mezzrow raconte l’avoir vu sur scène continuer de jouer pour un nouvel an alors que sa lèvre saignait, ceci dans les années 20 30, alors on peut comprendre qu’il se soit économisé ensuite!) et le premier jazzman à figurer en couverture de Life, quoique né à La Nouvelle Orléans d’une mère de petite vertu et mis maison de correction où il apprit le cornet, c’est dire son importance pour l’estime d’eux-mêmes des Afro américains ! S’il fut longtemps frileux (ou traumatisé par ses temps ou un blanc devait pouvoir dire «c’est MON noir ! » pour sauver la vie d’un noir à la Nouvelle Orléans), il sortit de sa réserve par la critique qu'il fit d'Eisenhower, Président des États-Unis d'Amérique, en le qualifiant de « double face » et de « mou » lors du conflit sur la discrimination à l'école à Little Rock, Arkansas, en 1957, fit d’autant plus la une nationale. En signe de protestation, Armstrong annula une tournée organisée en Union soviétique au nom du département d'État, en disant « Étant donné la façon dont ils traitent mon peuple dans le Sud, le gouvernement peut aller se faire voir » et qu'il ne pouvait pas représenter son gouvernement à l'étranger alors que ce gouvernement était en conflit avec son propre peuple.

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Shepp poursuit avec « Djany », du nom de sa fille, la troisième chanteuse qui l’accompagne, avec quelques phrases du « Naima » de Coltrane (qui fit entrer Shepp chez Impulse et Shepp lui dédia « Four For Trane », son premier album) dans le solo de piano et un bel esprit collectif entre les riffs de cuivres et les solos free de Shepp. Le concert se termine aussi en Jam Funky.

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La chanson suivante est plus mélancolique et engagée, « Ballad For A Child » dans son texte : « Je préfèrerais être un arbre qu’un homme sur cette terre, car les branches peuvent grandir librement encore et encore et encore... » chantée avec Soul sur « Attica Blues » par Henry Hull en 1972 avec de belles cordes, ici plus Blues.

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Ils terminent avec « Attica Blues » qui commençait l’album éponyme en 1972, l’un des titres les plus Soul & Funky de l’album chanté par Henry Hull, Joshie Armstead et Albertine Robinson, et commence aussi la nouvelle version album, rallongée d’une intro de basse funky et où Shepp chante aussi aujourd’hui, de riffs et de guitare électrique de Pierre Durand à la John Scofield, et sur scène, cela devient une funky Jam où les riffs de cuivres rappellent « Work Song » de Nina Simone ou sa version française « Sing Sing Song» de Nougaro qui en fit une chanson de prisonniers.

S’il y a 40 ans le message « quelque chose ne va pas aux Etats-Unis » était vrai, il le reste hélas aujourd’hui, et en ceci c’est peut-être plus fort de le jouer en fin de concert pour rappeler qu’au début pour dénoncer.

Cette version Live modernise presque le Funk jusqu’au Hip Hop (qu’Archie Shepp pratiqua avec Napoleon Maddox) par le débit tout en gardant sa Soul originelle. Cette nouvelle version rallongée d’énergie et d’improvisation collective fait de cette chanson autre chose, au-delà des 3 minutes de l’original et finir le concert en Jam Rock Funky intergénérationnelle avec le public dansant.

Ce projet d’Attica Blues Big Band est celui où tous les Jazz de Shepp de la ballade au Funk, au Free Jazz, se retrouvent et se régénèrent par la collaboration avec de jeunes musiciens.



Jean Daniel BURKHARDT

Photos en couleurs du Concert Patrick Lambin

jeudi, juillet 7 2016

CHRISTOPHE IMBS PACEO BORTONE TRIO A WOLFI JAZZ le 22 JUIN 2016 et un disque à cofinancer!!!

Toujours Mercredi 22 juin, en première partie d’Archie Shepp, on pouvait entendre le pianiste compositeur de jazz Christophe IMBS. Sur scène il a coutume d'utiliser le piano acoustique mêlé à différents effets électroniques. Il travaille actuellement dans ce trio avec Anne Paceo batterie et Matteo Bortone contrebasse avec qui il va enregistrer un album de compositions spécialement écrites pour ce trio cet été que vous pouvez contribuer à financer sur ulule. Il est également formateur au CEDIM (Centre d'Enseignement et de Développement de l'Improvisation Musicale) et intervenant à l'école du TNS (Théâtre National de Strasbourg). Il est l'un des membres créateurs du COLLECTIF OH! et musicien actif de différents projets de ce collectif. qui dirigera le CEDIM à partir de septembre.

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Pour ce concert, le piano électrique est DANS le piano acoustique. Ils démarrent sur l’obsédante cymbale ride d’Anne Pacéo sur la contrebasse et quelques notes de piano décalées, comme la descente inexorable chutant vers un drame attendu qui n’est peut-être que le martèlement de la batterie ou le larsen des cordes pianistiques, poussé jusqu’à sa résolution à la manière du « Turkish Mambo » de Lennie Tristano (Turkish pour le producteur d’Atlantic records Ahmed Ertegun) dont Christophe Imbs est un des rares pianistes à s’inspirer à Strasbourg.

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«Shark » commence plus mélancolique, le piano lent et la rythmique montant sur la contrebasse et la batterie font penser par leur intensité dramatique grandissante à l'arrivée du requin fait penser à Esbjörn Svensson Trio (EST)), ralentit, se fracture en fractals jusqu’à l’électricité du clavier joué debout. Quand le piano se resserre sur du balkanique, ça fait un peu Bojan Z, ou à l’électrique son « Xénophone » saturé.

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La troisième composition fait penser à Keith Jarrett à Köln. Christophe utilise les changements de son de l’acoustique à l’électrique pour brouiller les pistes.

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Ils ont joué la suivante, « Tuesday » pour la première fois la veille en répétition (nous étions alors mardi) avec une batterie très prenante et un piano martelé. Imbs travaille sur le son du piano tandis qu’Anne Paceo rayonnante en son royaume de cymbales martèle ses toms en accélérant.

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La suivante est « La Guerre des Mandarines», plus rapide et pop avec une contrebasse très énergique dans l’interaction de ses échanges avec la batterie sur les et les espaces du piano. Plus intérieur et intimiste, Christophe Imbs semble rentrer dans le piano acoustique pour jouer avec les cordes intérieures du piano comme un autre des pianistes qui l’a influencé : Bobo Stenson, spécialiste de ces résonances des cordes intérieures, comme pour enterrer les morts de cette guerre, mais tout se relève sur la batterie.

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Ils terminent avec le titre éponyme de leur album « ForYourOwnGood » qu’ils enregistreront cet été, « Pour votre bien » qui me rappelle un peu « You Must Go On » de Polaroïd 3, trio de Christine clément dont Imbs est le pianiste dans son début, mais avec une batterie plus assourdie ensuite et une autre mélodie du piano de la transe Free Coltranienne aux vibrations électriques du clavier.

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Vous pouvez cofinancer leur album sur Ulule.

Jean Daniel BURKHARDT

Photos Patrick Lambin

mardi, juillet 5 2016

JULIEN ALOUR QUINTET A WOLFI JAZZ

Le Mercredi 22 juin à 18 h 30, Julien Alour (), trompettiste né à Quimper, qui s’est imposé comme sideman avec Samy Thiébaut entre autres ouvrait le 6ème festival Wolfi Jazz.

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Il avait sorti un premier album « W.I.L.L.I.W.A.W » en Quintet en 2014 et au printemps 2016 un second « Cosmic Dance» ().

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Il a évolué depuis le premier album mais souffle toujours les vents les plus" turbulents et imprévisibles" comme le « Williwaw » entre force, émotion et surprises dans ses nouvelles compositions, mais a troqué la lapine contre le « Bal des Panthères » d’inspiration Brésilienne sur lequel j’arrive.

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Suit « Big Bang » également extrait de « Cosmic Dance » inspiré par la création de l’univers qui me fait penser au dernier Quintet acoustique de Miles Davis dans « Nefertiti » par son mouvement immobile et modal. Son aîné François Théberge est toujours au saxophone, Jean Pierre Arnaud à la batterie, mais Simon Chivallon remplace Afrien Chicot au piano et Samuel F’Hima Sylvain Romano à la contrebasse par rapport aux albums.

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Julien Alour a toujours la justesse aussi bien dans le lyrisme des ballades quand dans l'énergie des tempos hard bop plus rapides d’un Clifford Brown avec l’ambition d’un Miles Davis qui serait à l’acoustique, et les fusées pyrotechniques à la Freddie Hubbard dans l’aigu et des pauses/reprises dansant sur le fil du précipice à la Booker Little dans le final sur la contrebasse.

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Ils jouent tout de même encore l’envoûtante Ballade de Williwaw «Song For Julia » qui m’a enchanté et fait planer pendant le trajet jusqu’à Wolfisheim.

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Il finit par le titre éponyme de son nouvel album « Cosmic Dance » au début calme, puis un peu fanfare sur des rythmes avec des décalages orientaux entre rythmique et trompette à la Ibrahim Maalouf et une citation du dernier Quintet de Miles ou de Wayne Shorter, mais un solo de batterie beaucoup plus moderne.

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En effet ce trompettiste semble préférer, comme Vincent Bessières a pu l’écrire à son propos pour « Williwaw » «l'émotion au au concept ».

On a pu retrouver Julien Alour en fin de festival avec « Panam Panic » dimanche 26 juin en fin de festival!

Jean Daniel BUKHARDT

lundi, juillet 4 2016

PELOUSES SONORES 2016 : KIDAN, G PHIL, SOKAN, ALBINOID ORCHESTRA, BLOCKSTOP

Décalées il y a 15 jours pour cause de risque de pluie (qui finalement ne tomba pas) le 12 juin, les Pelouses Sonores de Contretemps eurent lieu hier 3 juillet 2016 sous les nuages mais sans pluie!

J’arrive pendant le set de Kidan (j’ai raté Sista Fabienne et sa sélection Reggae), groupe de rock touareg tamashek de Mossag Ahataya, petit cousin de Tinariwen qui vit à Strasbourg et écrivait en 2012 : « C'est d'abord un retour aux origines. Quand je suis retourné au mali à l'âge de 16 ans, j'ai assisté à un concert de Tinariwen. C'est monté en moi, chaque note s'est incrustée et j'ai su que c'était ce que je voulais faire de ma vie. Par la suite ça a été une question d'opportunité, certaines se sont présentées d'elles-mêmes, j'en ai débusqué d'autres et je suis à l'affût de ce qui peut se présenter.

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Le rythme touareg c'est un nouveau vent, celui du désert, le Adou ni sahara. Il change complètement l'idée qu'on se fait de la musique. C'est différent. C'est mystérieux. La note est transportée, découpée, l'oreille nous guide intuitivement. Avec lui on se lie à la nature, à l'univers.

Parfois il me met les larmes aux yeux, parfois il me fait rire, il m'exalte aussi à ses heures, à ses cotés je voyage. »

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Je l’avais reçu dans mon émission Terres Tribales il y a plusieurs années, la formation a changé depuis : Mossag est toujours à la guitare folk dont les cordes basses sont un peu utilisées comme guembri par moments, électrique et au chant, secondé de la chanteuse et guitariste Zo Jroy, avec Issam Ahmed Azzi un nouveau bassiste très funky et Pierre Durand, bon batteur percussionniste Afro Beat capable de le suivre aussi sur des rythmes Gnawa.

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Il mettent le public en transe avec leur « Eleila Eleila » accéléré Mossa dédicace le morceau suivant à ses amis avec qui il a joué à l’Orangerie, dont Bachir à la « Place Paradise » (?) dont Bachir, et Aldo, vêtu d’un baudrier (sans montagne, peut-être un mur d’escalade ?) crie « Valse avec Bachir ! » (un film d’Ari Folman contre la guerre Israèlo-palestinienne), après avoir écrit Desert Blues sur la banderole de Strasbourg.eu. En effet, sans être une valse, le morceau est plus calme.

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« A Mustahila » est à nouveau plus énergique avec un bon solo de guitare électrique pop anglaise indianisante (période Rolling Stones où Brian Jones allait au Maroc).

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Suit « Lybia », une chanson sur la Lybie, dont je ne comprends hélas pas les paroles (j’aimerais bien avoir son point de vue, avec le mal qu’a fait la France à ce pays), suivi de Tamoudré sorti en 2013 qui veut dire danser (donc se rapprocher de la scène).

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Ils terminent par un reggae funk touareg électrisant à la Toumast et partent non sans avoir appris à chanter le refrain de «Watila » aux vocaux plus Hip hop en Africain et français sur une bonne batterie Afro-Drum’N’Beat. Ils enregistrent un nouvel album cet été à Ste Marie Aux Mines!

Eli Finberg, MC de Blockstock annonce G Phil et les percussions de Sokan et crie « Allez Ciel Bleu » (ça change d’ «Allez Les Bleus »!)

Après la super sélection de G Phil (bon Deep Funk et second titre Funk Afro), les percussions et danses africaines de Sokan mirent le public en transe Africaine

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Arrive l’Albinoid Afrobeat Orchestra composé de musiciens de Strasbourg : Cyprien des Fat Badgers au mini clavinet (maison?) mais qui envoie du son, Geoffrey Soup (batterie), Adam Lanfrey (d’Adam & The Madams) (chant et guitare), le soprano des Chapeaux Noirs, « Fat Bass » le bassiste de Jim et des cuivres!.

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Je préfère Adam dans ce contexte comme "le seul blanc qui décidé de hurler du Fèla Kuti" sur la guitare et la basse, la batterie afro beat permanentes. Comme chez Fèla, il ne chante qu’après de longues improvisations des autres (pas tous à chaque chanson, un par chanson), ça fait une vitesse de croisière de 4 chansons à l’heure et puis s'en vont mais reste plus fidèle à l’original de Fèla Kuti avec un super solo de saxo.

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Il y avait même une fille qui dansait pieds nus en jupe jaune à pois noirs avec un chien blanc magnifique comme un dragon des neiges à ses pieds. j'ai dessiné la fille et écrit un mot gentil à propos du chien, et il est venu me lécher la main! Aurait-il compris?

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Ils continuent avec « Open & Close » appelant à ouvrir et fermer son esprit, mais aussi ses bras et ses jambes dans une chorégraphie originale. Ils finissent par « Zombie » de Fèla (joué malgré la censure avec répression de l’armée à Kalakuta où sa mère trouva la mort, défenestrée, mais Fèla leur fit un procès!) ma compo préférée de Fèla avec « Lady », avec un Adam Lanfrey déchaîné ! Ils n’ont pas de disques à vendre, « Si ça vous plaît, achetez ceux de Fèla Kuti ! » dit Cyprien ! Ils ont appris leur partie au débotté et c’est l’AVANT DERNIERE fois qu’il jouent de l’Afro Beat , la DERNIERE sera au Kawati Groove Festival Jeudi 14 juillet avant de se concentrer sur un projet de compos électro!

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Cette autre jolie libellule prête pour l'envol m'a dit "Au revoir, on ne se reverra plus"! Elle a prétendu s'appeler Jean Louis! Jeanne Louie passe encore à La Nouvelle Orléans et irait bien avec son collier gris-gris!

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Il y avait encore Blockstop qui a sorti leur album « Wake Up On The Water » mais j’ai dû partir avant le final!

Et à défaut de Ciel Bleu, il n’a pas plu, et la France a gagné 5 2 contre l’Islande, comme ça tout le monde est content !

Jean Daniel BURKHARDT

Photos 8, 9, 10, 11, 13 d'Alban Hefti

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